Le Conseil national de transition libyen veut définitivement tourner la page de l'ancien régime du colonel assassiné Maâmar Kadhafi en exigeant des «pays voisins» l'extradition des apparatchiks recherchés par la Libye pour crime et réfugiés chez eux. C'est Moustapha Abdeljalil, le président du CNT qui est monté au créneau, au cours d'une conférence de presse, allant jusqu'à menacer ses voisins de rupture diplomatique au cas où les demandes d'extradition formulées par la justice libyenne ne trouvent pas d'échos. «Nous insistons sur le fait que nos relations avec les pays voisins seront basées sur la position qu'ils adopteront quand il s'agira de renvoyer des criminels et des personnes recherchées», insistera-t-il, définissant clairement la ligne de démarcation entre les pays «amis» et les Etats «ennemis». Cet agacement officiel libyen intervient après que sa demande d'extradition de Saâdi Kadhafi ait été refusée par le Niger qui lui avait donné l'asile, le 11 novembre dernier, pour des «raisons humanitaires». Dans une interview téléphonique accordée à la télévision «Al Arabyia», le fils de Kadhafi avait déclaré être en contact avec des Libyens visiblement mécontents des autorités actuelles. Le CNT réagira promptement en réclamant son extradition ainsi que celle des «fugitifs qui l'accompagnent». Tout en se désolidarisant des propos de son encombrant hôte, Niamey refuse pour l'instant les demandes libyennes d'extrader un homme tant qu'il n'aura pas l'assurance d'avoir un procès équitable. Les autorités nigériennes ont également évoqué l'interdiction de voyager de Saâdi Kadhafi émise par les Nations unies. Le fils du colonel fait partie d'une liste de personnes recherchées par Interpol. Dans ce cas de figure la déclaration du CNT faisait un parallèle entre Saâdi et sa sœur Aïcha, réfugiée en Algérie, en soulignant que «le pays d'accueil devrait suivre l'exemple des Algériens, qui ont empêché Aicha Kadhafi de communiquer publiquement sur la situation libyenne. ». Selon la version officielle, les autorités libyennes ont arrêté des criminels qui prévoyaient de lancer des attaques terroristes avec le soutien de personnalités de l'ancien régime réfugiées dans les pays frontaliers avec la Libye et M. Abdeljalil d'accuser, sans les nommer, des pays voisins de donner «asile à des ennemis du peuple libyen et d'ignorer des demandes du procureur libyen en vue de leur extradition». L'allusion est à peine voilée contre le Niger. L'autre cas médiatique concerne l'extradition de l'ex-Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, actuellement incarcéré en Tunisie. A la tête du gouvernement libyen jusqu'aux derniers jours du régime de Mouammar Kadhafi, M. Mahmoudi, 70 ans, avait été arrêté en septembre dernier, dans le sud tunisien, alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Algérie. Il fait l'objet de deux demandes d'extradition des autorités libyennes auxquelles la justice tunisienne a donné une suite favorable. Pourtant des organisations non gouvernementales tunisiennes et internationales se sont déclarées opposées à cette extradition, en mettant en garde contre les «risques de torture ou d'élimination» auxquels serait exposé l'ancien dirigeant libyen, en absence d'assurances d'un procès équitable conformément aux normes internationales. M. Abdeljalil a réaffirmé l'attachement de la justice libyenne à assurer un jugement équitable pour les personnes recherchées par les autorités. Rappelons que des enfants de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sont actuellement en Algérie, depuis fin août, dont Aïcha, ses frères Mohamed et Hannibal, sa mère Safiya et de nombreux membres de la famille.