On peut soupçonner, et à juste titre, la plupart des gouvernements de la planète qui oeu-vrent (ou font semblant), pour le bonheur des populations qu´ils représentent, d´un manque de sincérité quand ils forcent un peu la dose dans leur système de communication. En clair, cela voudrait dire qu´ils font plus d´effort pour soigner le message dans ses formes que dans son contenu. Il faut reconnaître d´ailleurs que peu de gouvernements, sauf ceux issus de coups d´Etat ou d´élections truquées, peuvent se permettre de tromper leur électorat plusieurs fois de suite, vu que les résultats de leur gestion se traduit concrètement dans la vie quotidienne du citoyen qui n´a que l´urne (quand il la contrôle vraiment!) pour sa défense. Donc, les gouvernements nommés ne se contentent pas de mettre en pratique le programme conçu par le parti au pouvoir ou les partis coalisés: ils devront sans cesse mobiliser l´opinion nationale pour donner une certaine crédibilité à leur action... Les explications données à la presse, les interviews à la télé ou à la radio, les prospectus, les inaugurations, forment une batterie de moyens pour faire de la publicité à l´action gouvernementale. Il en est un autre qui est de plus en plus utilisé pour sensibiliser les citoyens: la journée de... C´est un moyen de décliner à volonté, sans crainte d´épuisement tous les thèmes qui peuvent être traités par les gouvernements ou les institutions qui en dépendent. Ainsi, quand, sous l´injonction des responsables du FLN, fut décidée la création de l´Ugta autour de Aïssat Idir, un certain 24 février 1956, c´était certainement pour mobiliser les travailleurs algériens qui étaient assujettis à ce moment-là à un seul syndicat: Force ouvrière, syndicat maison du pouvoir colonial. On ne sait pas pourquoi a été choisie cette journée du 24 février: en tout cas ce n´était sûrement pas pour honorer la mémoire de Saint-Matthias, cet obscur apôtre qui remplaça Judas au lendemain de sa trahison. Par contre, quand Boumediene prit la décision de nationaliser les hydrocarbures, il le fit un 24 février, pour signifier sa sympathie au monde ouvrier et lui faire sentir que tout ce qui se faisait, c´était en faveur des masses laborieuses. Mais depuis Boumediene, beaucoup de gaz et de pétrole ont coulé à travers les pipe-lines, comme ont coulé tant d´entreprises florissantes. Et les 24 février n´ont plus le même goût qu´avant, surtout après la tentative de privatisation de Sonatrach ou après les affaires qui lui sont liées. Comme aussi l´Ugta d´aujourd´hui n´a ni le goût ni la qualité de celle d´hier, surtout avec l´émergence des syndicats autonomes. Qui se souvient du slogan longtemps affiché au port d´Alger, en haut de l´entreprise Sogedia, qui fabriquait huiles, savons, savonnettes et margarine, «Goût d´hier, qualité d´aujourd´hui»?