Le Conseil de sécurité de l'ONU s'apprête à voter ce mercredi sur un projet de résolution occidental prévoyant des sanctions contre Damas, un texte menacé par un double veto de la Russie et de la Chine, alliées de la Syrie où la situation a atteint un "point critique". Présenté par les Européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal) et les Etats-Unis, le projet menace le gouvernement syrien de sanctions économiques s'"il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition", tout en prolongeant pour 45 jours la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus). La Russie a dit clairement qu'elle opposerait son veto à ce texte. La Chine peut aussi lui emboîter le pas, selon plusieurs diplomates, les deux pays étant des alliés de longue date de la Syrie. "Nous allons vers un double veto russe et chinois", a indiqué un diplomate occidental. Il prévoit aussi que de son côté la Russie ne parviendra pas à recueillir les neuf voix, sur 15 pays membres, qui lui permettraient de faire adopter son propre projet de résolution qui prolonge la Misnus pour trois mois mais ne parle pas de sanctions contre Damas. Moscou et Pékin avaient déjà bloqué à deux reprises des résolutions du Conseil, pour protéger Damas, depuis le début en mars 2011 de la révolte en Syrie qui s'est transformée par la suite en un conflit armé entre forces gouvernementales et opposants au pouvoir en place. En attendant le vote cet après-midi à l'ONU, l'émissaire international pour la Syrie et auteur d'un plan de paix, Kofi Annan, poursuit ses contacts dans le cadre de ses efforts visant à trouver un règlement pacifique au conflit syrien à travers surtout la relance de son plan. Mardi, l'ancien secrétaire général de l'ONU a affirmé que la situation en Syrie avait atteint un "point critique" et que le Conseil de sécurité onusien devait souligner qu'elle était "inacceptable", à l'occasion d'entretiens à Moscou avec le président russe, Vladimir Poutine. Ce dernier a, de son côté, assuré que la Russie, allait "tout faire" pour soutenir ses efforts en vue d'une sortie de crise. Le successeur d'Annan à l'ONU, Ban Ki-moon s'est pour sa part, déplacé à Pékin où il a demandé mercredi au président chinois Hu Jintao l'appui de la Chine avant un vote du Conseil de sécurité sur le projet de résolution occidental. "J'espère sincèrement que les membres du Conseil de sécurité seront unis et vont agir", a déclaré M. Ban après une rencontre à Pékin avec le président chinois. "Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Tant de gens ont perdu la vie depuis si longtemps", a déploré M. Ban. Plus de 17.000 personnes sont mortes en Syrie en 16 mois de révolte contre le gouvernement en place, selon les estimations de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Avant de se rendre à Pékin, M. Ban avait appelé samedi le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi pour demander à la Chine "d'user de son influence" pour faire appliquer le plan de paix de Kofi Annan et le communiqué du Groupe d'action sur la Syrie, qui prévoit une transition politique à Damas. Le plan Annan contient six points : l'arrêt des violences, le retrait des chars des villes, la libération des personnes arrêtées dans le cadre de la révolte, la libre circulation des médias et de l'aide humanitaire ainsi que l'ouverture d'un dialogue politique. Sur le terrain, les violences et combats font rage alors que les rebelles syriens ont lancé ce qu'ils appellent la "bataille pour la libération" de Damas. Mercredi matin, le ministre syrien de la Défense, le général Daoud Rajha, a été tué dans un attentat suicide qui a visé le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas, a annoncé la télévision d'Etat syrienne. Il s'agit du premier haut responsable syrien à être tué depuis le début de la révolte. Des sources de sécurité ont affirmé de leur côté que plusieurs blessés, dont le ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, ont été transportés à l'hôpital al-Chami dans la capitale. Lundi soir, un porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) en Syrie, Kassem Saadeddine, a proclamé : "La bataille pour la libération de Damas a commencé et les combats ne cesseront qu'avec (la chute) de la capitale". Depuis dimanche, les combats, les plus violents depuis le début de la révolte se déroulent dans plusieurs quartiers de la capitale dont celui de Midane, près du centre-ville, où, selon une source militaire, l'armée est entrée et a donné un ultimatum aux habitants de quitter les lieux avant un assaut imminent. Dans le quartier de Qaboun (est), "où se trouvent le gros des rebelles", les "combats ont fait rage", a ajouté la source militaire, en assurant que "33 terroristes ont été tués, 15 blessés et 145 arrêtés", en référence aux rebelles, Damas attribuant les troubles dans le pays à des "terroristes". Par ailleurs, l'OSDH a fait état de la mort d'une soixantaine de soldats de l'armée syrienne ces dernières 48 heures à Damas dans des combats avec les rebelles de l'ASL.