Les vergers et autres petites exploitations agricoles, essaimés notamment sur le territoire des communes de Bousfer et d'El Ançor, dans la daïra d'Aïn El Turck, imposent un semblant de concurrence à la spéculation, qui sévit dans le secteur du commerce des fruits et légumes. En effet, la tomate, le poivron, le concombre et les haricots verts pour ne citer que ceux-là, ainsi que les fruits de saison, ramenés par les agriculteurs des villages de Sidi Hamadi et Guedarra, dans ladite daïra, constituent une véritable aubaine pour la ménagère avertie. Leur fraîcheur et leur prix abordable justifient le rush, relevé à la veille du mois de Ramadhan, vers les étalages de fortune des revendeurs, dressés dans les quartiers populaires des communes d'Aïn El Turck, de Bousfer et d'El Ançor. A titre d'exemple, la tomate provenant d'un verger du village de Sidi Hamadi, situé dans une zone frontalière délimitant la daïra d'Aïn El Turck à celle de Boutlélis, est proposée à 30 dinars le kilo dans le quartier St Maurice, au sein de la commune d'Aïn El Turck. Pour le même poids, elle est cédée à partir de 45 dinars dans le marché des fruits et légumes de ladite commune. Des différences de prix atteignant les 15 dinars, voire plus parfois, sont constatées dans les marchés desdites communes et ce, par rapport aux produits provenant des vergers, qui sont proposés à la vente par des revendeurs. Malheureusement, plus particulièrement pour les petites bourses, les petites quantités rapportées par ces agriculteurs sont rapidement épuisées. «Nous ne disposons que d'une petite superficie de terre agricole. La récolte n'est pas très importante, mais nous n'avons pas à nous plaindre, du moment que nous écoulons tous nos produits» a commenté un fellah de la région de Guederra, dans la commune d'El Ançor. Notre interlocuteur a confié qu'il revend en gros les légumes rapportés de son petit verger à un revendeur d'eau potable, installé dans le douar Maroc, au sein de la commune d'Aïn El Turck. Ce dernier a fait remarquer que «les temps sont durs et je ne gagne pas grand-chose en revendant uniquement de l'eau potable. Mon fournisseur en légumes est un ami de longue date et il me concède des prix très abordables. J'en fais de même avec mes clients, qui sont en grande majorité dans le besoin ». Toujours est-il que, les petites récoltes ramenées de ces vergers, qui irritent les marchands des fruits et légumes installés dans les marchés de ladite daïra, suscitent l'effet contraire chez les ménagères, issues de familles à faible revenu. « Il m'arrive même d'acheter directement du verger appartenant à un membre de ma famille. La différence du prix est énorme par rapport au marché et la fraîcheur prime encore beaucoup plus» a confié un père de famille, demeurant dans la bourgade Ouadite, sise dans la commune de Bousfer. Notre interlocuteur a renchéri «j'ai déjà effectué presque tous mes achats, dictés par la nécessité de la cuisine du mois sacré et cela m'a permis d'amortir mes dépenses en me référant aux prix affichés dans les souks». Même son de cloche chez nombre de responsables de famille, qui s'approvisionnent auprès des revendeurs de fruits et légumes provenant des vergers.