Plus que les pays occidentaux, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis qui avaient remué 'ciel et terre'' et déclenché un déluge de feu pour faire tomber Saddam Hussein (mort par pendaison), puis Maamar Kadhafi (tué d'une balle en pleine tête), les pays arabes du Golfe sont décidés à faire tomber le régime de Bachar Al Assad. En plus d'un soutien matériel en armes de guerre et financier de plus en plus important, les monarchies du Golfe ont ouvert un front diplomatique pour accélérer la fin du règne des Al Assad, des Alaouites. Alors que la réunion programmée hier de la Ligue arabe à Djeddah a été reportée sine die sans aucune explication, l'Arabie saoudite a maintenu celle prévue dans la soirée de la même journée qui devait réunir les chefs de la diplomatie du CCG (Conseil de coopération du Golfe), où Ryad et Doha jouent une partition particulière pour introniser à Damas un nouveau régime, du moins liquider celui du clan des Al Assad. La réunion d'»urgence de la Ligue arabe devait notamment discuter du remplacement du médiateur Kofi Annan, démissionnaire, par l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi, car étant pressenti pour lui succéder. Par contre, la réunion des chefs de la diplomatie des pays du CCG sera entièrement consacrée à la Syrie et les moyens à mettre en œuvre pour soutenir la rébellion et la mise à mort du régime. Mais, cette réunion des soutiens de l'opposition syrienne, ne sera que l'entrée, le plat principal étant prévu mardi avec le sommet extraordinaire de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI), prévu à La Mecque. Il est clair qu'à ce niveau, Ryadh déploie tous ses moyens financiers et sa diplomatie pour convaincre les pays membres de la nécessité du départ de Bachar Al Assad et l'avènement d'un nouvel ordre politique à Damas. Un scénario du reste largement inspiré et soutenu par les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête.»Le dossier syrien sera en tête des priorités» du sommet convoqué par le souverain saoudien Abdallah à La Mecque, selon le secrétaire général de l'Organisation de coopération islamique (OCI), le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu. L'ECUEIL IRANIEN La Syrie, membre de l'OCI, «ne sera pas représentée à ce sommet», a-t-il dit, précisant qu'une réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendrait lundi et devrait «se prononcer sur une suspension de la Syrie, recommandée par les représentants de pays membres». L'organisation de ce sommet, qui promet des affrontements très vifs entre l'Iran, soutien indéfectible de la Syrie, et les pays du CCG, dont l'Arabie saoudite, intervient alors que l'ONU n'a pu prendre une position ferme sur ce dossier après les divergences nées au sein des membres du Conseil de sécurité. Les débats seront particulièrement suivis, l'Iran devant être représenté par son président Mahmoud Ahmedinejad. La position de Téhéran sur ce dossier syrien qui empoisonne depuis quelque temps les relations interarabes, risque de peser sur une position unifiée des pays musulmans. Jeudi dernier, l'Iran avait organisé une conférence «des amis de la Syrie», et appelé à soutenir le régime de Bachar Al Assad et préconisé une sortie de crise négociée entre les parties syriennes, notamment un «dialogue national» entre opposition et gouvernement. «L'Arabie saoudite a convoqué ce sommet après avoir épuisé tous les moyens possibles pour un règlement de la crise syrienne», a déclaré l'analyste saoudien Abdel Aziz Al-Saqr, directeur du Gulf Research Center. Pour lui, «ce sommet devrait adopter une résolution sur un transfert pacifique du pouvoir en Syrie, avec un départ du président Assad et la formation d'un gouvernement d'union nationale». De son côté, le président du Conseil National Syrien a appelé le sommet de La Mecque à «adopter une position ferme pour mettre fin aux tueries quotidiennes et forcer le régime à partir». Il a proposé notamment l'instauration de «deux zones d'exclusion aérienne dans le nord près de la frontière turque et dans le sud près de la frontière jordanienne» ainsi que «des lieux sûrs pour les réfugiés et des couloirs humanitaires». Une revendication déjà exprimée par la secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton samedi en Turquie lors de ses discussions avec son homologue turc. Elle a également confirmé des sanctions économiques US contre la Syrie ainsi que l'objectif déclaré de faire tomber le régime de Bachar Al Assad. Par ailleurs, en Syrie, les combats n'ont pas baissé d'intensité à Alep, où les forces armées syriennes pilonnaient hier matin plusieurs quartiers de la ville ainsi que des localités de la province de Damas, selon l'Observatoire syrien des Droits de l'Homme (OSDH). A Alep, l'armée syrienne bombardait les quartiers de Chaar, Tariq al-Bab, Hanano, Boustane al-Qasr et Salaheddine, secteur emblématique des insurgés où des accrochages ont lieu, selon l'OSDH. Dans la capitale Damas, des tirs ont été entendus alors que les localités d'Al-Tal et de Harista, dans la province de Damas, étaient bombardées. Dans la province de Deraa, dans le sud du pays, des accrochages avaient lieu dans les localités de Basra, Al-Naima, Tafas et près d'un aéroport militaire, toujours selon l'OSDH. Dans la province d'Idleb, l'armée est entrée dans la nuit de samedi à dimanche avec des chars et des véhicules blindés dans la localité d'Ariha où les soldats ont pillé des commerces, fouillé des maisons et procédé à de nombreuses arrestations, affirme l'ONG.