La portabilité des numéros de téléphone, qui permet à un abonné de changer d'opérateur mobile sans changer son numéro ni bousculer ses contacts, n'est toujours pas à l'ordre du jour en Algérie. Les experts estiment que les conditions s'y prêtent et que cela va permettre de relancer une "concurrence saine" entre les opérateurs qui devront récompenser davantage la fidélité du client. L'introduction du service de la portabilité des numéros dans la téléphonie mobile en Algérie n'est pas pour demain. Ancienne revendication des opérateurs ayant fait leur entrée tardivement dans le marché de la téléphonie mobile, l'instauration de ce service, qui permet au client de la téléphonie mobile la migration d'un opérateur vers un autre tout en conservant son propre numéro, se heurte à un blocage qui ne dit pas son nom. A l'ARPT (Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications ) on se mure dans le silence, préférant ignorer le retard accusé pour l'instauration de ce service, alors qu'il est déjà disponible chez les voisins marocains, et qu'on le donne pour imminent en Tunisie. Qu'est-ce qui empêche donc l'Algérie d'aller vers la portabilité des numéros ? A se fier aux paroles d'experts, techniquement rien n'empêche d'offrir ce service aux clients algériens de la téléphonie mobile. Il suffit juste à l'Autorité en charge de la régulation de décider de son instauration et d'enjoindre aux opérateurs de l'exécuter. «Il faut aller vers la portabilité. Et pour cela, les conditions techniques existent, ce qui manque c'est la volonté et la prise de conscience» regrette Mebarek Boukaba, expert en Technologies de l'information et de la télécommunication. Techniquement, les trois opérateurs seront tenus de coopérer et d'adopter le mode de gestion le plus simple, à savoir le routage indirect. «Ce système, explique l'expert, consiste à faire transiter l'appel par le réseau de l'opérateur initial avant de parvenir chez le réseau de l'opérateur de la nouvelle souscription». Pour Mebarek Boukaba, la portabilité des numéros «est avant tout un droit au client de disposer de son numéro» et l'absence sa non instauration «est frein à la concurrence». «La portabilité permettra, dit-il, de redéfinir la notion de propriété lors de l'attribution des numéros de téléphone». C'est un droit fondamental du citoyen de garder son numéro parce qu'il est identifié par ce dernier et de changer d'opérateur sans contrainte, selon notre interlocuteur. Les numéros de téléphone, faut-il le préciser, sont considérés «à tort» comme propriété de l'opérateur et non du client, notamment dans le cas de l'Algérie où des tranches de numéros sont attribuées aux opérateurs, selon les préfixes (0770, 0550, 0660 et 090). Or, de nombreux pays ont adopté une numérotation selon un seul préfixe pour tous les opérateurs du mobile. Ce choix organisationnel de la téléphonie mobile en Algérie a également son lot de conséquences notamment sur la gestion des ressources nationales en numéros. «L'introduction de la portabilité devra limiter le gaspillage des numéros et assainir la situation des numéros non fonctionnels», estime Mebarek Boukaba. Il s'établira alors une «concurrence saine où seuls les opérateurs au service commercial le plus performant résisteront», ajoute notre interlocuteur. Après avoir achevé la phase du partage des parts du marché de la téléphonie mobile national où le taux de pénétration est estimé théoriquement à 100 %, les opérateurs activant sur ce marché ont réussi leur stratégie de différenciation mais il leur reste celle de la fidélisation. «Le défi sera alors, pour les trois opérateurs de la téléphonie mobile, de tourner le cap vers les programmes de fidélisation», explique-t-il. Si la fidélité n'est pas assez récompensée chez un opérateur donné, le client aura toute la latitude de rejoindre ceux qui proposent mieux. Pour l'heure les clients de la téléphonie mobile devront prendre leur mal en patience et se contenter du seul service de la portabilité en interne, celle consistant à migrer d'une formule de souscription à une autre au sein du même opérateur.