Cachez donc cette histoire qu'ils ne sauront voir autrement que sous les jours «glorieux» d'une colonisation «civilisatrice» ! A Nîmes, un colloque d'historiens ayant pour thème l'action de la fédération de France du FLN, s'est tenu sous la pression de l'extrême-droite française et des nostalgiques de l'Algérie française. Le contexte électoral aidant, l'extrême droite mais aussi des représentants de l'UMP, se sont livrés à de vives attaques contre un colloque qui a vu la participation d'historiens, à la compétence reconnue et estimée. Ainsi le sénateur-maire de Nîmes a demandé au préfet du Gard, d'annuler le colloque car il peut générer un «risque sérieux de troubles à l'ordre public». Le même sénateur s'est retrouvé samedi dans une manifestation de quelques centaines de rapatriés et de harkis mobilisés par des ultras de l'extrême droite devant la maison du département. Le Conseil général du Gard a, d'ailleurs, tenu à souligner que le colloque sur le FLN, organisé samedi et dimanche, est l'initiative d'une association et les locaux du conseil général du Gard sont loués et non prêtés aux organisateurs. «L'institution départementale ne participe pas financièrement à cette manifestation et n'assistera pas aux débats. Le droit de réunion et d'opinion est une règle républicaine. C'est au nom de ce principe que le conseil général loue l'auditorium comme il le fait pour d'autres associations», écrit l'institution. La préfecture, qui a rappelé que le colloque n'était pas soutenu par le ministère de la Culture, a demandé «aux organisateurs d'éviter toute provocation et aux associations qui ont appelé à manifester, à le faire dans la dignité et le respect de l'ordre public». Bref, il ne faut pas déplaire aux pieds-noirs et aux harkis, en temps d'élection. Surenchère mémorielle et instrumentalisation. L'ex-maire communiste de Nîmes, Alain Clary, s'est rendu au colloque sous escorte policière et sous les cris de «porteur de valises, assassin». L'instrumentalisation par l'extrême droite, suivie par la droite d'une rencontre studieuse d'historiens - cela n'avait rien d'une rencontre militante - illustre bien le climat électoraliste ambiant. Les nostalgiques de l'Algérie française jouent sur le terrain de la surenchère mémorielle, un combat d'arrière-garde, s'il en est. N'ayant rien à offrir ni à proposer, il ne leur reste que le retour inlassable vers le passé qu'ils magnifient y compris l'OAS et ses avatars. Pour le Front National, l'histoire algérienne permet surtout d'entretenir un vivier de fidèles inconditionnels. Elle sert à l'extrême droite de carburant pour alimenter l'islamophobie et le rejet de la diversité qui sont les éléments du renouvellement doctrinal. C'est d'ailleurs sur ce terrain qu'elle attire la droite classique. L'avocat Gilbert Collard, candidat FN aux législatives, a tenu un «contre-colloque». Ces pressions et menaces n'ont pas empêché le colloque sur le FLN de se tenir. Deux cents personnes ont pu entendre des exposés sur l'implantation du FLN en France, la «guerre civile» qui l'opposa au MNA (Mouvement national algérien), les liens entre le FLN et les porteurs de valises. UN TRAVAIL D'HISTOIRE L'organisateur de la rencontre, Bernard Deschamps a souligné qu'il s'agissait d'un «travail d'histoire» et a déploré «l'exploitation politique d'une émotion». Ancien député communiste et président de l'association «France El Djazaïr», il relève que l'association organise chaque année, un panorama du cinéma algérien avec projection de films sur l'histoire, sans que cela ne pose de problèmes. Pour lui, les appels à la manifestation hostile est le fait des lepénistes et de l'extrême droite. Le poids électoral des associations d'anciens combattants, des pieds-noirs et des harkis, dans le sud de la France, suscite ainsi des démarches de surenchères politiciennes.