Les combats se sont intensifiés hier dans la capitale syrienne Damas et dans Alep où l'opposition tient plusieurs quartiers névralgiques de la ville. Les combats sont intenses, notamment à Alep où les rebelles ont tenté de plastiquer le siège de la Télévision, alors que l'aviation a, à plusieurs reprises, tiré sur les cibles urbaines, selon des témoignages. Plus qu'à Damas, le sort de la ville d'Alep met en jeu le destin de la Syrie et celui de la révolte contre le régime de Bachar al Assad, qui s'est rapidement militarisé avec le soutien des pays occidentaux et la fourniture d'armes par l'Arabie Saoudite, le Qatar, selon des sources occidentales. Les combats entre troupes régulières et combattants de l'armée syrienne libre (ASL) se déroulent dans plusieurs villes du pays, avec une mention particulière pour Alep, verrou stratégique pour les deux camps. Selon un responsable de l'armée syrienne, la bataille d'Alep n'a pas commencé pour le moment et les bombardements, notamment de l'aviation contre les positions de l'ASL, ne sont que des préparatifs. «La bataille d'Alep n'a pas commencé, ce qui se passe actuellement n'est qu'un hors-d'oeuvre», a-t-il affirmé, avant d'ajouter que 'le plat principal viendra plus tard». Sur le front diplomatique, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté, vendredi, une résolution qui n'a qu'une portée limitée et non contraignante, à la différence des textes adoptés par le Conseil de sécurité, qui dénonce notamment, le pilonnage des villes rebelles par l'armée syrienne. Rédigée par l'Arabie Saoudite et proposée par le groupe des pays arabes à l'ONU, elle a été adoptée par 133 voix, 12 pays ayant voté contre, dont la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité. Sur ce volet principalement, la Chine a violemment dénoncé la position des pays occidentaux sur la gestion de la crise syrienne et rejeté ses critiques. Pour Pékin, les critiques qui lui sont adressées quant à son veto sur les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sapent en fait une résolution politique du conflit. «A maintes reprises, nous avons affirmé, aux différentes parties, que les demandes et aspirations du peuple syrien pour un changement et pour défendre leurs intérêts légitimes, méritaient le respect», a souligné hier Wang Kejian, un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères. «La Chine adopte une attitude positive et d'ouverture» concernant la Syrie, a-t-il assuré au lendemain de l'appel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon aux grandes puissances, leur demandant de surmonter leurs «rivalités» pour mettre fin au conflit. «Les pays qui formulent des critiques infondées, à propos de la position chinoise sur la Syrie, en défendant leurs propres intérêts géostratégiques, tentent d'entraver ou même de saper le règlement politique du conflit. En même temps, ils tentent de faire porter la responsabilité des difficultés à d'autres pays», a soutenu M. Wang. Pour l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Arnaud, il s'agit surtout pour le camp occidental de travailler la Russie et la Chine pour que ces deux pays abandonnent leur soutien au régime d'Al Assad. «Les Russes nous disent que, pour eux, c'est Assad ou les islamistes, qu'ils n'aiment pas particulièrement Assad mais qu'ils ne veulent pas des islamistes. Nous, nous leur répondons qu'avec leur politique, ce sera Assad puis les islamistes. Parce qu'Assad tombera et plus nous attendons, plus il y aura une radicalisation de la résistance'', a-t-il dit. 'Déjà nous voyons apparaître Al-Qaïda en Syrie et à la fin du compte, nous aurons le résultat que craignent les Russes», a-t-il estimé. Pour le diplomate français, il faut 'convaincre les Russes et les Chinois qu'ils font fausse route et qu'ils nous entraînent dans le désastre final, la guerre civile, le chaos et à la fin peut-être la victoire des radicaux alors que pour le moment, c'est la population syrienne qui combat, ce ne sont pas des radicaux». Le conflit syrien a fait plus de 20.000 victimes depuis le début de la révolte, et provoqué le départ de milliers de Syriens vers le Liban, le Maghreb dont l'Algérie, la Jordanie, la Turquie et même des pays d'Asie centrale.