D'un pas alerte, l'accusé B.B., âgé de 28 ans, s'avance à la barre après avoir balayé d'un regard noir l'assistance. Il ne semble nullement impressionné par l'austérité de la salle d'audience du tribunal correctionnel d'Aïn El Turck. Le prévenu, un escogriffe à la mine revêche connu par les services de police, devait répondre d'une série d'agressions, notamment des vols à l'arraché perpétrés à main armée, au cours du mois de ramadhan dernier. Selon les faits consignés sur l'arrêt de renvoi, cinq personnes victimes de ses agissements l'ont formellement reconnu lors d'une confrontation concoctée dans les locaux de police de la sûreté de daïra d'Aïn El Turck. Les enquêteurs se sont basés sur les signalements fournis par les victimes de ce repris de justice. Les policiers lui ont dressé un guet-apens aux alentours immédiats de la station des bus assurant la navette entre ladite daïra et la ville d'Oran, son lieu de prédilection favori. Il a été alpagué en possession d'un coutelas. « Ce n'est pas moi. Il y a eu erreur sur la personne », a rétorqué sans convaincre l'accusé. Le juge lui fit rappeler que les déclarations formulées par les victimes « ne laissent aucun doute quant à ta culpabilité dans les vols à l'arraché ». L'avocat de la défense a plaidé le bénéfice des circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, le tribunal correctionnel d'Aïn El Turck a condamné ce prévenu à une peine de trois années de prison ferme. Un rictus a déformé son visage à l'annonce du verdict.