Climat au beau fixe entre Alger et Rabat ? C'est un peu l'impression qui se dégage ces derniers temps. Après les déclarations de bonnes intentions du souverain marocain samedi, lors du 12e anniversaire de son accession au trône, un autre jalon confirme que sur le plan économique, les relations entre les deux pays n'ont pas eu de rides. Bien au contraire, au lendemain d'un discours fort remarqué de Mohammed VI sur notamment la réouverture des frontières, la signature d'un accord de livraison de gaz algérien au Maroc confirme toute la bonne santé des relations économiques entre les deux pays voisins. Samedi, le roi du Maroc, dans son discours, soulignait notamment que «fidèle aux liens séculaires de fraternité qui unissent nos deux peuples et soucieux de répondre aux aspirations des générations montantes, nous tenons à l'amorce d'une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens''. Il précisera que cette étape sera 'en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales entre nos deux pays frères, y compris la réouverture des frontières terrestres». Même s'il a réaffirmé les visées expansionnistes du Palais sur le Sahara Occidental - le contraire aurait étonné -, le monarque a confirmé que l'aspect économique des relations entre les deux pays reste une priorité. Encore plus diplomatique, le président Abdelaziz Bouteflika lui enverra un message dans lequel il affirme que 'Je ne manquerai pas d'exprimer ma satisfaction quant à l'élan effectif qui a marqué dernièrement les relations algéro-marocaines, ponctuées par un échange de visites au niveau des ministres». «Convaincu du destin commun auquel nous sommes liés, je réitère à Votre Majesté mon souci de joindre mes efforts aux vôtres pour raffermir les liens de fraternité, de coopération et de bon voisinage en faveur de la construction d'une relation bilatérale modèle au service des intérêts de nos deux pays et peuples frères, unis par des relations historiques et concernés par les défis de l'avenir». Ceci côté cour. Côté jardin, les relations économiques n'ont jamais pour autant été interrompues. Les récentes visites de ministres et responsables d'entreprises des deux pays tentent en fait de relancer des relations jusqu'ici assez timides, qui manquent de 'punch'' et de vision à long terme. Pourtant, les deux pays ont des accords commerciaux et énergétiques qu'ils honorent le plus normalement du monde et dans une parfaite entente. L'accord de livraison de gaz signé dimanche à Alger entre le patron de Sonatrach, Noureddine Cherouati, et celui de l'Office marocain de l'électricité (ONE), Ali Fassi Fihri, un cousin en fait du ministre marocain des Affaires étrangères, confirme la parfaite entente entre les deux Etats, notamment dans le domaine de l'énergie. La livraison dès septembre prochain de 640 millions de mètres cubes de gaz aux centrales thermiques hybrides de Aïn Beni Mathar (Jerrada, près de la frontière avec l'Algérie) et de Tahhadart, près de Tanger, même si ce contrat fait partie des accords convenus dans le cadre de la réalisation du gazoduc Maghreb-Europe (GME), confirme qu'entre Alger et Rabat, il n'y a que le politique qui mérite une sérieuse cure de rajeunissement. La livraison par Alger au Maroc de la totalité de sa part contractuelle dans le GME (1,3 milliard de m3), et plusieurs autres contrats de partenariat dans le domaine de l'énergie, notamment électrique, donnent l'image, en dehors de l'aspect politique, que les deux pays entretiennent des relations très solides. En apparence du moins, même si à Alger comme à Rabat, 'business is business''.