« Je me sens blessé dans ma dignité d'Algérien et de professionnel de voir la Banque mondiale ou telle autre institution placer l'Algérie à la 188ème ou la 187ème place sans pouvoir réagir», a déclaré hier Abdelhamid Temmar, le ministre de la Prospective et des Statistiques. Intervenant en marge d'une réunion du Conseil national de la statistique (CNS) à la résidence Djenane El Mithak, à Alger, le ministre est convaincu que la seule méthode de répondre à toutes ces institutions internationales est d'aller «discuter de manière professionnelle» avec elles, en présentant des «chiffres vérifiés». Temmar qui reconnaît qu'il existe un problème «d'incohérence» dans le calcul des chiffres entre les différents ministères, a plaidé hier en faveur d'une «cohérence des statistiques». Il soutiendra par ailleurs lors de son intervention à l'ouverture de la session ordinaire du CNS que 80% des données de l'Office national des statistiques (ONS) émanent des départements ministériels. Sans remettre directement en cause les chiffres de l'ONS, Abdelhamid Temmar soulignera que «nous voulons que les ministères donnent des statistiques cohérentes avec des méthodes cohérentes». C'est justement dans cette optique que compte travailler le ministre avec le Conseil national de la statistique qu'il préside à travers notamment la mise en place d'un système normalisé et d'un numéro d'identification statistique commun. Dans un document interne au CNS et dont nous détenons une copie, il est clairement mentionné que «la solution identifiant unique a montré ses limites» et qu'il existe pas moins d'une dizaine de systèmes d'identification tous réglementairement installés et qu'il serait, selon le document, «contre-productif d'instaurer par le haut un système d'indentification qui induirait des coûts de mise en œuvre importants mais surtout de nouveaux retards inutiles dans l'organisation et la structuration des répertoires d'entreprises et des modalités d'échanges d'informations». L'avantage de l'identifiant commun, est-il expliqué dans le document, c'est le fait que chaque institution garde son propre système d'indentification mais prend l'engagement d'introduire dans son système d'identification une clé qui sera commune à l'ensemble des gestionnaires de fichiers répertoires. Cependant, si le principe de l'identifiant commun était retenu, une organisation particulière doit suivre en parallèle. Les rédacteurs du document proposent notamment «l'utilisation de l'identifiant d'une entreprise par les différentes administrations dans leurs formulaires et leurs systèmes informatisés», «l'attribution d'un numéro identifiant commun dès la création d'une entreprise», «l'attribution d'un identifiant commun à toute entreprise qui existe déjà et qui accomplit à une formalité administrative», «l'hébergement de la base de données centrale de l'identifiant commun au niveau d'une administration publique ou par un prestataire de services qui en assure la gestion technique», «la création d'un comité interministériel de gestion de l'identifiant commun de l'entreprise». Le comité, est-il suggéré également, devrait être présidé par l'autorité chargée de la prospective et des statistiques et devrait être composé au moins des ministères des Finances, de la Justice, de l'Intérieur, du Commerce, du Travail et de la Protection sociale et de celui de l'Industrie. A noter par ailleurs que le CNS compte mettre en place des cellules statistiques pour prendre attache avec les départements ministériels. Le Conseil national de la statistique compte mettre des «statisticiens» à la disposition des différents départements ministériels pour les épauler dans l'élaboration des chiffres et peut-être qu'un jour tous les chiffres qui seront rendus publics sur le chômage, l'emploi et l'économie seront plus ou moins «cohérents».