Cette fin de week-end, qui a coïncidé avec la célébration du 27ème jour du mois de ramadhan, les marchés se sont spontanément parés pour l'Aïd. Les différents établissements de commerce semblent s'être donné le mot pour garnir synchroniquement leurs étalages d'arômes, d'eau de fleur, de levure, de sucre glacé, de graines de sésame, de flacons de miel et une diversité d'autres ingrédients nécessaires pour la préparation des gâteaux. Des amandes, des cacahouètes, des noix de coco et des noisettes, pour ne citer que celles-là, agrémentent également les éventaires installés dans les différents marchés de la ville. L'Aïd s'annonce déjà par le biais des étals judicieusement agrémentés. En empruntant une rue commerçante, son approche est perceptible à travers les senteurs des arômes qui taquinent l'odorat. Les revendeurs à la sauvette de la rue des Aurès (ex-La Bastille), qui proposent à la criée leurs produits, imposent une rude concurrence aux établissements de commerce, dont les étalages débordent sur la rue. Dans cette anarchie «bien organisée», la ménagère donne l'impression de ne pas tenir compte de cet état de fait et encore moins de l'éventuelle mauvaise qualité des produits, dont certains dépassent leur date de péremption. «Ce qui m'intéresse surtout c'est le prix le plus bas des produits. J'achète là où c'est moins cher », a fait remarquer une mère de famille. Le même son de cloche se fait entendre autour des éventaires achalandés. « Ce commerçant propose sa marchandise à des prix compétitifs. Leur qualité semble être identique à celle que propose les magasins à des prix plus élevés», a affirmé une autre ménagère. Les petites bourses s'imposent néanmoins un frein à leurs dépenses pour cette circonstance en invoquant la rentrée scolaire, qui intervient quelques jours après la célébration de l'Aïd. «Cette année c'est une série de sacrifices. Nous subissons déjà la saignée des derniers jours du mois de carême en appréhendant l'Aïd. Je ne peux pas priver mes enfants de gâteaux et je ne pourrai également pas refuser de leur acheter des vêtements pour l'Aïd, ni encore moins pour la rentrée des classes ». Une aubaine pour certains gérants d'établissements de commerce, qui s'alignent sur une double activité. En plus des ingrédients pour les gâteaux et autres produits alimentaires, ils proposent en parallèle dans leur magasin cartables, tabliers et autres articles utiles à l'écolier. Cette année, à l'instar des précédentes, les pâtisseries ne chôment nullement et font au contraire de bonnes recettes. Ce constat, qui ne surprend plus, s'explique à travers le fait qu'un grand nombre de familles préparent peu ou pas de gâteaux traditionnels. « Nos traditions ont tendance à disparaître pour diverses raisons. Très rares sont les foyers qui préparent eux-mêmes leurs gâteaux conformément au rituel hérité par nos ancêtres. L'affluence prévalant dans les pâtisseries ces derniers jours est une preuve tangible à mes dires et je n'exagère pas car beaucoup de familles ne préparent plus leurs gâteaux», a commenté une ménagère avant de renchérir: «Nos parents et grands-parents ont toujours préparé avec passion leurs gâteaux. Ils utilisaient pour le besoin de moyens archaïques alors pourquoi pas nous ?» A Oran, à l'instar des autres villes du pays, les marchés se parent pour chaque circonstance et les commerçants adaptent leurs étalages de manière synchronique. Le visiteur occasionnel n'identifie pas uniquement l'événement à travers un constat de visu. Son odorat devance souvent sa vue. Que ce soit à M'dina Jdida, Derb, El-Hamri où encore à Michelet, les prémices des fêtes ont de tout temps constitué l'essentiel de l'ambiance prévalant dans les marchés. Certes, des coutumes ont tendance à être ignorées, mais elles demeurent, en revanche, toujours présentes chez une minorité.