Les Etats-Unis, excédés par la position figée de l'Onu et de son Conseil de sécurité qui n'a pas voté de résolution contraignante contre le régime syrien, montrent des signes d'impatience et semblent prêts à intervenir dans la crise syrienne et faire tomber le régime de Bachar Al Assad avec l'aide d'un puissant allié, membre de l'Otan, la Turquie. Ce n'est un secret pour personne que les officines du renseignement américain travaillent déjà avec les rebelles syriens en leur fournissant des moyens de communication et de détection de cibles, pour au moins soutenir la comparaison avec la puissance de feu de l'armée syrienne. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton va ainsi se rendre samedi prochain en Turquie où elle discutera avec les responsables turcs de la crise syrienne. Et des moyens de faire tomber le régime en place à Damas. Selon une porte-parole de la Maison-Blanche, «Mme Clinton va à Istanbul pour des consultations bilatérales avec le gouvernement turc sur la Syrie et pour couvrir d'autres questions d'actualité». La visite à Ankara de Hillary Clinton devrait permettre aux deux pays de coordonner l'aide que les Etats-Unis veulent déployer en direction de l'opposition syrienne et soutenir un peu plus avec une logistique conséquente l'armée syrienne libre (ASL). En début de semaine dernière, le président Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avaient indiqué, lors d'une conversation téléphonique, qu'ils voulaient «accélérer la transition politique» en Syrie et le départ du président Bachar al-Assad. Ils ont également évoqué «leur inquiétude grandissante vis-à-vis des attaques sans pitié du régime syrien contre son propre peuple, le plus récemment à Alep, et la situation humanitaire qui est en train de se détériorer dans toute la Syrie, par la faute des exactions du régime». La mission de Clinton en Turquie est claire: explorer les moyens à mettre en oeuvre pour faire tomber le régime d'Al Assad, soutenir la rébellion et éviter une catastrophe humanitaire en Syrie. Pour autant, cette visite ne sera pas sans provoquer une certaine tension entre les pays occidentaux, qui soutiennent avec la Turquie les insurgés, et de l'autre la Russie et la Chine, qui veulent un règlement négocié de la crise syrienne sans ingérence étrangère. Et, pour les membres permanents du Conseil de sécurité, qui n'a pu voter une seule résolution condamnant le régime syrien du fait des veto russe et chinois, il existe une réelle guerre éculée entre l'Est et l'Ouest qui fait retarder une issue moins coûteuse en vies humaines à la crise politique en Syrie, qui s'est militarisée. ALEP, LE JOUR D'AVANT LA GRANDE BATAILLE A Alep, le temps semble s'être mis au rythme des bombardements et des pilonnages de l'aviation des quartiers aux mains de l'opposition. Les combats faisaient rage hier, à la veille d'une offensive de grande envergure promise par l'armée syrienne pour nettoyer la ville de l'emprise de l'ASL. L'armée a achevé hier l'envoi massif d'importants renforts à Alep et est désormais prête pour la bataille «décisive», a affirmé un haut responsable de l'armée syrienne. «Tous les renforts sont arrivés et encerclent la ville. L'armée est prête désormais pour lancer l'assaut décisif mais attend les ordres», a affirmé cette source. Au moins 20.000 militaires ont été déployés pour la bataille d'Alep, alors qu'en face l'ASL a déployé entre 6.000 et 8.000 combattants. A Damas, l'armée syrienne aurait repris hier le contrôle de la ville. «Nous avons nettoyé tous les quartiers de Damas, de Midane à Mazzé, Qadam, Hajar al Aswad et Tadamoun», a affirmé un général en charge des opérations au quartier Tadamoun. «L'armée syrienne libre s'est retirée de Tadamoun mais ses membres sont présents dans toute la capitale où ils mènent des attaques ciblées avant de disparaître», a indiqué de son côté une militante proche de l'ASL, Lena al-Chami. Par ailleurs, le rapt d'une quarantaine de pèlerins chiites iraniens samedi à Damas a tourné hier à une vive polémique sur leur identité, l'opposition les accusant d'être des militaires iraniens en mission en Syrie, alors que Téhéran assure qu'ils ne sont que des pèlerins. Les combattants de la brigade Al-Baraa de l'armée syrienne libre «ont capturé 48 miliciens iraniens qui étaient en mission de reconnaissance à Damas», affirme un membre de l'ASL dans une vidéo diffusée sur YouTube. «Lors des interrogatoires, il a été révélé que certains étaient des officiers des Gardiens de la révolution», ajoute t-il, montrant des documents appartenant aux otages iraniens, notamment un permis de port d'armes.