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SAID HADDOUCHE (EXPERT INTERNATIONAL) : «L'ETAT SEUL GARANT DE L'AVENIR DE NOTRE FOOTBALL»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 08 - 2012

De l'avis de nombreux spécialistes nationaux et étrangers, l'expert algérien Saïd Haddouche est une compétence reconnue comme en témoignent toutes les étapes qu'il a passées avec beaucoup de succès.
Major de promotion de l'école fédérale belge des entraîneurs, Saïd Haddouche a occupé plusieurs fonctions techniques comme professeur de la fédération belge des entraîneurs, coordinateur à la direction technique de la fédération belge de football, responsable du centre de formation de l'école fédérale des entraîneurs de Bruxelles, directeur des relations internationales de Foot Expo et consultant international dans le domaine du football.
Après de nombreuses sollicitations de clubs étrangers, c'est l'Etoile du Sahel qui vient de le nommer comme directeur technique de l'équipe, chargé du centre de formation des jeunes. Contacté par nos soins, Saïd Haddouche, comme à son habitude, a eu l'amabilité de répondre à nos questions. Ses avis sont pertinents. Ecoutons-le.
Le Quotidien d'Oran.: L'Euro 2012 a pris fin avec la consécration de l'Espagne. Quelles sont vos propres conclusions ?
Saïd Haddouche: C'est le résultat d'un travail et d'une philosophie de jeu développés dans et par le Barca. La fédération espagnole et sa direction technique nationale ont pris la décision de mobiliser le projet de jeu et l'ossature de base du club catalan pour construire cette équipe espagnole. Par contre, son équipe olympique a terminé à la dernière place de son groupe aux Jeux Olympiques de Londres. Ceci est dû à l'absence d'un collectif et d'un projet de jeu.
La cause a été que le dispositif de cette équipe se composait de joueurs de grande valeur tels que Alba, Mata et les autres, mais venant de clubs et d'horizons différents, d'où le manque d'interaction et d'efficacité dans le groupe. A mon avis, beaucoup de dirigeants et d'entraîneurs devraient s'en inspirer.
Q.O.: Ne pensez-vous pas que la France et l'Angleterre ont été les grandes déceptions ?
S.H.: C'est sûr. La philosophie du jeu actuel généralisée dans le football mondial consiste en un repli des joueurs dès la perte de balle et à la constitution d'un bloc compact de neuf à dix éléments devant le but. Ceci exige de l'adversaire qui souhaite atteindre le but et s'assurer une chance pour le gain du match, une intelligence collective pour la maîtrise du jeu, du ballon et de la vitesse pour déséquilibrer ce bloc défensif.
A l'observation et à l'analyse, on constate que la France et l'Angleterre ne possèdent pas ces deux critères. En 2007, après sa fameuse finale de 2006, j'avais annoncé lors d'une émission à Canal Algérie que la France se dirigeait vers le mur et que ses joueurs et son jeu ne possédaient pas les critères pour répondre au football de demain. Ce dernier évolue sans cesse, reprenez mes interventions à la télévision et mes déclarations dans la presse il y près d'une dizaine d'années et comparez les réalités d'aujourd'hui et tirez vos propres conclusions.
Q.O.: On parle ces derniers temps du football de demain.
S.H.: Le football est devenu une activité de production. Chaque nation observe, analyse, fait de la recherche et se projette vers l'avenir. Toute nation qui s'abstiendra de le faire deviendra « spectatrice ». Il y a plus de sept ans, de Bruxelles, dans une émission télévisée en duplex où étaient présents le président de la FAF, Abdelhamid Hadadj, et le DTN Fodil Tikanouine, j'avais bel et bien affirmé que le football ne peut évoluer si l'on ne tient pas compte des critères du jeu, du joueur et de l'entraîneur de demain. Et j'avais dit que si ces conditions ne sont pas réunies, on serait hors sujet. Il a fallu attendre que Sarkozy demande, après le fiasco de la coupe du monde 2010, les états généraux du football français pour que la DTN française et son directeur Gérard Houiller viennent avec l'idée de procéder à une sorte de réforme.
Q.O.: Revenons en Algérie, quel constat faites-vous sur l'instauration du professionnalisme ?
S.H.: Ce n'est pas un luxe, mais une nécessité et une obligation imposées par la FIFA par un cahier des charges. Ceux qui ne rempliront pas les conditions seront privés de compétitions internationales et risquent même de décliner.
Mais pour passer de l'amateurisme au professionnalisme, il sera nécessaire de faire de la rééducation comportementale. Trop de rigidités et de réflexes conditionnés sont inscrits dans notre patrimoine culturel. Le problème sera de les effacer et de les remplacer par des comportements professionnels et performants.
Q.O.: Comment voyez-vous l'avenir du football national par rapport à son évolution ?
S.H.: L'avenir et le niveau du football de notre cher pays sera celui tracé pas le président de la République et les instances dirigeantes.
L'Etat met les infrastructures au service du football et finance même sa pratique. Je pense qu'il est naturel que c'est l'Etat qui doit imposer son ambition et sa volonté et, par là même, définir le type, le niveau et la « marque » de son football.
Q.O.: L'EN s'apprête à donner la réplique à la Libye à Casablanca. Comment voyez-vous le derby?
S.H.: Pour ce qui concerne notre équipe nationale, j'avais dit après le match du Mali, que la philosophie du jeu de l'équipe était intéressante car, en jouant haut avec un nombre de joueurs et une quantité de mouvements importants au cours de chaque situation de jeu offensive, elle poserait problème à l'adversaire et favoriserait la mainmise sur le jeu et la chance de se créer des occasions de buts pour le gain du match.
J'adhère et je soutiens le staff technique dans cette démarche. La coupe d'Europe a donné raison à notre coach, les équipes qui ont été conquérantes ont dominé les débats. Mais j'avais aussi noté qu'il y avait des carences à corriger. Parmi ces lacunes, il y a la gestion de l'espace par le collectif, la coordination des actions et des déplacements, la gestion de l'énergie et le plus important pour chacun de nos joueurs la compréhension des autres. L'équipe libyenne qui a du vécu, qui possède des leaders et qui est survoltée par la révolution peut nous créer quelques difficultés. Mais je pense qu'avec notre potentiel et l'appui du public de Casa acquis à notre cause, nous passerons cet obstacle avec l'aide et la volonté de Dieu. Je souhaite un bon match à nos frères libyens et que la fraternité soit la seule gagnante. Le reste n'est qu'un jeu.


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