L'Algérie a importé une valeur de 2,2 milliards de dollars en céréales en 2011, contre près d'un milliard de dollars en 2010. La même facture a atteint 3,3 milliards de dollars en 2008 et s'était établie à 1,2 milliard en 2009. Noureddine Kahel, directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), a imputé, hier, cette explosion de la facture des céréales à deux raisons. Le DG de l'OAIC qui intervenait sur les ondes de la radio chaîne 3, a affirmé que la première raison de cette hausse "est la flambée des cours des céréales sur les marchés internationaux qui sont passés de 280 dollars la tonne en 2009 à 526 dollars la tonne actuellement". La deuxième raison avancée par ce responsable: "L'Etat a décidé d'augmenter le quota des transformateurs à 70%, ce qui a fait exploser la demande locale". Pour enrayer le spectre de toute pénurie des céréales sur le marché local, les transformateurs de blé ont vu leur quota de livraison passer, depuis janvier dernier, de 50 à 60 %. "Ce quota de 60% sera maintenu d'une façon permanente. Il peut atteindre jusqu'à 70%, selon la demande du marché local", indique M. Kahel. "Nous avons acheté par anticipation pour bénéficier des meilleurs coûts sur le marché international", souligne-t-il encore. "Les stocks dont nous disposons sont à même de couvrir la demande nationale jusqu'à la fin du premier semestre 2012", assure l'invité de la radio qui affirme que "l'office procède à des renouvellements continuels de ses stocks pour prévoir d'éventuelles perturbations du marché local". L'Algérie a produit 61 millions de quintaux de céréales en 2010, soit autant qu'en 2009. L'invité de la radio rappelle l'importance des céréales dans le menu du consommateur algérien. "75% de calories consommées proviennent des céréales", dit-il. En 2010, l'OAIC a mis sur le marché 40 millions de quintaux, soit trois millions de quintaux (8 à 10%) de plus par rapport à 2009. Le DG de l'OAIC indique que l'Etat a mis la main à la poche pour financer la construction d'infrastructures pour renforcer les capacités de stockage et les porter à 8,2 millions de quintaux. Interrogé sur les mécanismes de soutien à la production locale, M. Kahel souligne l'effort fourni par les pouvoirs publics ces dernières années. "Le rendement de la production céréalière locale a atteint dans certaines régions plus de 40 quintaux à l'hectare, ce qui est un record depuis 50 ans". "Un club a été créé pour regrouper les céréaliers qui produisent plus de 50 quintaux à l'hectare. A l'Ouest du pays, 5 ou 6 wilayas ont enregistré des rendements de plus de 50 quintaux à l'hectare, en dépit de la sécheresse", dit-il. Et de souligner "la mise en place d'une dynamique d'accompagnement et de soutien à la céréaliculture qui a permis une relance de la production". "Cette dynamique s'est traduite par une amélioration du rendement. On est passé de 8 quintaux par hectare vers la fin des années 1980 à 17 quintaux par hectare en moyenne actuellement. L'objectif réaliste, techniquement et économiquement, est d'atteindre les 20 quintaux par hectare en moyenne en 2012 et 25 quintaux à l'hectare en moyenne en 2015", escompte-t-il. A noter que sur 1,1 million d'agriculteurs que compte l'Algérie, près de 600.000 cultivent des céréales. Annuellement, 3,25 millions d'hectares sont cultivés en céréales. Ce qui représente 40% de la surface disponible. Sur le plan socioéconomique, le secteur céréalier représente 200 milliards de dinars en revenus d'emploi, soit près de 2,6 milliards de dollars. "Il y a également un dispositif d'accompagnement lors des labours-semailles, l'instauration du crédit fournisseur pour l'achat d'engrais", énumère le DG de l'OAIC. "Avec un rendement de 25 quintaux à l'hectare en moyenne sur une superficie de 3,3 millions d'hectares emblavés, la production atteindra entre 60 et 90 millions de quintaux, ce qui équivaut à une couverture de 90% des besoins de la consommation du pays", projette M. Kahel. Par ailleurs, l'invité de la radio fait savoir que les coopératives de céréales proposent des légumes secs et des céréales à des prix nettement avantageux par rapport à ceux pratiqués sur le marché. Les particuliers peuvent s'adresser directement aux coopératives réparties sur l'ensemble du territoire national pour s'approvisionner. Cet avantage de prix est de l'ordre de 40%.