Ces dernières semaines, les ministres FLN en exercice ont presque tous endossé l'habit de prétendants naturels à conduire les listes de candidats du parti dans leurs circonscriptions électorales d'origine ou dans celles où ils pensent être en mesure de faire gagner le FLN. Ils l'ont fait de la façon la plus voyante, en usant de leur statut de ministres en exercice, prétexte à l'enchaînement de «visites de travail» dans ces circonscriptions dont les buts électoralistes n'ont échappé à personne. Ils en sont pour leurs frais néanmoins puisque Belkhadem, instruit, semble-t-il, en haut lieu, a décidé que ni les ministres en exercice du parti, ni les membres de son bureau politique ne seront candidats pour ces élections législatives. Il y aurait trois raisons à la base de cette décision. La première étant que Bouteflika, qui est en même temps «président d'honneur» du FLN, n'a guère apprécié que les ministres candidats potentiels aient passé outre son injonction à ne pas user des privilèges de leurs fonctions pour leurs ambitions électorales. Il aurait d'autant décidé de les «sacquer» qu'ils ont été les instigateurs de l'opposition parlementaire à l'adoption de l'article de la loi électorale disposant que les ministres en exercice se portant candidats à une élection doivent préalablement démissionner de leurs postes. Mais aussi pour leur signifier la fin programmée de leur appartenance à l'exécutif gouvernemental Les deux autres relèveraient de la «salade interne» du FLN et parce que découlant de l'accord de «réconciliation» conclu par Belkhadem, au nom des légalistes, avec Salah Goudjil, pour le compte des «redresseurs». La mise «hors jeu» des poids lourds que sont les ministres en exercice et les membres du bureau politique permet de couper l'herbe sous les pieds des chefs de file du camp des «redresseurs», exclus eux aussi de la candidature au terme de l'arrangement intervenu entre Belkhadem et Goudjil. La manœuvre est subtile, car elle satisfait la base du parti et sera donc difficile à contester par les concernés des deux camps. Elle offre aussi l'avantage pour le FLN d'avoir une chance d'atténuer la dynamique du vote sanction qui plane sur ses listes. Il est vrai que des listes conduites par des ministres en exercice à la réputation sulfureuse et aux bilans décriés ou des caciques inamovibles mais sans stature et opportunistes à tout crin, sont susceptibles d'aggraver le risque de leur rejet par les électeurs, voyant dans la présence de ces personnalités controversées le parti pris du FLN du refus de son ouverture et du renouvellement de ses représentations. Nul doute que la décision prise soulève l'ire de ceux qui en font les frais. Raison pour laquelle Belkhadem en diffère l'annonce officielle jusqu'aux dernières heures qui précèderont le dépôt par le parti de ses listes de candidats. Les manifestations de leur contestation en seront ainsi réduites à un «baroud d'honneur» sans impact sur la base électorale du FLN. Mais pour aussi salutaire qu'elle sera considérée par les sympathisants de l'ex-parti unique, elle n'éloigne pas pour lui le spectre d'une déroute électorale, tant il est d'autres griefs justifiant aux yeux des électeurs qu'il lui soit infligé le vote sanction.