Quelque 300.000 élèves, tous paliers confondus, devront rejoindre les bancs de l'école à partir du 11 du mois en cours dans la wilaya d'Oran. Une atmosphère de fin de vacances est dans l'air depuis quelques semaines déjà. Aux alentours du boulevard Maâta et des rues adjacentes, une activité intense règne depuis quelques jours et ce sont des dizaines de conteneurs qui sont déchargés chaque jour, du fait que c'est à partir de cette zone que s'approvisionnent les libraires de tout l'ouest du pays. Les marchands de gros sont satisfaits et ne prédisent aucune pénurie. La rentrée scolaire et la rentrée sociale se sont imposées aux Oranais, qui ont constaté douloureusement l'inflation vertigineuse des prix des articles scolaires. D'ores et déjà, de nombreux parents se sont préparés en allant effectuer des achats pour leurs enfants. Comme chaque année, en pareille période de rentrée scolaire, de nombreux commerçants et fournisseurs d'articles scolaires s'activent dans les différents quartiers de la ville. Dans les vitrines des boutiques, sur les trottoirs des marchés parallèles, les tabliers, les cartables, les fournitures scolaires, les livres... ont bousculé les bouées, les serviettes de plage et les maillots de bain. Une fois de plus, les modestes foyers oranais vont devoir effectuer des acrobaties budgétaires pour parvenir à satisfaire les besoins élémentaires de leurs enfants. Ainsi, les prix de la production locale de blouses correspondant aux couleurs recommandées par le ministère varient entre 450 et 800 dinars. Ce sont, à quelque chose près, les mêmes prix que propose la production chinoise, dont le coût varie entre 400 et 700 dinars. Pour les tabliers d'importation, les prix sont plus élevés et oscillent entre 700 et 1.200 dinars. Concernant les cartables, c'est la fourniture scolaire la plus chère. Le prix de la production locale et chinoise oscille entre 600 et 1.200 dinars. Les cartables de meilleure qualité sont proposés à partir de 1.600 dinars et plus. Les trousses, également, sont variées en modèles et en couleurs : des trousses pour filles et d'autres pour garçons. Elles sont proposées entre 100 et 200 dinars, selon la qualité. De plus, la gamme de produits est très large et à des prix qui donnent parfois le tournis. Selon l'avis de nombreux commerçants, il n'y a pas de stabilité des prix de certains produits importés par rapport à l'année précédente. Les prix des cahiers ont aussi augmenté par rapport à l'année écoulée. Le produit local est considéré comme de moindre qualité mais le prix des cahiers a augmenté de 5 à 20 DA l'unité, et ce en fonction du nombre de pages. Idem pour les stylos, les crayons de couleurs, les taille-crayons, les ciseaux, les gommes et autres produits, qui ont tous connu des augmentations qui varient entre 20 et 25% par rapport à l'année écoulée. Il y a la basse gamme provenant notamment de Chine, mais qui est demandée pour son design et ses couleurs attirantes pour les enfants ; et il y a la qualité supérieure, notamment en provenance d'Europe, surtout centrale, mais à des prix relativement plus élevés. Les articles chinois indétrônables Cette année encore, les produits scolaires d'origine asiatique, notamment chinoise, ont eu les faveurs du consommateur oranais, qui, affaibli par les lourdes dépenses du mois de ramadhan, a encore une fois sacrifié la qualité à la quantité. Les articles locaux et européens étant nettement plus chers, parfois du simple au double, voire le triple, les Oranais se sont pratiquement rués sur les vendeurs à la sauvette de M'dina Jdida pour faire leurs emplettes en prévision de la rentrée des classes, et ce malgré la qualité médiocre et parfois nocive pour la santé. La qualité des produits asiatiques a été régulièrement dénoncée par la presse étrangère, mais sans toutefois dissuader les consommateurs qui continuent de consommer chinois. «Aujourd'hui, expliquent-ils en substance, la qualité ne constitue malheureusement pas une priorité: elle vaut cher et le citoyen lambda ne peut pas l'assumer. Chez les grossistes, en tout cas, l'équation est claire : importer de la marchandise asiatique permet» d'acheter et de vendre pas cher». A titre d'exemple, un stylo chinois peut coûter 10 dinars, alors qu'un stylo allemand peut atteindre les 80 dinars. La différence de prix nous pousse à choisir le stylo chinois, même si la qualité n'est pas très appréciée. Ce sont en fait des articles scolaires qui sont conçus pour les pauvres. Les familles trouvent d'énormes difficultés et ne veulent pas trop épuiser leurs ressources financières, surtout celles qui ont de nombreux enfants dans les différents niveaux d'enseignement (collège, CEM, lycée). Outre le prix, c'est surtout la présentation de ces produits qui attire de plus en plus les enfants. Des taille-crayons en forme de voitures ou de ballons, des gommes à l'aspect d'un dé, d'un lapin ou d'un nounours, des trousses et des cartables portant des dessins des héros TV, favoris des enfants, à l'image de Spiderman ou Fulla. En somme, les fabricants ont su trouver l'astuce pour attirer de plus en plus d'enfants. Pour bon nombre de revendeurs que nous avons approchés, la majeure partie de ces produits est importée de Chine, à l'instar de dizaines d'autres produits qui inondent le marché. Ces produits, disponibles en grandes quantités, ne coûtent pas cher en gros et s'écoulent facilement. Le seul produit qui demeure local est le cahier et ceci s'explique par toutes les mesures incitatives de l'Etat en direction des fabricants nationaux. Mais les plus gros des clients sont les vendeurs informels de la ville-nouvelle et des marchés hebdomadaires qui étalent leurs marchandises à même le sol.