La direction générale ArcelorMittal Annaba, qui a officiellement signifié au tribunal d'El Hadjar la situation de cessation de paiement de l'entreprise, vient de subir un cinglant désaveu de la maison mère. Un «désaveu» où la direction d'Annaba sert de «fusible». Dans une déclaration écrite transmise hier aux agences de presse, le géant mondial affirme n'avoir pas «déposé le bilan ni déclaré de cessation de paiement» pour sa filiale algérienne d'El-Hadjar à Annaba. Il contredit ouvertement les déclarations des responsables de l'entreprise à Annaba et notamment le directeur général d'ArcelorMittal Annaba, Vincent Le Gouïc, qui avait indiqué avoir déposé la demande de cessation de paiement auprès du tribunal. La situation paraît d'autant plus rocambolesque que des journalistes avaient constaté sur place que le Directeur général d'ArcelorMittal Annaba, M. Vincent Le Gouic, le staff technique et l'avocat de l'entreprise ont procédé, dans ce cadre, au dépôt de la déclaration de cessation de paiement auprès du tribunal. Il est évident que le terme «démenti» n'a pas de sens. Par contre, celui de désaveu à l'égard de M.Vincent Le Gouïc et de son staff paraît évident. La direction d'ArcelorMittal essuie les plâtres dans ce qu'il faut bien considérer comme une reculade du géant mondial dans le bras de fer autour d'une demande de crédit de 200 millions de dollars que la Banque extérieure d'Algérie (BEA) a refusé d'octroyer faute de garanties suffisantes. Il est hautement improbable que Vincent Le Gouïc et son staff aient agi sans concertation avec la maison mère, mais être un fusible fait partie également des servitudes de la fonction. La maison mère a ainsi décidé de parler directement au nom d'ArcelorMittal Annaba qui, indique le communiqué, «compte toujours sur le support de ses deux actionnaires ArcelorMittal et Sider et croit qu'une solution prochaine sera trouvée aux négociations en cours». Les pouvoirs publics algériens n'ont guère apprécié de voir le syndicat de l'entreprise ArcelorMittal, que dirige Smaïn Kouadria, se faire le défenseur de la direction dans ses négociations avec la BEA. Il est vrai que le souci de la préservation de l'emploi a largement motivé les syndicalistes, et la direction d'ArcelorMittal semble avoir compte sur cette «pression» plutôt que de répondre aux exigences de garanties formulées par la BEA. PRESSION SYNDICALE NEUTRALISEE Le gouvernement, en assurant qu'il fera en sorte que le complexe d'El Hadjar ne sera pas fermé, a de facto neutralisé la pression syndicale. L'affaire a été de ce fait ramenée à celle d'une relation entre ArcelorMittal et la Banque extérieure d'Algérie. Laquelle s'est fait fort de souligner, à travers son PDG Mohamed Loukal, qu'ArcelorMittal n'a rien d'un «client fidèle» et qu'il n'a pas présenté pour sa demande d'un crédit de 14 milliards de dinars des garanties sérieuses. Pour rappel, le gouvernement a reconduit en septembre dernier le contrat de partenariat le liant à ArcelorMittal qui a annoncé un programme d'investissements de 500 millions d'euros entre 2011 et 2015. Le groupe ArcelorMittal a confirmé, dans son communiqué d'hier, «son engagement en Algérie, et souhaite mettre en œuvre au plus tôt son plan de développement et de croissance pour ArcelorMittal Annaba». Le désaveu ou la reculade va permettre de recentrer les choses sur la relation avec la BEA et ses exigences de garanties. A priori, ArcelorMittal ne devrait avoir aucune difficulté à le faire, sachant qu'il tient une affaire rentable avec un marché assuré.