Au fur et à mesure que le ciel retrouve ses couleurs ocre et noir et que le soleil s'approche de l'horizon, des centaines de chefs de famille, accompagnés de jeunes enfants vêtus de haillons, prennent d'assaut les deux restaurants du cœur ouverts au niveau du chef-lieu de la wilaya et attendent avec impatience l'heure de l'ouverture du portail, suivie de la distribution des repas chauds qui leur sont réservés quotidiennement en ce mois sacré du ramadhan. Devant le portail du siège de l'association de bienfaisance «Aïcha Oum El-Mouminine, le cœur de ces démunis et de ces laissés-pour-compte bat la chamade. Les sens de l'odorat et de la vue sont en état d'alerte et il ne faut compter que sur ces frêles jambes pour se frayer un chemin et récupérer son panier rempli de victuailles, de quoi calmer des estomacs qui crient famine, ne serait-ce que pour une seule soirée. Selon Mme Sadia Belgrainet, une dame aux épaulettes galonnées, qui a sa place dans l'échiquier des responsables de la wilaya, grâce à sa pugnacité et à son dévouement pour les nobles causes, son association assure plus de 1.200 repas/jour aux plus démunis du chef-lieu de la wilaya et c'est elle-même qui assure la livraison des repas aux personnes handicapées ou grabataires. La main toujours sur le cœur, cette dame courage se rend également dans les petits douars et hameaux de la périphérie pour réconforter des âmes en détresse, au moment où d'autres font bombance autour d'une table richement garnie qui ferait pâlir d'envie une famille impériale. Pour la centaine de personnes recensées comme étant sans logis ou sans domicile fixe, les repas du ftour sont servis dans le restaurant du siège de l'association par une équipe de jeunes femmes bénévoles. Même ambiance familiale et festive dans le restaurant du Croissant-Rouge algérien qui est réservé aux personnes de passage dans la ville : c'est le docteur Mansouri qui doit se plier en quatre pour les accueillir avec un large sourire, au niveau de la gare routière, avant la rupture du jeûne.