Il a fallu attendre le discours de l'actuel ministre de l'Intérieur et candidat à l'Elysée pour décrypter le mystérieux slogan du Front national « La France, aimez-la ou quittez-la ». Slogan repris depuis, blanchi (plutôt métissé) par toute la droite. Paris : De notre bureau Ainsi donc, on s'est toujours demandé à qui peut bien s'adresser ce message. Aux immigrés qui rêvent de France ? Aux enfants d'immigrés qui désirent toujours plus de France ? Aux Français, jeunes de la 6e génération ? Aux Français de souche qui ne partagent pas les valeurs de Jean-Marie Le Pen ? Aux Noirs ? Aux Nord-Africains ? Aux communistes ? Aux agitateurs gauchistes ? Aux étrangers, cible préférée de la droite et de son extrême ? Que nenni. Enfin, oui et non. L'islamophobie est un sport sans risque et ça rapporte gros au niveau électorat. C'est sur les terres du Front national et des pieds-noirs que Nicolas Sarkozy est allé flatter un électorat censé être xénophobe. Il reprend donc à son compte le discours de l'extrême droite sans prendre la peine de l'édulcorer. Plus c'est gros, mieux ça passe. « Personne n'est obligé, je le répète, d'habiter en France, mais quand on habite en France, on respecte ses règles, c'est-à-dire qu'on n'est pas polygame, on ne pratique pas l'excision sur ses filles, on n'égorge pas le mouton dans son appartement et on respecte les règles républicaines ». Des propos qui auraient soulevé l'indignation, l'écœurement s'ils étaient sortis de la bouche de Jean-Marie Le Pen. On continue, on écoute (lit) jusqu'au bout. « Ceux qui veulent soumettre leurs femmes, ceux qui veulent pratiquer la polygamie, l'excision, le mariage forcé, ceux qui veulent imposer à leurs sœurs la loi des grands frères, ceux qui ne veulent pas que leur femme s'habille comme elle le souhaite, à ceux-là je veux dire que si je suis élu président de la République, ils ne seront pas bienvenus sur le territoire de la République ». On comprend tout. C'est insultant pour tout le monde. Il existe sûrement une infime partie dans la communauté musulmane qui ressemble à la description donnée par le candidat Sarkozy. A chaque élection, le musulman, l'étranger, l'Autre sert de punching-ball à une droite qui court derrière son extrême. Avec un risque énorme. Et Jean-Marie Le Pen note, avec peut-être raison, que Nicolas Sarkozy laboure ses terres mais c'est bien lui qui récoltera à la fin. Les Français préfèreront toujours l'original à la copie. Les polygames exciseurs, égorgeurs de moutons dans leur appartement aiment la France viscéralement. Pour la plupart, ils ont décidé de devenir Français parce qu'ils aiment leur pays d'accueil. Ils savent pertinemment que leur image dans une France qui doute est traînée dans les égouts. Ils savent aussi qu'ils ne quitteront jamais la France car c'est leur pays, un pays qu'ils aiment. Toujours ce désir de plus de France. Les Français donneront leur réponse en avril. Dans les banlieues, il y a eu une formidable mobilisation pour l'inscription sur les listes électorales. C'est peut-être un début de réponse.