Durant ces premiers jours du mois de Ramadhan, les urgences médico-chirurgicales des différentes structures de santé ne chôment pas. Juste après le f'tour, les urgences médicales connaissent un afflux important de personnes blessées ou souffrant de troubles digestifs, dus à une surconsommation et un mélange d'aliments riches en graisses et en sucre. Près de 300 malades souffrant de douleurs au niveau de l'estomac dues à leur « mauvaise manière » de rompre le jeûne, ont été pris en charge au niveau des différentes structures de santé durant les trois premiers jours du mois du Ramadhan. La plupart des malades viennent à l'hôpital une heure après le f'tour. De tous âges, ils viennent atténuer leur souffrance après un repas très copieux. «Ces personnes souffrent dans la plupart du temps de problèmes digestifs. En effet, il a été observé que les jeûneurs privilégient des repas excessivement riches pour compenser l'absence d'apports alimentaires au cours de la journée et pallier la sensation de faim. Ainsi, la consommation de protides, glucides et lipides augmente, tandis que la consommation de crudités et d'eau diminue. Cette dernière est remplacée par une consommation accrue d'excitants comme le café, le thé, les jus de fruits et autres boissons gazeuses» dira un médecin urgentiste. Avant d'ajouter : «25 à 40% des malades souffrent de troubles dyspeptiques représentant la première cause de consultation. La dyspepsie est apparemment plus fréquente au cours du mois de Ramadhan. L'apparition de symptômes dyspeptiques relève d'une mauvaise alimentation au moment de la rupture du jeûne du fait de l'association fréquente et excessive d'aliments trop gras, trop sucrés, trop épicés, d'excitants (café, boissons gazeuses...), ce qui a pour conséquence une irritation digestive à l'origine de douleurs. La dyspepsie peut aussi s'expliquer par une prise alimentaire trop rapide rejoignant les effets d'autres facteurs tels que le stress ou l'anxiété». Cependant il n'y a pas que les personnes souffrant d'intoxications alimentaires ou de douleurs d'estomac qui ont afflué aux urgences. Les blessés constituent une bonne partie des patients, souvent des cas d'une extrême urgence et nécessitant une intervention rapide des médecins. «Les urgences accueillent beaucoup de blessés victimes des accidents de la route, des personnes victimes de coups et blessures volontaires suite à des disputes ou à des agressions», souligne notre interlocuteur. Une moyenne de 30 blessées entre accidents et agressions est enregistrée quotidiennement durant ce mois de Ramadhan. Outre, les accidents, la canicule figure également parmi les causes des évacuations en urgence à l'hôpital. Les asthmatiques sont les premiers à souffrir de la chaleur et de l'humidité de ces derniers jours. Il y a aussi des malades chroniques «indisciplinés», notamment les diabétiques insulinodépendants et les hypertendus qui ne respectent pas les recommandations de leurs médecins et leur régime alimentaire. Les sources médicales interrogées sur le nombre important de patients qui se présentent quotidiennement aux urgences ont indiqué que sur ces dizaines de malades, 25% seulement sont réellement malades et souffrent de pathologies nécessitant une exploration. Les urgences médicales des différents hôpitaux se retrouvent à chaque mois de Ramadhan bondés de «vrais» et de «faux» malades. Les urgences médicales sont ainsi confondues avec un service de consultation. «C'est de faux malades qui auraient pu être pris en charge au niveau des établissements de santé de proximité (EPSP)», a indiqué un médecin urgentiste. Et d'ajouter que «la logique des choses indique qu'afin d'assurer une prise en charge optimale des malades urgents, on doit faire les tris. Les cas critiques sont pris en charge au niveau des UMC et les autres sont orientés vers les EPSP. Au niveau du service des urgences de l'hôpital d'Oran, chaque soir, la salle d'attente s'avère exiguë pour contenir toute cette affluence. Tout le monde se plaint, les malades d'une part (stress et douleur) et les employés d'autre part (surcharge de travail) car tous sont dépassés. Sur les lieux, on a remarqué que le personnel du service des urgences médico-chirurgicales ne cesse pas de travailler, c'est tout un enchaînement sans arrêt, surtout quand ils ont à faire face à des cas dits délicats et sensibles, voire les malades nécessitant une hospitalisation dans la salle de déchocage. «Le mois de Ramadhan est une période de l'année où la plupart des urgences sont en alerte, d'autant que les cas d'intoxication sont fréquents. Les blessures graves viennent en seconde position après les intoxications. 20% des personnes accueillies aux urgences sont soit victime d'un accident de la circulation ou d'un accident domestique», explique un infirmier. Pour leur part, des malades interrogés se plaignent du retard accusé dans leur prise en charge. Les efforts fournis par le personnel ne sont pas toujours suffisants pour prendre en charge le nombre important de patients.