Le nouveau site vers lequel vient d'être transférée la station de taxis desservant la ligne Oran/Aïn El-Turck, à savoir le tronçon routier longeant le Théâtre de verdure, côté Rampe du commandant Ferradj (ex-Vallès), fait à priori l'unanimité. Usagers comme transporteurs estiment que l'endroit convient. Certains trouvent même que l'emplacement est idéal. «Ce lieu est le mieux indiqué pour les taxis de la Corniche. A l'aller, le client descend près du square à hauteur du siège de la direction générale de Sonelgaz, point de convergence de toutes les destinations vers le centre-ville comme vers les périphéries Oran-est, via Front de Mer ou la route du Port, et Oran-Ouest via Place d'Armes. Autrement dit, quand le passager en provenance d'Aïn El-Turck arrive au terminus, il trouve sans peine un moyen de transport pour rallier n'importe quelle destination étant donné qu'il est à la croisée des chemins, à l'intersection de toutes les lignes. De même, pour le retour, il n'est pas difficile de rejoindre cette station de taxis où qu'on soit et d'où qu'on vienne », explique d'un air satisfait un chauffeur de taxi, 25 ans de service sur cette desserte. Pour lui, comme pour tant d'autres transporteurs, le transfert vers ce site était, pas plus tard que le mois dernier, une «chose inespérée». Non seulement en raison de sa proximité avec le Mess des officiers - d'où l'impératif d'un périmètre de sécurité - mais également, voire surtout, en raison de l'importance de cette voie très circulable et à stationnement interdit et dont le trottoir boisé, du côté Théâtre de verdure comme du côté Promenade de Letang, n'est pas aménageable. Pourtant, c'est bien là où faisaient la file, autrefois, les taxis de la Corniche. Mais c'était il y a bien longtemps, au début des années 1980 en fait. Entretemps, le flux de voyageurs sur cette ligne, et en conséquence le nombre de prestataires, a fortement augmenté au point que cette aire en paraît nettement démesurée aujourd'hui. D'ailleurs, le choix de ce site «n'est pas encore officiel», fait savoir le secrétaire général du Syndicat national du transport de marchandises et de voyageurs (SNTT), M. Bouadjmi. En ce sens que la commission de la circulation de l'APC d'Oran n'a pas encore signé une décision d'aménager à cet endroit, une station de taxis à destination de la Corniche. «Cela devra venir; on a eu des promesses dans ce sens», ajoute Bouadjmi. En fait, ce sont les taxis eux-mêmes qui ont, de leur propre chef, élu domicile en ce lieu après leur refus concerté et collectif de déménager vers Sidi El-Hasni. «Aux autorités compétentes, nous avons dit que c'était facile de vous débarrasser de nous en nous envoyant vers Sidi El-Hasni, mais pouvez-vous vous débarrasser du public en l'expédiant vers cet endroit encombré et éloigné ? Car pour nous les taxis, peu importe le lieu qui nous est affecté. Où les clients iront, nous les suivrons. Or, ils refusent, à raison, d'aller à Sidi El-Hasni», déclare pour sa part un autre chauffeur de taxi, membre du même syndicat. La décision de la délocalisation des taxis de la corniche de la place du 1er Novembre 1954 est intervenue peu après le lancement des travaux du tramway dans ce secteur et le dispositif fort contraignant de restriction de la circulation qui s'en est suivi. A vrai dire, la décision d'affectation de ces taxis à l'ex-Place d'Armes, il y a près de cinq ans, a été prise un peu à la hâte et sous la pression d'une conjoncture exceptionnelle, en rapport avec la mise en place d'un périmètre de sécurité pour le nouveau Consulat général de France à Oran, ouvert en 2007. On a donc fait plutôt dans l'empressement pour faire de la place autour du consulat français, transférant les taxis de la Corniche qui se comptent par centaines vers cette place publique, en la «casant» dans une ruelle de 50 m, longeant le Théâtre Abdelkader Alloula. Il faut dire que dans ce cas également, l'administration a dû faire preuve de souplesse face au refus de la corporation d'aller à Sidi El-Houari ou à Sidi El-Hasni au motif que ces endroits seront inévitablement boudés par les usagers en raison de leur éloignement et leur insécurité. A cet encombrement spatial, s'est ajoutée la concurrence déloyale. Si, dans un premier temps, les chauffeurs de taxis supportaient, tant bien que mal, la promiscuité avec les clandestins de tous bords à l'ex-Place d'Armes, depuis l'arrivée du chantier du tram à ce point, les deux «clans» ne font plus bon ménage. Et pour cause, les «clandestins» racolent depuis les clients sur les bordures mêmes des palissades installés de part et d'autre du tracé du tramway, ne laissant aux taxis pratiquement que ceux qui refusent sciemment de prendre un «clandestin». Ce qui a donné lieu à un climat malsain, sur place, ponctué par des querelles et même des bagarres, ainsi que des rackets et agressions commis par des bandes de malfaiteurs contre des taxis et des passagers. C'est dans ces conditions de travail extrêmement décourageantes que les taxis ont déserté l'ex-Place d'Armes pour aller «chercher» les clients aux alentours du Théâtre de verdure, à quelques mètres de l'arrêt du bus de la ligne «14» (Oran/Mers El-Kébir). Un comportement qui a coûté à plusieurs d'entre eux le retrait de permis assorti d'amende. Cette riposte, sans traitement du problème à la source, la corporation s'en est vertement plainte. Le climat s'est envenimé davantage et il a fallu l'intercession positive et dynamique du SNTT pour apaiser la tension et rétablir l'ordre. Finalement, le feu vert a été donné par les autorités, aux taxis de la Corniche, pour le stationnement près du Théâtre de verdure, comme «mesure provisoire et expérimentale» en attendant une décision définitive et officielle. «Là, c'est l'endroit qui convient le mieux. Ce n'est en fait qu'un retour à la normale après trente ans d'errance et d'essais ratés. Pourvu que ça dure», souhaite une femme qui réside à Aïn El-Turck et travaille comme infirmière au CHU d'Oran.