Le coup d'envoi des travaux d'aménagement de l'Oued El Harrach a été donné, hier, sur site par le ministre des Ressources en eau, en présence des responsables de l'ensemble des instances et structures concernées. Les travaux d'aménagement de l'Oued El Harrach s'étaleront sur 42 mois et coûteront à l'Etat près de 38 milliards de dinars. « Après négociations, le groupement a revu certains prix à la baisse et a consenti un rabais de 2% sur le montant global en TTC, » disent les promoteurs du projet. Groupement composé de l'entreprise DAEWOO E&C (Corée du Sud) et COSIDER Travaux publics (Algérie). La consistance physique du projet se déclinera en un recalibrage et reprofilage de l'oued sur 18,2kms, un abaissement du lit de l'oued par un dragage sur 5km et l'aménagement et la protection des berges, la réalisation d'installations de pompage d'une capacité de 90 000 m3/jour pour assurer le débit d'étiage, la mise en place d'un système de contrôle et de surveillance de la qualité de l'eau ainsi qu'un système de prévision et d'alerte des crues. «L'aménagement de l'Oued vise aussi la réduction des risques d'inondations et son insertion dans l'espace urbain pour faire d'Alger une ville écologique,» disent ses promoteurs. «Il est prévu de faire de l'Oued El Harrach le nouveau centre de gravité de la baie d'Alger autour duquel seront implantés plusieurs projets structurants (grande mosquée d'Alger, Musée d'Afrique, stade de Baraki, gare centrale),» dit le responsable qui l'a présenté, hier, au ministre qui était accompagné du wali d'Alger, de walis délégués, de députés et de plusieurs directeurs centraux. La séance de présentation avec comme appui la diffusion d'un documentaire retraçant les différentes étapes et réalisations du projet ont eu lieu sous un chapiteau dressé sur les « Sablettes » d'Alger au bord de l'embouchure de l'Oued où des canaux de la protection civile simulaient à coups de rames, la possibilité de naviguer sur ces eaux une fois débarrassée de ses impuretés, de ses rebus, de sa vase et de sa boue. «L'Oued sera navigable sur une distance de 6 km, » promettra le chef de projet. Les objectifs visés par ces aménagements sont nombreux entre autres «lutter contre les pollutions, reconquérir la qualité de l'eau et restaurer la biodiversité et offrir la possibilité de réutilisation des eaux (espaces verts, réalimentation de la nappe et soutien du débit d'étiage). L'année 2015 ne marquera donc qu'une première étape de ce projet qu'on qualifie de « colossal». Il est d'ores et déjà annoncé trois autres étapes s'étalant jusqu'en 2029 puisqu'il englobera la réhabilitation et le réaménagement des communes de Mohamadia, El harrach, Baraki, Sidi Moussa, Hussein Dey, Bourouba, Bachdjarrah, Gué de Constantine, Saoula, Birtouta et Ouled Chebel. Il est ainsi prévu de réaliser en plus des projets structurants cités plus haut, trois jardins filtrants dont les plantes absorbent la pollution, la réalisation de 4 ponts piétonniers et 15 passerelles. Il est aussi prévu la réalisation de terrains de sports, de deux piscines, de pistes cyclables, de parcs écologiques, d'aires de jeux pour enfants, de terrains pour différentes activités sportives et une plantation de 27 000 arbres de différentes espèces ainsi que 120 540 arbustes. Une fois aménagé, l'oued sera accessible par 40 unités d'escaliers. «Le port d'Alger sera déplacé vers un autre endroit pour désencombrer les espaces,» soutient le chef de projet. Les différentes étapes d'aménagement croisent «cohésion et attractivité», «développement et durabilité», «tradition et modernité», «vouloir et pouvoir», «mobilité et proximité» et autres «détermination et concertation» à travers le renouvèlement urbain, la réhabilitation des façades, du front de mer et «des transversales» à savoir les communes populaires avoisinantes «à l'intérieur comme à l'extérieur de la ville d'Alger». Il est question d'accompagner ces travaux de projets tertiaires pour différentes activités, la création de trois nouvelles villes, de trois gares routières, la valorisation des voûtes algéroises. La construction d'un parlement (APN et Conseil de la Nation) est aussi programmée au niveau du Hamma. L'aménagement de la baie d'Alger est compris dans ce projet «colossal». Les travaux prévus coûteront 203 milliards DA sur une période de 15 ans. «La ville d'Alger va changer par petites touches, on doit croire au rêve parce que c'est réalisable,» nous a déclaré le wali d'Alger, Mohamed Addou. Il ne cachera pas que «ça ne sera pas facile parce qu'il y a des habitudes tenaces.» Il qualifie l'Oued El Harrach de «colonne vertébrale d'une vision stratégique à long terme pour réhabiliter toute la ville d'Alger». Addou évoque dans ce cadre, la réhabilitation de plus de 61 communes avoisinantes. «Dans trois ans, les Algérois seront fiers de leur capitale », promet le wali. Interrogé sur l'origine des palmiers plantés tout au long des rocades, le wali d'Alger affirmera qu'ils viennent du Sahara algérien. «Ils sont bien de chez nous, le palmier revient à 45 000 DA hors taxes et entre 65 à 70 000 DA TTC, 1500 palmiers seront plantés tout au long de la rocade sud, » fait-il savoir.