C'est un cycle serré : Tarek Mameri, Mohammed Smaïn, une journaliste, des militants accusés d'avoir eu l'idée de tentative d'attroupement etc. Quelque chose est en marche en Algérie, pendant que quelque chose est en panne à la Présidence. Sauf que ce n'est même pas une dictature normale, certifiée, connue et labélisée. Il n'y a pas de dictateur, sauf un homme assis dans cercle fermé, entouré par un système debout sur le dos d'un peuple assis. C'est ce qui fait que la machine est en marche pendant que le volant est en méditation sur ses fins dernières et l'au-delà. C'est ce que Chawki Amari d'El Watan a appelé « l'abus d'obéissance », versant obscur et larbin de « abus de pouvoir ». La machine qui roule au pétrole brut ne connaît que cela comme exercice : réprimer ou ne rien faire. Donc, elle réprime, par cycles d'éveils et de ralentissements, souvent dans la cécité mais aussi dans l'application. Le Président assis peut jurer que le délit de presse, d'opinion et de gestion n'est plus pénal, cela n'empêche pas la machine animale de mastiquer puis de mâcher et d'avaler. La machine sans yeux croit que c'est ainsi qu'elle peut plaire ou que c'est sa mission : casser et dévorer. La machine ne fait pas de politique mais use de la force. La politique, on la laisse aux figurants : le FLN, Belkhadem et son tampon, Ouyahia et son don de trapéziste entre dictionnaires vertigineux. Donc, pas de pitié : militants condamnés, Alger fermé, Tarik condamné, Youtube inculpé, chômeurs accusés etc. Quand le système n'a pas de consigne, il revient à sa nature. Vers où va le système ? C'est une machine d'instinct : cela sent la faiblesse de l'autre, le crash du printemps « arabe », le retour du vide et la solitude du militant. Cela pressent un peu le calcul de l'Occident, la sécurité de l'approvisionnement en gaz, le pétrole, le Sahel et le Mali et les besoins des voisins. Donc cela se traduit sur le terrain et sur la peau des militants algériens et leur os. Donc le système va frapper dans le vide et l'inattention internationale, durant cet intermède qui va du discrédit de « la révolution », au mandat de 2014. On le sait : les Rois malades sont propices aux gouvernants méchants et aux seigneurs obscurs. C'est quand les Présidents sont malades que le système s'emballe, lâche ses chiens et ses dents et frappe et met en prison. Dans une sorte de mélange entre la panique et l'excès de licence et de liberté. Quand l'ambassadeur adjoint du Royaume-Uni, en Algérie, M. Bernhard Garside, affirme, en assureur tout risque, que l'Algérie est un pays «stable et crédible», cela se traduit et se comprend aisément par la machine. C'est le fameux effet papillon : un mot gentil pour le régime, au Japon est une tempête sur la tête d'un Tarek Mameri, en Algérie.