L'hôtel de ville, l'un des monuments historiques les plus anciens et les plus majestueux du centre-ville, commence à souffrir des affres du temps. Qualifié par Albert Camus de «maison prétentieuse», connu par les Oranais comme «Dar El Sbouâ», cette belle construction dans le style éclectique de la fin du XIXe, réalisée en 1886, fait l'admiration aussi bien des Oranais que des visiteurs étrangers par sa remarquable architecture. Malheureusement, les deux vigilantes sentinelles de l'Hôtel de ville ne peuvent désormais plus sauver ce monument historique des outrages du temps. Un bureau d'études espagnol, qui a remporté le marché de restauration des immeubles de la place El Mokrani (ex-Valéro), propose de diagnostiquer gratuitement ce monument historique en vue de l'élaboration d'une étude technique détaillée sur l'état de cette bâtisse. «Les ingénieurs espagnols ont entamé le diagnostic de l'hôtel de ville. Ils devront formuler prochainement des propositions pour la restauration de ce monument. Le dossier est pris en charge par le secrétariat général de la commune», confie une source bien informée à la mairie. La même source précise toutefois que ce projet de restauration est encore dans la phase d'étude. La maturation de ce projet a besoin de temps et surtout de l'argent, puisque la restauration de ce monument prestigieux nécessite l'utilisation d'une expertise et de technique de pointe. Les Espagnols avaient emporté un marché pour la réhabilitation du vieux bâti dans le centre-ville et en particulier au bd Maata Mohamed El Habib et la place Mokrani (ex- Valéro). L'opération de restauration lancée il y a deux ans par les autorités locales concerne en fait 200 immeubles répartis sur une quinzaine de sites situés dans les grands boulevards et places du centre-ville : Larbi Ben Mhidi, Mohamed khemisti, la rue des Aurès, la place du 1er-Novembre (ex-Place d'Armes), Mohamed Maata Habib et Khedim Mustapha (bd Stalingrad). Il est à rappeler que l'hôtel de ville est un magnifique édifice dont les escaliers majestueux sont faits d'un marbre rare, l'onyx translucide d'Ain-Tekbalet. Au deuxième étage, il y a la salle des fêtes qui a fait l'objet d'un attentat de l'OAS en 1962 qui, en y mettant le feu, a ravagé toutes ses décorations d'origine, Le plafond de la salle des fêtes était gracieusement orné d'allégories, de peinture et de stucs, qui sont de véritables chefs-d'œuvre. Par ailleurs, il y a la salle des Actes ou de Délibérations d'une grande magnificence. L'entrée majestueuse de la mairie est embellie par la garde de deux lions sculptés par l'artiste animalier français Auguste Caïn (1886), lesquels lions reflétant le nom de Wahran en arabe, signifiant les deux lions. Ces deux lions de bronze de la fin du XIXe permettent de rappeler différentes légendes oranaises, qui lient le nom de la ville avec des lions.