La sécurité dans le nord du Mali, dans la région de Kidal, est de nouveau au-devant de l'actualité avec la mort d'Ibrahim Ag Bahanga, un des chefs de la rébellion touarègue les plus actifs dans cette région du pays. Agé d'une quarantaine d'années, Ag Bahanga 'est mort dans un accident vendredi dans le nord est du Mali. Son enterrement a déjà eu lieu'', a déclaré Bay Ag Alhassane, un membre de sa famille. La nouvelle de la mort d'Ag Banhanga a fait le tour des chancelleries occidentales, alors que dans les pays du Sahel, en lutte contre le terrorisme, l'information est reçue avec pondération. En fait, Ibrahim Ag Bahanga, un des chefs de la rébellion des Touarègues du Nord-Mali le plus radical, qui a adhéré tardivement aux accords d'Alger, n'a jamais déposé totalement les armes, selon plusieurs spécialistes de la question targuie. Son retour au-devant de la scène au Nord-Mali, après un bref séjour en Libye, alors en pleine crise, a nourri bien des inquiétudes. Des sources sécuritaires avaient fait état qu'il serait revenu au Mali chargé d'armes et de munitions, comme beaucoup de groupes terroristes d'Aqmi qui ont également profité du désordre politique en Libye pour s'approvisionner en armements lourds. Ibrahim Ag Bahanga est originaire de Tin-Essako, dans la région de Kidal au Mali. Il appartenait à la tribu des Ifoghas. Simple berger, il intègre l'armée malienne où il se hissera jusqu'au grade de lieutenant. Il s'illustre en décembre 2001, lorsqu'il prend en otage une dizaine de militaires pour faire ériger son village en commune, revendication qui sera satisfaite. Dans l'affaire des 32 otages occidentaux enlevés par le GSPC en février 2003 et qui avaient transité par le nord du Mali, on retrouve également Bahanga comme membre d'un comité de négociation mis en place par le président malien Amadou Toumani Touré. Et le 23 mai 2006, il participe à la grande attaque contre deux garnisons à Kidal et Ménaka aux côtés du lieutenant-colonel Hassan Fagaga, rejoints par l'ex-rebelle historique Iyad Ag Ghali. Ensemble, ils fondent l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC). A ce titre, Bahanga adhère pleinement aux accords d'Alger de 2006 passés entre le gouvernement malien et la rébellion touarègue, sous les auspices de l'Algérie. Mais l'homme est instable, et il reprend le chemin de la sédition en attaquant avec des rebelles nigériens un poste de sécurité à Tinzaouten, confirmant qu'il n'a jamais déposé les armes. En février 2009, acculé par l'armée malienne, il se réfugie en Libye. Début 2010, il revient au Nord-Mali où il observe une certaine retenue, alors que les groupes d'Aqmi ont pratiquement fait main basse sur la région. Mais il est trop tôt pour tirer les enseignements de la disparition d'un des chefs de la rébellion touarègue quant à la sécurité dans cette partie du Sahel, où les groupes d'Aqmi ont élu refuge.