Quelque 230 000 élèves tous paliers confondus devront rejoindre les bancs de l'école à partir du 15 du mois en cours dans la wilaya d'Oran. C'est fini à n'en plus douter ! Un air de fin de vacances est dans l'air depuis quelques semaines déjà. La rentrée scolaire et la rentrée sociale se sont imposées aux Oranais qui ont constaté douloureusement que l'inflation vertigineuse des prix leur annonce bien la fin des congés. Il suffit d'un regard pour s'en convaincre dans les vitrines des boutiques, sur les trottoirs des marchés parallèles, les tabliers, les cartables, les fournitures scolaires, les livres... ont bousculé les bouées, les serviettes de plage et les maillots de bain. La rentrée scolaire et l'accueil de quelque 280 000 élèves tous paliers confondus dans la wilaya d'Oran est prévu pour le 15 septembre. D'ores et déjà de nombreux parents se sont préparés en allant effectuer des achats pour leurs enfants. “J'ai acheté des fournitures pour mes trois enfants... avec juste quelques cahiers, des stylos, j'en ai eu pour près de 3 000 DA chacun ! Il faudra les livres, le tablier, les habits et tout ça au moment du début du Ramadhan, c'est la pire des rentrées pour moi”, nous confie Hacène, un simple fonctionnaire dont l'épouse est femme au foyer. Alors comme beaucoup d'autres parents, Hacène s'est rendu à M'dina J'dida, le quartier des affaires et des trabendistes en tout genre. Dans les ruelles, sur la place Tahtaha, sur les trottoirs qui s'avèrent trop exigus, les commerçants du marché parallèle exposent leurs marchandises. Il n'y a que l'embarras du choix et le client sait que la règle c'est négocier, avoir le “bagou” pour décrocher la ristourne qui lui fera une petite économie. Mais, comme nous dit Nadia, une habituée de M'dina J'dida, “ils savent s'y prendre... même s'il te fait un prix il reste toujours gagnant ! Ce sont nous les pauvres qui sont toujours les perdants dans ce pays!” L'année passée alors que la disponibilité des livres scolaires étaient censés être un problème résolu avec l'introduction du privé, il se trouve qu'il y avait des élèves des cycles moyen et primaire qui n'avaient pas de livres un mois et demi après la rentrée. Les ouvrages qui leur manquaient étaient en abondance sur les trottoirs du marché parallèle. Les pouvoirs publics n'avaient trouvé aucune réponse pour expliquer cette situation, se dédommageant même allègrement du problème. Cette année semble aller tout droit vers le même scénario puisque, nous dit-on, ils y sont déjà disponibles pour certaines matières. Une fois de plus les modestes foyers oranais vont devoir effectuer des acrobaties budgétaires pour parvenir à satisfaire les besoins élémentaires de leurs enfants. Le recours aux crédits chez l'épicier du coin, l'endettement auprès des proches ou de prêteurs sur gage est la seule solution pour faire face, cette année, à la conjugaison d'une inflation inexplicable de la rentrée scolaire et de la spéculation classique du Ramadhan.Dans cette situation, l'appauvrissement de pans entiers de la population s'accroît ; il n'y a qu'à regarder le nombre de personnes qui chaque soir font les poubelles des marchés des fruits et légumes. On y voit des femmes et des enfants fouillant à la recherche d'une “pitance” qui est devenue synonyme de souffrance et d'humiliation alors qu'à côté des richesses incroyables s'affichent avec provocation dans des villas de plus de 2 milliards qui poussent comme des champignons. F. BOUMEDIENE