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La révolution, toujours jeune
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 11 - 2011

«La vieillesse, ce naufrage» Le Général Charles de Gaulle
« La jeunesse, ce courage »Anonyme
La glorieuse révolution du 1erNovembre 1954, dont nous venons de fêter la 57 é année de son déclenchement coïncidant avec la fête du sacrifice, est le résultat d'une réflexion ainsi que la consécration d'une détermination affichée par une génération totalement polarisée autour d'un seul objectif : La Libération de l'Algérie de tous les jougs qu'ils soient d'origine externes ou internes.
Les initiateurs et organisateurs ainsi que les déclencheurs de ce sursaut émancipateur, dont l'âge était tout au plus à 35 ans, ont tout appris dans le feu de l'action dynamique du militantisme de proximité, permanent et imaginatif, a l'intention des couches sociales paupérisées aiguillonnées a l'aide d'une révolution armée, s'inscrivant dans le sens d'une Histoire tourmentée, face a l'injustice arrogante d'un système exogène figé dans ses convictions de puissance coloniale condamnée a disparaître puisque elle portait, a l'origine, les germes d'une maladie incurable: le refus de voir la réalité en face.
Au fur et a mesure de la progression de cette révolution qui avait modifier tout dans son passage car elle maîtriser le temps et l'espace ainsi que les villes et campagnes déjà exsangues par des siècles d'oppression et de spoliation, d'autres jeunes dont l'âge ne dépassait pas 25 ans voire moins de 20 printemps, étudiants, paysans…, ont rejoint ce formidable élan rénovateur après une longue période d'abandons de la part des précédentes générations malgré des révoltes, dont quelques-unes ne duraient que le temps d'une saute d'humeur genre feu de paille et, donc, tout de suite circonscrites dans les règles habituelles et les meneurs survivants, exaspérés par tant d'échecs, deviennent des proscrits et se retrouvent déportés et, par conséquent, laissent les gens abattus par tant de malheurs se complairent dans la léthargie voire l'insouciance béate jusqu ‘a qu'ils se complaisent dans l'impotence morale au lieu qu'ils se sacrifient dignement a l'autel de la potence de la dignité. La révolution du 1er Novembre avait merveilleusement et majestueusement montré cette dernière voie.
LES REVOLUTIONS ADORENT DU SANG NOUVEAU ET ELLES DETESTENT CELUI DES IMPOTENCES
Ainsi, toute révolution affectionne la dynamique du sérieux persévérant et les fougues des jeunes ainsi prédisposés, moralement et physiquement, aux grands destins fixés par l'Histoire des peuples. De ce fait, elle redoute les comportements, rétrogrades mystificateurs et démobilisateurs, des adeptes de l'immobilisme, ancrée aux anciens paysages coloniaux. En outre, parmi les représentants de cette génération révolutionnaire, nullement au dessus des soupçons et défauts, il y a ceux, faisant tourner casaque, qui se sont rapidement accoutumés a prendre le train de l'Histoire en marche afin qu'ils occuperaient, après l'indépendance, calculent-ils d'avance, eux ou au profit de leurs enfants, les premières loges liés au pouvoir politique ou ,a défaut, celui de l'argent facile ; tandis que d'autres ont fait leur choix, volontairement ou forcés, a couvert ( a l'image des taupes) soit a découvert (des blasés en tous genres), contre la marche de la caravane de l'Histoire. Donc, ils ont pris le chemin en sens inverse a celui emprunté, dans l'autre sens, par la majorité du peuple Algérien, notamment la jeunesse d'antan et, ce qui est paradoxal voire pathétique, ces gens cloués dans leurs chimères ont assumé ce choix jusqu'au bout, pour quelques uns, dans un grand déchirement et souffrance ainsi que le regret torturant a la fin de leur existence caractérisée ainsi par cette singulière prise de position définie en des qualificatifs humiliants et complexant a plus d'un impact.
Pourtant, après l'indépendance de l'ensemble des pays, notamment du monde arabe, autrefois colonisés, ces scories du passé ont repris place, sous une forme ou une autre, et, donc, ont fait abrutir profondément les esprits, de quelques couches sociales et leurs élites, sociopolitiques, ainsi clouées dans les mirages conjugués aux mensonges de la part des gouvernants dictatoriaux proférant des insultes ( une caractéristique fondamentale de la personnalité des dictateurs) du genre le peuple est fainéant, sale, ingouvernable voire a remplacer, etc. .
Ces discours dégradants combinées aux agissements des survivances coloniales ont, a l'évidence, démobilisé les nouvelles générations et nuisent notamment, jusqu'à ce jour, a la cohésion et l'équilibre relationnel, entre le passé, le présent et le futur, de ces générations postindépendances malmenées par tant de déviations et d'absurdités héritées d'une époque révolue qui avait déjà fait le plein, en son temps, en termes de désaccords et démotivation ainsi que d'apathie et d'inadaptation culturelle au sens profond du terme. Effectivement, les stratèges, de ce mode de gouvernance, ont créé des « équilibres » néanmoins en friction constante, au sein des groupes sociaux, leur permettant d'instaurer une politique de domination, en catimini, sur tout et, de surcroît, font semblant qu'ils ne contrôlent rien du tout et laissent aux laudateurs, genre béni oui oui, le soin de faire brouiller les pistes aux opposants, type non non, rapidement lassés et rejoignent bon gré mal gré les…béni oui oui,etc. En un mot, du fourbi dans un gourbi
PLEIN DE FOURBI DANS LE GOURBI
L'aliénation culturelle et l'abêtissement existentiel constituent, parmi tant d'autres défigurations identitaires, des actions néfastes sur la personnalité d'un pays. Durant la colonisation, d'autres comportements ainsi que des vocables sont apparus dans le paysage déjà transformé sur tous les plans. Nous citons quelques exemples : le fourbi est souvent employé pour définir un mensonge et blabla dit arabe ; le gourbi (un trou) une mansarde abritant du bétail se transformant par la force des choses en logis temporaire puis permanent ; djmanfou (s'en foutre) un vocable exprimant l'abandon ; etc.
Au cours de la révolution armée, d'autres mots ont fait leur apparition. Nous citons : y a el khoua, tous frères ; harki, un rendu ; fouschi, fusil ; lestiqlal, indépendance, nidhal, militantisme etc. Ce sont ces expressions qui ont influé le caractère de l'époque et, dans une certaine mesure moins agaçante, jusqu'à l'heure actuelle. Cependant, les choses ont évolué, certes, néanmoins d'autres comportements apprêtés voire démobilisateurs ont repris le relais dans les esprits d'une certaine jeunesse obnubilés autour de la vie facile et un langage sans teneur voire du n'importe quoi.
Donc, après un demi-siècle d'indépendance, quelques survivances continuent de hanter les esprits des gens âgés qui demeurent attachés à l'époque ci-dessus mentionnée. Parfois avec nostalgie et des soupirs, parfois du dégoût et amertume. Un terrible déchirement complexant en profondeur. Et ce qui est plus terrible, pour eux, les repérés sont brouillés. Tout va tellement vite leur semble-t-il !
En tout cas, une génération même si elle est de bonne volonté, elle ne pourrait cependant faire le bonheur contre la volonté d'une autre. Pire, elle tue en elle tout sens de responsabilité. En effet, les décors et les réalisations de prestige ainsi que les commémorations, genre du tape-à-l'œil, auront un jour ou un autre l'effet contraire. Car le temps et l'espace n'ont pas, auprès des différentes générations, la même signification.
LE TEMPS ET L'ESPACE DONNENT L'IMPRESSION QU'ILS SONT DIFFERENTS D'UN ÂGE A UN AUTRE
Cela se vérifie, ces derniers temps, par ce qui est en train de se passer dans le monde arabe. En effet, le mot révolution (concept qui agace quelques attardés de l'Histoire des peuples) s'incruste de plus en plus dans le subconscient de la jeunesse arabe qui n'a pas, disions-nous, la même sensation en termes de temps et d'espace que ses aînés d'autant que ces derniers ont eu la chance de posséder une richesse (les hydrocarbures) leur permettant de réaliser leurs rêves voire leurs fantaisies. Pas ceux des générations actuelles.
Ajouter a cela, que le temps et l'espace leur semblent écourtés et recuits par rapport a leur souvenir de jeunesse. En revanche, les jeunes perçoivent différemment ces deux dimensions et tant d'autres. Ils ont l'impression que tout le temps leur appartient et pensent que l'espace est immense C'est pour ça qu'on dit qu'il y a conflits de générations. Et de dire ; si jeunesse savait et si vieillesse pouvait. Alors qu'il s'agit tout simplement que chaque génération possède ses aspirations intrinsèques et qu'elle a ses exigences particulières, en termes d'utilisation de son temps et d'aménagement de l'espace. Celles visées par la jeunesse d'aujourd'hui, se conjuguent en Démocratie, Islam et Liberté. A l'avenir, c'est le triptyque : Démocratie, résultante d'une période de libertés individuelle et collective préalables obligatoires a son plein exercice, et Islam modéré extériorisé franchement dans les faits et gestes de la vie de tous les jours, qui vont dominer et déterminer le sort de quelques pays arabes en révolution depuis le début de l'année.
Tandis que chez les autres pays arabes, dont le notre, qui n'ont pas su trouver/ou arriver afin d'adopter, dans les règles, voire rater cette équation a deux dimensions, l'une identitaire et existentielle (l'islam); l'autre émancipatrice et civilisatrice (la Démocratie), ils se retrouvent tout simplement en un état d'inertie inquiétante.
En d'autres termes, ces pays coincés, tant au niveau du temps que de l'espace liés e la Démocratie, Islam, Liberté, vivent en vérité une carence de clairvoyance puisque ils semblent être impuissants a vouloir changer leurs situations d'autant plus qu'ils n'ont résolu que peu de choses, depuis un demi siècle, au profit de ces trois importantes valeurs gage de l'avenir des peuples éveillés. Malheureusement d'autres peuples, se souciant peu de l'avenir encore moins qu'ils instaurent ces valeurs civilisatrices, posent constamment des faux problèmes du genre échappatoire. Pire, ils sont en train de les compliquer d'avantage sans se rendre compte, sinon insuffisamment, que le feu couve toujours dans les cœurs des damnés du développement et de l'épanouissement des Libertés, quelques soient les certitudes liées au semblant de quiétude des gens. Il suffirait d'une petite étincelle comme l'avait pensé un poète de chez-nous. Alors, malheur aux destinataires des braises.
Enfin, Bonne fête à tout le Monde Arabe, malgré tous nos déboires. Et les défauts !!


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