Celui qui est présenté à Tiaret comme le «Saint-Exupéry» local a tiré sa révérence dimanche dernier par une journée grise et pluvieuse. Signe du temps, Si Mohamed Si Merabet, 78 ans, avait assisté, il y a peine quinze jours, à l'enterrement de l'un de ces derniers combattants pour le savoir et la connaissance, feu Kara Ahmed, disparu en octobre dernier. Employé à l'inspection primaire dès l'indépendance du pays, le regretté Si Merabet Med se retrouve à un âge très jeune un éducateur exemplaire avec un champ d'activité s'étalant de la wilaya de Tiaret jusqu'à Aflou et Tissemsilt. Instituteur puis conseiller pédagogique, feu Si Mohamed réussit en autodidacte tous les examens professionnels pour accéder au grade d'inspecteur de l'enseignement primaire. Journaliste à ses heures perdues, le regretté crée, au début des années soixante-dix, une revue thématique intitulée « Le Lien » que « s'arrachaient les enseignants pour le trait d'union qu'elle représentait au sein de la corporation», se souvient l'un de ses compagnons de route, M.B. Abdesselam. Formateur de plusieurs générations, surtout à l'école Pasteur, se souviennent toujours de cet homme compétent et si généreux de cœur et d'esprit. Si Merabet Med avait, aussi, plusieurs cordes à son arc, dont l'écriture calligraphique et la critique littéraire. Maîtrisant parfaitement la langue de Voltaire, Si Merabet Med vénérait les poètes de diverses époques, de même de fonds documentaires précieux dont des livres très vieux, le défunt avait également fait partie de l'équipe rédactionnelle du journal local « Tiaret Agricole » avant de toucher à des divers métiers comme relieur ou typographe. Il a été enterré au nouveau cimetière de la ville en présence des membres de sa famille et d'une foule nombreuse, venue dire adieu à celui qui est présenté comme le « défenseur acharné de l'ancienne école publique ». Par une terrible ironie du sort, une autre icône de la ville de Tiaret a tiré sa révérence lundi dernier, représentée en la personne de Koulali Miloud. Véritable mémoire vivante de la ville de Djelloul Ould Hamou, le défunt était un grand moudjahid avant d'entamer une grande carrière au sein du secteur de la santé avant de faire partie de la commission exécutive nationale de l'UGTA dans les années 80. Le regretté Koulali Miloud a été inhumé lundi en présence de figures locales et d'une foule très nombreuse, encore sous le choc après la disparition de l'un des « socles sur lesquels reposait l'antique Tihert », commente, les larmes aux yeux, l'un de ses plus fidèles compagnons.