Tandis que les assureurs tentent de mettre de l'ordre dans la guerre des tarifs au sein d'une branche automobile qui reste la locomotive du secteur, les assurances de personnes, récemment filialisées, sont en chute libre. Le Conseil national des assurances (CNA), aujourd'hui seule institution capable de produire de façon régulière des informations fiables sur la situation du secteur, a annoncé un chiffre d'affaires de 24,8 milliards de dinars au premier trimestre 2012. La croissance enregistrée sur les 3 premiers mois de l'année ne dépasse pas 2,7%. Un résultat fort modeste causé essentiellement par la régression brutale du chiffre d'affaire des assurances de personnes. Les assurances dommages au contraire connaissent une croissance plus soutenue et estimée à 8% par le CNA. Au sein de ces dernières, l'assurance automobile continue d'être le moteur de l'activité du secteur avec un chiffre d'affaires en hausse de plus de 9 % et une part de marché qui atteint désormais 60%.Le principal pilier de l'activité des compagnies publiques comme privées est donc plus que jamais constitué par la branche automobile. Une position confortée par la croissance rapide « d'un parc automobile de plus en plus jeune, incitant à la souscription aux garanties dommages et qui s'est réalisée malgré la suppression des crédits à la consommation intervenue en septembre 2009 ». La croissance du parc n'est cependant pas seule en cause. La branche se caractérise aussi par la diversification des produits proposés à la clientèle et la souscription de garanties facultatives qui représentent désormais un peu plus de 80% de la production de la branche auto. LA FIN DE LA GUERRE DES TARIFS DANS L'ASSURANCE AUTO ? Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des petits mondes de l'assurance-auto si différents acteurs ne signalaient de longue date la persistance, voire même le développement dans la période récente, des déséquilibres et des pratiques plus ou moins déloyales. C'est l'élément marquant de la branche auto au cours des dernières années.Au chapitre des déséquilibres financiers tout d'abord, le président de l'Union des assureurs et des réassureurs (UAR), Amara Latrous affirme qu'à chaque fois qu'une compagnie d'assurance encaisse 100 dinars de prime sur la responsabilité civile obligatoire, elle paye 237 dinars de sinistres. 80 % des 36 milliards de dinars de règlement de sinistres effectués en 2011 ont été versés au titre de la branche automobile. Le maillon faible dans la profitabilité de l'activité en 2011 malgré la décision prise il ya 3 ans de majorer de 20% les tarifs,fixés par l'Etat, de l'assurance obligatoire. D'où l'introduction probable et peut être prochaine,déjà évoquée par les responsables de l'UAR, d'une nouvelle demande d'augmentation des tarifs. Si la plupart des compagnies parviennent à compenser le déficit de l'assurance obligatoire grâce aux revenus procurés par les garanties facultatives, certaines d'entre elles n'hésitent pas à évoquer dans ce dernier domaine une guerre des tarifs. Des remises multiples et de pratiques de dumping qui les font parler d' « une concurrence sauvage qui fait perdre au secteur plusieurs milliards de dinars de chiffre d'affaires ».C'est dans le but de mettre de l'ordre dans ces pratiques qu'un protocole d'accord a été finalement signé la semaine dernière dans le domaine de l'assurance tous risques. L'accord conclu par 13 assureurs publics et privés et approuvé par le ministère des finances fixe à 50% les abattements sur les tous risques automobiles au profit des entreprises et à 30% les remises en direction des particuliers. Il devrait être appliqué dès la rentrée prochaine. COUP D'ARRET BRUTAL Les performances mitigées des assurances algériennes n'empêchent pas les compagnies privées de continuer à augmenter régulièrement leur part de marché. Au premier trimestre 2012, la hausse de leur chiffre d'affaires, supérieure à 4%, est de nouveau sensiblement plus rapide que la moyenne du secteur tandis que leur part de marché est désormais proche des 30%. Un domaine d'activité s'annonçait jusqu'à une date récente comme particulièrement prometteur pour les assureurs privés. Il s'agit de la branche à fort potentiel et en développement rapide des assurances de personnes dans laquelle, selon les données fournies par le CNA, ils faisaient quasiment jeu égal(plus de 42% de part de marché) au premier semestre 2011 avec les compagnies publiques. Les assurances de personnes qui représentaient un peu plus de 8% de la production globale du secteur en 2010 et 2011 étaient mentionnées ces dernières années comme un domaine de croissance privilégié par l'ensemble des compagnies privées. Des perspectives qui ont connu pour l'instant un coup d'arrêt brutal. Depuis le 1er juillet 2011, l'ensemble des compagnies d'assurances algériennes ont été tenues de séparer les assurances de personnes et les assurances de dommages en créant des filiales distinctes Jusqu'ici, seules les trois compagnies publiques ont constitué des filiales spécialisées et étaient donc autorisées à souscrire et à commercialiser des produits d'assurance de personnes. Elles ont été rejointes tout d'abord par la nouvelle compagnie Macir-vie créée par la CIAR, première compagnie privée algérienne par le chiffre d'affaires ainsi que par la filiale assurances de personnes d'Axa -Algérie. De nouveaux acteurs qui n'ont paspour l'instant pu empêcher la chute brutale du chiffre d'affaire des assurances de personnes qui n'a pas dépassé 1 milliard de dinars au premier trimestre 2012 et représente actuellement à peine 4% de l'activité des assurances algériennes.