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Qu'importe le flacon…
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 01 - 2012

Un sourire large comme ça traversait le visage d'un député que personne n'a revu depuis qu'il a été élu en 2007. Accompagné des quelques laudateurs de circonstance, il prenait le bain de foule initiatique, en regardant de tous les côtés pour voir combien de gens lui rendaient les saluts qu'il prodiguait ce jour-là à la volée. Un groupe de jeunes désoeuvrés le suivait et s'engouffrait avec lui dans tous les cafés où il passait pour profiter de la tournée générale qu'il payait à chaque fois sans compter pour qu'on l'entende pérorer sur le paradis qu'il va ramener cette fois. Parole de candidat !
Rares étaient les personnes qui se rappelaient sous quelle bannière il a été élu la dernière fois, mais le voilà de retour pour se replacer sur la première rampe de lancement qui recruterait ce mercenaire.
Chez nous la mue est devenue un sport national auquel on se livre sans aucune modération, surtout à l'approche des élections. Comme la fidélité à des principes est devenue tellement ringarde, on ne s'offusque plus de voir quelqu'un succomber subitement au charme de ce qu'il vouait hier aux gémonies sans aucune pudicité. Les hors-la-loi avaient leur loi: un code de l'honneur dont l'une des conditions cardinales auxquelles ils veillaient scrupuleusement est la loyauté à des règles qu'aucun d'eux n'ose violer. Les cavaliers de l'époque cultivaient une sorte de constance avec leur monture dont ils ne s'en séparaient que contraints et forcés et encore à contre cœur.
Le citoyen lambda a toujours pensé qu'entre un candidat et son électorat existe un contrat moral qui les lie autour d'un objectif commun à atteindre.Les deux parties l'élèvent même au rang de la noble cause à sacraliser, ce qui les engage à se solidariser et à se garder de se déjuger, autant que pour une parole donnée: affaire de Nif.
Un véritable cahier de charges avec sa feuille de route à respecter.
Ce n'est plus le cas maintenant. Une autre valeur morale tombée en désuétude.
Beaucoup de facteurs interférent malheureusement dans l'organisation des élections pour pouvoir les préserver de toutes les manipulations et autres magouilles.
L'un de ces phénomènes perturbateurs se réitère à chaque ouverture de la campagne électorale: il s'agit de la grande ruée à la recherche des formations microscopiques qui ressurgissent à cette occasion comme des champignons après un orage pour mettre à prix leur tête de liste.
On oublie souvent comment l'exhumation de ces petites particules qui n'ont d'associations politiques que le nom dérègle le jeu jusqu'à le fausser.Le seul moment on l'on entend parler d'elles c'est lorsqu'elles se réveillent de leur longue hibernation juste le temps de « louer le pas de porte» à un candidat en quête d'une position de favori qu'il ne peut décrocher dans son parti d'origine à cause d'une concurrence féroce ou d'un profil personnel pas très reluisant. On s'achète un laissez-passer pour plonger dans l'aventure.
Scories parasites que le pays traîne inexplicablement depuis l'ouverture dite démocratique des années 90 il ne s'agit des fois que de petits groupuscules d'aucune influence constitués le plus souvent sur une base familiale.Leur seule raison d'exister est de réapparaître périodiquement pour grappiller quelques subventions à l'état et vendre au plus offrant leur «fonds de commerce» avant de disparaître complètement du paysage jusqu'à la prochaine échéance.
Aucune participation à la vie sociale ni responsabilité morale envers la société ! Une vie de planqués en quelque sorte !
Pour réussir, le candidat qui a payé chèrement son inscription se rabat sur le tribalisme et surtout le pouvoir de l'argent pour glaner le quorum de la victoire.Il n'a jamais été de projet de société !
Après l'annonce officielle des résultats, les élus de ces petites formations monnayent généralement leur intégration à l'équipe de l'un des grands partis qui fait la meilleure offre.Bizness is bisness.
Et c'est l'ouverture de la saison de la transhumance !
Que l'on change de chapelle en fin de mandat personne ne trouverait à redire, après tout les certitudes évoluent autant que les idées; mais faire fausse route juste après avoir décroché le billet gagnant cela n'est plus ni moins que de la forfaiture. Utiliser un parti ou un groupe indépendant pour servir de tremplin de lancement et s'en débarrasser comme d'un mouchoir de poche usagé n'honore guère le maître de l'oeuvre. Admettre ce genre de pratiques signifie que nous avons fini par accepter que toute action s'évalue à l'aune du profit personnel et immédiat qu'elle peut rapporter à son auteur, en dehors de toute considération d'intérêt général. La démocratie deviendrait le prétexte idéal pour moduler à volonté la grille de lecture en fonction des circonstances allant parfois jusqu'au reniement des valeurs consacrées. Les meilleurs exemples à suivre, c'est-à-dire les idoles qu'on propose aux générations montantes sont ceux qui n'éprouvent aucun scrupule à recourir à cette honteuse impudence. Abandonner leurs compagnons au milieu du gué ne leur pose manifestement aucun problème de conscience.
En un mot ces comportements honteux ostensiblement affichés par les opportunistes, les personnes sans foi ni loi.dont la réussite sociale influence scandaleusement l'éducation de nos enfants ne provoquent dans la société aucune résistance. Pire ils participent à la façonner à leur image ! Le plus inquiétant c'est de constater que cette faune immorale prospère sans susciter la moindre réaction pour protéger le corps social
L'observateur assiste à de curieuses transformations de l'individu sous l'effet magique des joutes électorales. D'aucuns se dédoublent carrément au point de flirter avec l'incohérence en clamant sur un ton pathétique leurs boniments à un public devenu complice par sa passivité : Si vous m'aidez à être élu, je m'engage sur mon honneur de défendre avec toute mon énergie le pays, la charia, la liberté de la femme au foyer, les droits des travailleurs au chômage, le capital privé, la zakat à la place de l'impôt, l'imposition des grandes fortunes et tout ce que vous me demanderez. Je serais toujours à votre entière disposition. Mon bureau, ma maison seront constamment ouverts pour vous accueillir et régler vos problèmes.Avec moi tous les commis de l'état seront à votre service et je les contraindrais par la loi à vous répondre et prendre en charge vos doléances.Vous allez voir comment les choses vont changer, avec moi il n'est plus question de bureaucratie ni de corruption.Il est prêt à jurer la chose et son contraire. Il ne s'épargne aucun effort pour parcourir tous les quartiers et tous les coins de la campagne, il se fait rappeler au souvenir de ses lointains cousins, ses camarades de classes et ses collègues de travail dont il a oublié jusqu'au nom. On sonne le rappel des alliances de la famille qu'il faut mettre à contribution. il faut titiller jusqu'au moindre des liens de sang.
Une grande quête est organisée au sein des supporters et des sponsors et de tous les parents pour réunir le pactole nécessaire aux déplacements de l'équipe de la campagne électorale, des multiples couscous allégeances.Les grands maquignons du bétail humain parcourent les grandes places où l'on propose des voix aux enchères pour faire la razzia nécessaire en mettant le prix.
Dans un tonnerre d'applaudissements nourris et d' «allah ouakbar» hurlés à la manière des révolutionnaires libyens en train de trucider leur gourou, le candidat, un grand hâbleur dopé à fonds à la rokia scientifique des gardiens du temple, couronne en apothéose son discours truffé de versets Coraniques par le serment de servir l'Ouma jusqu'à la dernière chahada. C'est ainsi qu'ils désignent le peuple dans leur langage, ce grand et unique souverain auquel on prête tout, on fait tout à son nom mais qu'on oublie le jour des gratifications. Il a toujours un sacré dos le bon peuple !
Le fait de vouloir porter un projet de société est tout de suite taxé d'archaïque malheureusement. Ou c'est la tribu ou c'est un lobby quelconque qui doit parrainer la compétition. Les grandes idées économiques, sociales politiques, etc.…
il faut s'en éloigner.
Sitôt élu le premier réflexe est de couper ses lignes téléphoniques et de rejoindre la capitale ou le plus souvent une future épouse et une nouvelle voiture sont déjà en attente pour remplacer les anciennes fleurant exagérément le terroir.
Maintenant qu'il est en haut il évite de rencontrer ceux qui peuvent lui rappeler son passé pas toujours glorieux et va changer jusqu'au numéros de téléphone pour couper toute liaison avec la plèbe qui a misé sur lui. La meilleure façon d'illustrer le dédain et le peu de considération à son électorat est ce nomadisme qu'on se permet sans consulter personne de ceux qui lui ont permis d'atteindre ce statut social.
A la fin du mandat lorsqu'il sentira qu'il n'a plus aucune chance de duper son ancienne base il changera ses terres de chasse et migrera vers un autre groupe qu'il essaiera de mystifier par tous les moyens; l'essentiel est de s'assurer l'une des premières places de la liste électorale dut-elle représenter le syndicat des joueurs de domino, pour peu qu'elle ait le vent en poupe.
Qu'importe le flacon pourvu qu'il ait l'ivresse.
On prendra la couleur de l'environnement le temps d'accéder aux marches du podium.Il y a quelques petits malins qui ont bâti leurs carrières et leurs fortunes simplement en collant minutieusement aux mouvements de la girouette avec un maximum de vigilance sur le spectre de l'arc en ciel.Parmi eux beaucoup ont porté successivement la chéchia d'une dizaine de partis politiques et autant d'associations parfois antinomiques, sans la moindre pudeur. Arrivés dans les conditions que l'on connaît en haut de la pyramide la première des actions à faire c'est de consolider les acquis et de chercher à leurs ajouter d'autres avantages.A temps perdu il pensera aux soucis de la communauté nationale tout juste en levant la main. Peut-on compter sur des gens qui renient facilement leur base d'origine pour aller parfois dans le camp adverse.
Qu'attendre de gens qui n'ont même pas l'éthique du respect de leur électorat. Espérer atteindre quelque résultat avec ceux qui n'hésitent pas à mépriser le peuple c'est vraiment faire montre d'une naïveté déconcertante.
Dans le but de mettre un terme à ces aberrations une loi interdisant le nomadisme a été pourtant soumise dernièrement au parlement. C'était parait-il la seule loi qui a réussi à rameuter à l'hémicycle les absentéistes de carrière et fédéré l'ensemble de nos représentants pour lui tomber dessus à bras raccourcis.
Il fallait l'étouffer dans l'œuf, le péril était en la demeure !
Ses promoteurs, qui ne viennent pourtant pas d'une lointaine galaxie, ont sans doute, dans un moment de rêverie au côté angélique de l'être humain, pris nos députés pour des enfants de chœurs pour espérer les voir se faire hara-kiri et scier naïvement la branche qui leur permet de s'adonner au jeu du trampoline que quelques-uns parmi eux adorent.


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