L'Algérie a mobilisé des investissements colossaux dans le secteur de l'eau pour en finir avec le stress hydrique. Le chiffre est énorme : 40 milliards de dollars sont investis par le gouvernement pour la réalisation de solutions durables (dessalement, grands transferts de l'eau, barrages, épuration des eaux usées, barrages, rénovation des réseaux de distribution ) en matière d'approvisionnement de la population en eau. «Nous avons investi 25 milliards de dollars depuis 2001 pour la mobilisation des ressources en eau. Nous prévoyons d'autres investissements de plus de 15 milliards de dollars dans le nouveau plan quinquennal 2010/2014. Ces investissements seront consacrés notamment pour la construction d'une vingtaine de nouveaux barrages, de stations de dessalement et de traitement des eaux usées et de réseaux de transfert ( ), nous avons pour objectif de produire 2.530.000 m3/jour d'eau dessalée à l'horizon 2012 après la réception de la station de dessalement d'El Mactâa (500.000 m3/J). Nous avons aussi tracé une feuille de route pour améliorer nos capacités de traitement des eaux usées qui seront utilisées pour l'irrigation agricole. D'ici 2015, nous allons atteindre une capacité de traitement de 1,2 milliard m3 par an», a déclaré jeudi le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, à l'occasion de la journée technique sur la gestion déléguée de l'eau organisée au Sheraton d'Oran. Les eaux traitées seront destinées à l'irrigation de 270.000 hectares. Le nombre des stations d'épuration des eaux usées, qui était de 28, dont 12 opérationnelles en 1999, est passé à 61 durant cette année. D'ici 2014, leur nombre devra doubler pour atteindre 132. Le nombre des barrages devra atteindre 93 à l'horizon 2014 avec une capacité de mobilisation de 9,1 milliards m3/an. Une quinzaine de barrages sont en chantiers, alors que d'autres seront lancés incessamment. Le nombre des barrages était seulement de 47 au début de l'année 2000. Le ratio annuel par habitant va passer à 600 mètres cubes. Mais en dépit de tous ces investissements et des efforts consentis par l'Etat, le ratio annuel par habitant reste malheureusement en dessous du seuil de rareté fixé par la Banque mondiale (1.000 m3 par an). Certes, le pays est loin de la crise des années 2000/2001, mais beaucoup reste à faire en matière de préservation et bonne maîtrise de la consommation de cette ressource. Ces investissements colossaux seront supportés uniquement par le Trésor public, puisque le gouvernement ne pense pas pour l'instant à revoir à la hausse les prix du mètre cube de l'eau. «Il n'y aura pas d'augmentation des prix. Le gouvernement continuera à soutenir les deux tiers du prix de l'eau», a soutenu le ministre. Le mètre cube d'eau est vendu à 11 dinars, alors que son coût réel est de 32 dinars. Dans son intervention, Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau et également patron de la Société des Eaux de Marseille, une filiale de Veolia, a estimé que l'Algérie est le seul pays au monde à consacrer une bonne partie du budget de développement au secteur de l'eau. Ce Conseil mondial de l'eau (CME) est une collaboration internationale d'ONG, de gouvernements et d'organisations internationales pour résoudre les problèmes liés à l'eau dans le monde. Le ministre des Ressources en eau a animé, en marge de cette journée technique, une conférence de presse avec son collègue Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire. Abdelmalek Sellal a saisi l'occasion pour annoncer la reconduction du contrat de «Suez Environnement» de cinq ans pour la gestion déléguée des eaux de la capitale jusqu'à 2016. Le contrat de management de la SEAAL a été reconduit pour un montant de 105 millions d'euros en intégrant des responsabilités nouvelles pour le partenaire, à savoir la gestion de l'ensemble des communes de la wilaya limitrophe de Tipaza et des systèmes de production et d'adduction (Taksebt/Alger et Isser/Keddara). Le responsable de «Suez Environnement» a déclaré, à ce propos, que l'objectif du nouveau contrat est de «basculer sur une culture managériale internationale de gestion des eaux à Alger». «Il y avait des urgences durant le premier contrat pour la mise à niveau du réseau de distribution. Nous allons désormais donner le meilleur de nous-mêmes pour transférer le savoir-faire aux cadres algériens», a-t-il affirmé. Le ministre a justifié le renouvellement du contrat par les «résultats corrects» de ce partenaire étranger en matière d'amélioration des prestations de service. «( ) Les résultats obtenus sont probants. La distribution en continu de l'eau est une réalité dans quasiment tous les quartiers de la capitale. Le rendement des réseaux s'est également amélioré et des actions de formations et de qualifications de l'encadrement algérien sont menées bien que nous aspirons à plus dans ce domaine précis ( ) Pour les expériences plus récentes, le partenariat à Oran et Constantine se déroule de manière satisfaisante», a signalé le ministre. Revenant sur la résiliation du contrat de l'opérateur allemand Gelssen-Wasser pour la gestion déléguée de l'eau de la ville d'Annaba et de Tarf, il a déclaré : «L'échec a été difficile à avaler. Nous sommes actuellement dans la procédure de résiliation du contrat de la SEATA. Après, nous allons penser à lancer une nouvelle procédure». Le contrat de gestion déléguée des services de l'eau relatif aux villes d'Annaba et de Tarf, signé en 2007 avec l'opérateur allemand Gelssen-Wasser, a été résilié en avril dernier. Cette rupture de contrat a été décidée après une troisième et dernière mise en demeure adressée en mars 2011par les services du ministère à Gelssen-Wasser qui s'est montré «incapable d'honorer ses engagements» en matière d'alimentation en eau potable et d'assainissement dans ces deux villes. Le ministre a, par ailleurs, révélé que la gestion déléguée de l'eau sera étendue incessamment à d'autres grandes villes du pays. «Nous pensons à étendre la gestion déléguée à Sétif et à d'autres villes du pays», a-t-il précisé.