Les établissements secondaires de la ville sont en effervescence. Après deux sit-in des élèves des classes de terminale de plusieurs lycées (Imam El-Houari, Colonel Lotfi et Allal Sidi Mohamed...) devant la direction de l'Education, le mouvement de contestation des lycéens risque de déborder dans les prochains jours si rien n'est fait par la tutelle pour apaiser les esprits. Les manifestations de colère chez les élèves de terminale ont commencé la semaine dernière, mais sans faire de bruit. Le mouvement de contestation, qui concernait au début de la reprise des cours après les vacances d'hiver trois lycées seulement, fait tache d'huile. L'étincelle qui a déclenché ce mouvement est le déficit constaté dans plusieurs lycées en professeurs de matières dites essentielles, notamment les maths et le français. Au lycée Allal Sidi Mohamed (Technicum jeunes filles), les élèves de deux classes de terminale sont montés au créneau pour réclamer un professeur «expérimenté» de maths. «La professeur, qui assurait cette matière essentielle est sortie en congé. Elle devra reprendre son travail prochainement. L'administration a dû recourir aux services d'une vacataire pour assurer cette matière. Malheureusement, les élèves de ces deux classes de terminale ont renvoyé la première jeune vacataire. Une autre vacataire a été recrutée, mais elle a été également chassée par les élèves qui réclament un professeur chevronné», confient des enseignants. Le chargé de communication du Snapest dans la wilaya d'Oran affirme, de son côté, que «le déficit en professeurs de maths et de français ne concerne pas seulement ce lycée, mais plusieurs établissements du secondaire connaissent le même problème. Il s'agit en réalité d'un déficit national en professeurs de maths et de français». Le même syndicaliste précise: «L'université ne forme pas assez de licenciés en maths. Les jeunes étudiants préfèrent d'autres spécialités qui requièrent moins d'efforts et offrent de meilleurs débouchés». Conséquence directe de cette situation, les résultats du premier trimestre de l'année scolaire ont été «catastrophiques», de l'avis du personnel enseignant et des parents d'élèves. Surcharge des classes, déficit en personnel enseignant, programmes chargés dans le moyen et le secondaire sont à l'origine du recul du rendement scolaire. Parents et enseignants s'inquiètent sérieusement pour l'avenir des élèves. Des matières essentielles, notamment les maths mais aussi la gestion-économie, l'histoire et la géographie, la philo et l'espagnol, ne sont pas encadrées dans de nombreux collèges et lycées de la wilaya. Des élèves de plusieurs établissements scolaires avaient d'ailleurs menacé de boycotter les cours et investir la rue pour attirer l'attention des services concernés. Cependant, leurs menaces ne semblent pas préoccuper, pour le moment, la tutelle. Les élèves des classes de terminale réclament d'ores et déjà un allégement des programmes et l'instauration, comme les deux dernières années, d'un «seuil» des sujets du baccalauréat portant sur les cours réellement dispensés. Plusieurs syndicalistes estiment que ce mouvement de contestation est une conséquence de la politique de concession prônée par le ministère de tutelle. «A chaque fois que des élèves de terminale expriment une demande de limiter les sujets d'examen à certains cours, leurs revendications sont automatiquement prises en considération. La tutelle fait preuve de trop de souplesse avec les lycéens, à tel point que le baccalauréat a perdu de sa valeur», lancent en colère des enseignants.