«Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué», c'est là une formule usitée, hier, par Dahou Ould Kablia comme pour montrer qu'il ne croit pas un instant à l'hypothèse d'une victoire islamiste lors des législatives qui se tiendront en mai prochain. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, qui s'exprimait hier sur laradio chaîne3, a souligné qu'il ne croyait pas à une victoire islamiste en Algérie, comme cela a été le cas dans trois pays d'Afrique du Nord. Le ministre, qui a été interrogé sur ce sujet, a répondu que «l'Algérie est une exception dans la région». «C'est mon point de vue», précise-t-il,soulignant que le peuple est souverain pour porter le choix qui lui convient. «L'électeur algérien connaît bien son monde. La comparaison avec d'autres pays n'est pas aussi probante. L'Algérie a ses spécificités, ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas forcément à ce qui existe ailleurs où les votes ont sélectionné des politiques plutôt que des valeurs», affirme-t-il. Le ministre affiche toutefoisune crainte d'un éventuel fort taux d'abstention lors du prochain scrutin législatif. «L'abstention est une crainte qui m'habite. Les dernières élections législatives (2007, NDLR) n'ont pas mobilisé beaucoup de monde. C'est le scrutin qui a été marqué par le plus fort taux d'abstention», dit-il. M. Ould Kablia estime que les partis doivent présenter des candidats crédibles susceptibles de convaincre les citoyens à se rendre aux urnes pour éviter le spectre del'abstention. Selon lui, la fin de la session d'automne du Parlement interviendra le 2 février tandis que la convocation du corps électoral aura lieu entre le 1 et 15 février. Par ailleurs, le ministre indique que sur une vingtaine de partis qui ont présenté des dossiers plus ou moins complets pour la délivrance de l'agrément, une douzaine ont plus de chance que les autres d'être autorisés à tenir les assises de leur congrès constitutif. «Nous tenons compte entre autres du nombre d'adhérents qu'ils présentent et du nombre de fondateurs qui parrainent la création de ces partis», explique-t-il. «La porte est ouverte. Nous invitons les partis à apporter les compléments nécessaires à leurs dossiers pour qu'ils puissent obtenir leur agrément», précise-t-il. M. Ould Kablia affirme que la question de l'agrément des partis «ne se traite pas en quantité, mais en terme de la qualité des dossiers.» Et d'assurer que «si les dossiers sont conformes aux dispositions de la nouvelle loi sur les partis qui n'est pas encore promulguée, nous les acceptons sans problème». Tout en évitant de citer des noms de partis susceptibles d'être agréés, le ministre indique que l'administration tiendra compte des résultats des congrès constitutifs de ces formations politiques. Et de préciser que les autorisations de tenir les assises constitutives ne pourraient être délivrées qu'après la promulgation de la nouvelle loi organique sur les partis. «Nous espérons qu'un maximum de partis obtiendront leur agrément. On peut agréer 50 nouveaux partis s'ils satisfont les conditions requises par la nouvelle loi», affirme-t-il. «Les congrès constitutifs doivent se tenir après la promulgation de la loi sur les partis qui est au stade de la signature par le président de la République», précise le ministre. Interrogé sur les garanties pour assurer une transparence des prochaines élections, M. Ould Kablia assure que le ministère de l'Intérieur a pris 15 mesures pour garantir la neutralité de l'administration et la transparence des élections. «Les procès-verbaux seront remis aux représentants des partis. Il y aura des encadreurs et des commissions électorales présidées par des magistrats. Le dépouillement sera public dans les 45.000 bureaux de vote éparpillés sur le territoire national. La loi prévoit des sanctions pénales à l'encontre des fauteurs», énumère-t-il. M. Ould Kablia dit avoir exhorté les walis d'assurer la neutralité, faute de quoi «ils paieront un prix fort, c'est-à-dire,qu'il seront révoqués.» Le ministre affirme que l'Algérie est prête à recevoir autant d'observateurs étrangers qu'il faut pour la surveillance du scrutin. «Les observateurs étrangers seront les bienvenus chez nous, qu'ils soient au nombre de 2.000 ou 5.000», affirme-t-il. «L'administration est tout à fait prête. Je tiens beaucoup à le redire», insiste-t-il. «Le peuple fera son choix entoute liberté et transparence car l'administration sera neutre», assure-t-il. Pour lui, toutes ces mesures sont un gage de crédibilité tant pour la communauté internationale que pour les partis. En outre, le ministre réitère la détermination des autorités à empêcher le retour en politique des responsables de la tragédie nationale. La nouvelle loi sur les partis politiques interdit explicitement l'exercice politique aux responsables de l'ex-FIS. «La création des partis obéit à des principes qui sont énoncés par la Constitution», rappelle-t-il. Enfin, répondant à une question sur les collectivités locales, le ministre considère qu'il n'y a pas de communes riches et d'autres qui sont pauvres, du moment que toutes reçoivent des budgets de l'Etat. Et le ministre d'affirmer que la réforme de la fiscalité locale nécessite une réforme fiscale nationale.