Selon le ministère marocain de l'Intérieur, plus d'une vingtaine de chalutiers battant pavillon algérien auraient violé les eaux territoriales du Royaume ces jours derniers. Les marins pêcheurs algériens ont-ils fait preuve d'imprudence? A moins que les Marocains ne veuillent faire dans la provocation. Nos voisins de l'Ouest donnent l'impression d'être sûrs de leurs accusations. «Ces dernières semaines, des chalutiers de pêche algériens ont pénétré, à titre individuel, dans les eaux territoriales marocaines au nord-est du Royaume avant de s'en retirer», peut-on lire dans le texte du communiqué rendu public dimanche et répercuté par l'agence de presse officielle marocaine MAP. Des cas isolés, avaient alors estimé les autorités marocaines qui n'ont pas jugé utile qu'une intervention soit nécessaire pour rappeler à l'ordre les contrevenants. Une opération de contrôle que tout Etat souverain aurait mis sans aucun doute en oeuvre pour lever toute équivoque sur cette affaire en commençant en premier lieu par l'identification de ces pêcheurs clandestins. Les autorités maritimes marocaines ont préféré fermer les yeux. Elles qui, depuis des mois et le fameux discours de Mohammed VI prononcé à l'occasion de la célébration du 34e anniversaire de la Marche verte, n'ont eu de cesse de mettre l'accent sur leur intégrité territoriale qui oscille autour de la question du Sahara occidental. «Quant aux adversaires de notre intégrité territoriale et ceux qui se meuvent dans leur giron, ils savent plus que d'autres que le Sahara est une cause cruciale pour le peuple marocain uni autour de son Trône qui est le dépositaire et le garant de sa souveraineté, de son unité nationale et de son intégrité territoriale. En faisant de cette question la clé de voûte de leur stratégie belliqueuse, ils ne font que confirmer qu'ils sont bien le véritable protagoniste dans ce conflit artificiel, faisant fi des sentiments de fraternité réciproques existant entre les peuples marocain et algérien», avait déclaré l'héritier du trône marocain lors de son allocution prononcée à Ouarzazate le 6 novembre 2009. Mohammed VI, sans s'en cacher, désignait l'Algérie. Il est donc tout à fait étonnant que les autorités marocaines n'aient pas saisi une telle aubaine pour protester de manière énergique contre ce qu'elles considèrent comme une violation de leur intégrité territoriale et surtout d'arraisonner des bateaux de pêche qui, somme toute, doivent être loin de rivaliser avec les vedettes ultrarapides des gardes-côtes marocains. Ces derniers ont apparemment attendu, selon la version fournie par le ministère marocain de l'Intérieur, qu'une nouvelle incursion se répète. On ne donne pas une nouvelle chance à un voleur. On se doit de l'interpeller. De le maîtriser. Un peu curieux tout de même ce jeu du chat et de la souris pour un pays qui s'estime pratiquement en état de guerre! «Le 21 février courant, un autre groupe de six chalutiers ont pénétré les eaux territoriales du Royaume afin d'y pêcher», a ajouté le communiqué qui a indiqué que «le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a alors saisi le ministère algérien des Affaires étrangères pour attirer son attention sur cette évolution». Des mouvements qui, selon les autorités marocaines, se sont amplifiés. Plus d'une vingtaine de chalutiers algériens, par vagues successives, ont continué à violer leurs eaux territoriales: les 26, 27 et 28 février pour y exercer une activité de pêche illégale, ont-elles signalé. «A cet égard, le royaume du Maroc exprime le vif souhait que les autorités algériennes prennent les mesures adéquates pour mettre fin à de tels agissements opérés par les unités de pêche algériennes», a conclu la dépêche. En attendant que la diplomatie algérienne apporte une réponse appropriée à cette bien curieuse histoire, nous n'avons pu constater aucune baisse des prix du poisson et de la sardine en particulier qui, en toute apparence, n'a pas émigré vers le Maroc. A moins que nos marins ne soient de bien piètres pêcheurs. Leur «opération commando» qui n'a pas été rentable, si elle s'avère vraie, ne servira pas à réchauffer les relations entre Rabat et Alger et encore moins à contribuer à une réouverture rapide des frontières...terrestres.