L'armée syrienne a mené lundi, à l'aube, à Damas et sa banlieue, une vaste offensive en bombardant plusieurs quartiers tenus par la rébellion. Les obus se sont abattus, au petit matin, sur Assali, Nahar Aïcha et Qadam, des quartiers du sud de Damas, ainsi que dans la banlieue sud à Irbine, al-Tal et Artouz, selon une ONG syrienne. Les combats étaient particulièrement intenses dans la capitale, alors que des affrontements ont également eu lieu dans la ville de Harasta, au nord-est de la capitale. Selon un premier bilan provisoire de l'Organisation syrienne des droits de l'homme (OSDH),15 personnes sont mortes lundi, dont 10 civils et 2 rebelles à Damas. Trois civils, dont 2 enfants, ont aussi été tués par des tirs de roquettes à Deraa (sud), berceau de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad. La veille, les violences en Syrie avaient causé la mort de 146 personnes -71 civils, 27 rebelles et 48 soldats. Dans le nord, à Alep, l'armée poursuivait le pilonnage de plusieurs quartiers pour déloger les combattants de l'armée syrienne libre (ASL). L'armée est entrée, par ailleurs, à Seif al-Dawla, un quartier tenu par les rebelles dans l'ouest d'Alep (nord), quelques jours après avoir repris celui de Salaheddine, selon l'OSDH. «Les forces du régime sont entrées dans la partie ouest de Seif al-Dawla avec des chars et des affrontements se déroulent avec les rebelles», selon cette ONG. «Il y a aussi des bombardements sur certaines régions de Salaheddine», limitrophe de Seif al-Dawla. Alep, considéré, il y a moins d'un mois, comme le poumon économique de la Syrie, est dans un triste état. A Palmyre, dans le centre du pays, l'armée, appuyée par des hélicoptères, menait des bombardements contre les positions des combattants de l'ASL, qui a affirmé avoir abattu avec sa DCA, un avion de combat de l'armée. A l'étranger, l'Arabie Saoudite multiplie les initiatives pour faire tomber le régime de Bachar Al Assad. Après le report sine die de la réunion sur la Syrie de la ligue arabe, prévue à Djeddah dimanche, les pays du CCG ont examiné et unifié leurs positions dans la soirée de la même journée en prévision du sommet extraordinaire de l'organisation de la coopération islamique (OCI), qui doit se tenir, mardi en Arabie Saoudite et sera notamment consacré à la Syrie. «Il s'agit d'une réunion visant à coordonner nos positions avant le sommet islamique, notamment en ce qui concerne le dossier syrien», a déclaré à la presse le secrétaire général du CCG (Conseil de coopération du Golfe), le Bahreïni Abdel Latif al-Zayani. Les cinq ministres de Bahreïn, des Emirats arabes unis, d'Oman, du Qatar et du Koweït, ainsi que le ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères, Nizar ben Obeïda Madani, se sont rencontrés pendant près de deux heures, dans la ville portuaire de Jeddah. Après leur rencontre à six, les ministres doivent entamer une nouvelle réunion avec les ministres de huit pays islamiques, dans le but de coordonner également leurs positions sur la Syrie, selon M. Zayani. Ces huit pays sont la Turquie, le Sénégal, la Libye, la Tunisie, le Maroc, Djibouti, le Soudan et la Jordanie. Ces préparatifs avant le sommet de l'OCI sur la Syrie qui s'annonce sulfureux, illustrent en fait les importants clivages au sein des pays arabes et musulmans quant à la gestion de la crise syrienne. Trop de divergences, de centres d'intérêts et de vieilles querelles tribales les empêchent d'avoir une position claire sur ce dossier qui reste également pendant au Conseil de sécurité de l'ONU. Car à côté de pays comme l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie avec leurs satellites comme le Maroc ou le Bahreïn, il y a des pays comme l'Algérie, l'Iran ou l'Egypte qui veulent, avant tout, préserver un climat de confiance entre les différentes factions syriennes, de sorte à laisser la porte ouverte au dialogue, à la réconciliation. Devant l'inconsistance ou la fuite en avant des pays membres du Conseil de sécurité, les pays arabes, divisés n'ont, pour autant, pas réussi à éviter la guerre à la Syrie et les affrontements fratricides sur fond de fuites dramatiques des populations vers les pays limitrophes. Même si certains pays arabes, comme l'Arabie Saoudite et le Qatar ont opté pour la solution finale contre le régime syrien, en soutenant militairement la rébellion.