Les Algériens ne font pas confiance à la justice algérienne et pensent que les peines prononcées dans les affaires de corruption sont légères. Ce sont là quelques-uns des résultats que révèle l'enquête faite par la cellule nationale de lutte contre la corruption et la protection des deniers publics, intitulée : «Le citoyen face à la corruption». Cette enquête a concerné un échantillon de 1.600 personnes réparties sur 24 wilayas, dont la majorité sont des jeunes, des fonctionnaires ayant un niveau d'instruction élevé et moyennement élevé. Notons également que cette enquête a été effectuée sous la coupe de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). L'enquête nous indique que les freins qui empêcheraient de révéler des faits de corruption sont à 51,8% relatifs à la crainte d'être impliqués pendant l'instruction. Des témoignages ont révélé également que de nombreux dénonciateurs de corruption ont été licenciés de leur travail pour avoir dénoncé leurs responsables impliqués dans des affaires de détournements de derniers publics. Ils n'ont eu aucune garantie ou une quelconque protection de la part de la justice algérienne. L'enquête a fait ressortir, dans ce sens, que 90% des personnes interrogées ont affirmé qu'elles ne se sentent pas protégées quand elles dénoncent des affaires de corruption. Ce résultat témoigne sur le fossé qui existe entre le citoyen et la justice ainsi que l'administration. «Une véritable crise de confiance qui favorise l'indifférence des citoyens face à la lutte contre la corruption dans notre pays». L'enquêté a révélé en outre, que 85% des personnes questionnées ont estimé que les peines prononcées dans les affaires de corruption sont légères. En effet, les membres de la cellule nationale de lutte contre la corruption pensent que la loi 06/01 est en faveur des personnes impliquées dans de grandes affaires de corruption, puisque ladite loi punit les personnes impliquées de 10 ans d'emprisonnement seulement. « Des peines beaucoup moins sévères que celles qui existaient auparavant». Le secrétaire général de LADDH, Moumen Khelil a préconisé hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la ligue, de renforcer les dispositifs législatifs, notamment en matière de protection des dénonciateurs de corruption. En ce qui concerne le dernier rapport de Transparency International sur la perception de la corruption qui place l'Algérie à la 112ème place sur les 183 pays, les membres des droits de l'Homme en Algérie qualifient la position et les réactions de nos officiels sur ce sujet de «ridicule». «Le ministre de la Justice a lancé un défi pour démontrer que la justice algérienne est indépendante, la LADDH va relever le défi pour prouver l'instrumentalisation de la justice algérienne», dira Moumen Khelil. Et d'ajouter «il n'y a aucun doute, le pouvoir algérien à une mainmise sur la justice». Et de préciser que «la corruption se généralise à tous les niveaux, dans notre pays. Un fléau dévastateur et un obstacle majeur au développement de notre nation».