Les tonnes de déchets hospitaliers stockées depuis plusieurs mois au niveau de l'ex-jumenterie dépendant du Centre hospitalier universitaire d'Oran, CHUO, n'ont pas été sans susciter la réaction des travailleurs qui ont tenu à dénoncer ce qu'il qualifient de véritable menace contre la santé publique et en premier lieu celle des travailleurs de la jumenterie. Selon des travailleurs de l'hôpital, depuis maintenant plus de six mois, des sachets pleins de déchets hospitaliers sont rejetés dans un coin de la jumenterie sans être incinérés. Nos interlocuteurs soulignent qu'il s'agit souvent de déchets nocifs qui doivent faire l'objet d'incinération dans les plus brefs délais. «Malheureusement, nous avons constaté qu'aucune démarche n'a été entreprise pour incinérer ces déchets ou au moins les transférer vers un autre site plus sécurisé», indique l'un des travailleurs. Ce dernier souligne qu'une cinquantaine d'agents travaillant dans les ateliers de maintenance de la jumenterie craignent pour leur santé. «Au départ, c'étaient des petites quantités qui étaient acheminées vers le site et qui faisaient parfois l'objet d'incinération mais, au fil du temps, de plus en plus de déchets sont stockés sans pour autant être pris en charge. C'est pour cela que nous interpellons les autorités sanitaires pour intervenir et mettre un terme à cette catastrophe», ajoute le même travailleur. Outre les déchets hospitaliers, notre source signale que la jumenterie est en passe de se transformer en décharge sauvage, puisqu'on y rejette tout ce qui ne sert à rien, notamment les matelas et lits usés, les portes et fenêtres cassées, etc., en somme, tout ce dont l'hôpital d'Oran n'a pas besoin. «Cette situation a été à maintes fois décriée et les travailleurs ont à plusieurs reprises dénoncé le laisser-aller des responsables concernés, mais rien n'a été fait. Les services concernés sont appelés à réagir en urgence avant que ne survienne une catastrophe», concluent les travailleurs. De son côté, le DG du CHUO a indiqué que «les deux incinérateurs du CHU d'Oran sont en panne depuis 6 mois. De ce fait, il fallait les réparer et cela a été réalisé en l'espace d'un mois et pour combler le retard enregistré, il fallait prendre une grande quantité de déchets hospitaliers, sachant que le CHUO produit une moyenne quotidienne de 400 kilos sur une durée de 6 mois». Pour ne pas les déposer dans la nature, le DG a pris la responsabilité de les garder à l'hôpital pour leur traitement progressif et cette action devrait durer de 3 à 4 mois. Cependant, cette option n'a pas abouti étant donné que les incinérateurs ne sont pas de grande capacité et l'alternative de confier ces déchets à un traiteur a germé, mais n'a pas pu être concrétisée du fait que cet opérateur privé n'a pas pu mettre en service son incinérateur, la population locale ayant imposé son veto et la décision d'abandonner cette piste a été prise par tous les services concernés en accord avec le wali d'Oran. Aujourd'hui, seulement un tiers de ces déchets ont été traités. De ce fait, une troisième solution a été mise en branle consistant en l'installation d'un banaliseur, vu que les deux équipements actuellement en fonction ne peuvent même pas suffire à la quantité produite par jour. Cette solution qui semble la plus indiquée consiste à désinfecter les déchets broyés préalablement pour les transformer dans une cuve avec une température élevée et leur humidification en déchets ménagers et donc ne présentant aucun risque. Pour ce projet, l'avis d'appel d'offres a été lancé et l'enveloppe financière qui a été mobilisée est de l'ordre de 50 millions de DA et l'équipement sera acquis avant la fin de ce trimestre.