Des praticiens de la santé publique, généralistes et spécialistes, reconnaissent qu'il y a eu amélioration dans la fourniture de médicaments. La situation qui a prévalu dans le secteur de la santé depuis quelques années a connu une amélioration dans les deux derniers mois, nous a affirmé, hier, le président du SNPSP, Dr Lyes Mérabet dans un entretien téléphonique. Notre interlocuteur précise qu'il s'agit «seulement d'une amélioration» alors que la situation reste marquée par de nombreuses insuffisances dans la distribution des produits pharmaceutiques, réactifs, consommables et vaccin. Il ajoute qu'au niveau des structures hospitalières, la situation est perçue autrement, car s'il y a suffisamment de médicaments au niveau de la pharmacie centrale (PCA), organisme importateur et distributeur étatique, au niveau des structures opérationnelles (établissements hospitaliers et polycliniques) le manque, et en dépit de cette amélioration, existe toujours. Il citera à titre d'exemple les réactifs et produits nécessaires pour analyses. Le manque est toujours persistant. Quant aux différents programmes nationaux de vaccination pour enfant, ils accusent un retard dans leur réalisation. L'on souligne en ce qui concerne la vaccination, que les vaccins pour la coqueluche et les pathologies respiratoires font toujours défaut autant que le vaccin pour l'hépatite B. Il est signalé, également, que l'institut Pasteur ne fournit que le 1/10 des besoins exprimés par le secteur de la santé. Les contraceptifs oraux pour le programme d'espacement des naissances ne sont pas encore disponibles. Le président du Syndicat des médecins praticiens de la santé publique (SNPSP) estime qu'il y a lieu de reconstituer les stocks de sécurité au niveau des structures de la santé et en urgence. La mauvaise gestion et la mauvaise distribution ne sont pas les seules causes pouvant conduire à ce genre de situation. Lyes Mérabet explique: la «chronicité du manque de médicament est inhérente dans une grande partie de notre dépendance en médicament». Estimant à 75% le taux de médicaments importés, les syndicats autonome de la santé publique parlent d'une «fuite en avant» injustifiée et voient mal comment en si peu de temps l'on peut inverser la donne actuelle. Notre interlocuteur rappellera que dans les débuts des années 2000, les praticiens de la santé ont été associés aux débats sur la réforme de la santé et ont émis leurs préoccupations sur un secteur «qu'ils connaissent mieux que quiconque». A cette époque, il a été convenu par tous les acteurs de la santé y compris le ministère, d'«asseoir une industrie pharmaceutique dans le pays». L'entente était de réduire la facture d'importation qui était de 600 millions de dollars. En 2011 ce sont quelque 2,4 milliards de dollars qui sont partis dans l'achat de médicaments. «Il est improbable que la facture d'importation de médicaments soit moins élevée que celle de l'année précédente, puisque seulement au premier trimestre de l'année en cours, ce ne sont pas moins de 750 millions de dollars qui ont été déjà dépensés pour l'achat de médicaments » conclut Lyes Mérabet.