Les extraits visibles du film «Innocence des musulmans» sont suffisamment éloquents pour constater qu'il s'agit d'une insondable débilité. Mais son auteur, un promoteur immobilier israélo-américain qui voulait, dit-il, servir Israël, savait très bien qu'il pouvait compter sur la propension de nombreux musulmans à s'enflammer rapidement quand il s'agit d'atteinte à l'image du Prophète. Son film d'une nullité sans fin est désormais connu mondialement. Et comme pour tous ceux qui l'ont précédé, des «caricatures» scandinaves au coup de torchon de Charlie Hebdo, le marketing est simple et redoutablement efficace. On insulte le Prophète, on s'arrange à diffuser l'insulte dans les réseaux internet où certains croient faire du djihad et il suffit d'attendre que la réaction en chaîne arrive. Bien sûr, l'on sait que dans cette réaction, irraisonnée et violente, des hommes, Arabes, musulmans, chrétiens, Européens ou Américains, peuvent mourir, mais cela ne peut que rendre plus percutant le marketing de la «colère islamique» ou du «fanatisme islamique». La provocation sur le Prophète rapporte gros. Pour prétendument critiquer Rached Ghannouchi vainqueur des élections en Tunisie, un journal parisien a choisi de grimer le Prophète. Il n'y avait aucun rapport mais, à l'évidence, critiquer un homme politique islamiste pour les idées qu'il défend ou pour son projet ne fait pas vendre. Il vaut mieux s'en prendre au Prophète, comme s'il était candidat aux élections. C'était le cas aussi des caricatures danoises. Les caricaturistes pouvaient s'en prendre comme ils voulaient à Ben Laden mais ils savaient qu'ils n'obtiendraient pas la réaction qui fait la célébrité. Dépeindre le Prophète de l'islam sous les traits de l'assassin, bombe en tête, voilà le bon coup. C'est crétin mais ça marche, hélas ! L'on sait aussi que les islamistes, les plus bruyants et pas les plus sensés, ni les plus fins, s'en saisiront et feront taire tous ceux qui appelleraient à dégonfler la baudruche et à ignorer les imbéciles. Malheureusement, on le sait d'expérience ; ces hommes et femmes de raison n'y peuvent rien. Ils ne peuvent que constater l'échec répété de leur appel à la raison. Les manipulations grossières autour du sacré finissent inéluctablement par fonctionner. Il suffit qu'un obscur individu se prenne l'envie de devenir célèbre en jouant sur les ingrédients de l'insulte et du dénigrement sur le Prophète de l'islam. Le terrain est fertile de l'Atlantique au fin fond de l'Asie. DANS LE CAS DU FILM DE L'ISRAELO-AMERICAIN, LA PROVOC NE SEMBLE AVOIR PRIS QU'APRES SA TRADUCTION EN ARABE ET SA DIFFUSION SUR LE NET. ET IMMEDIATEMENT PARCE QU'UN COPTE ISLAMOPHOBE INSTALLE AUX ETATS-UNIS A FAIT LA PROMOTION DU FILM, DES VOIX ISLAMISTES EN EGYPTE S'EN SONT SAISIES POUR METTRE A L'INDEX LES COPTES DU PAYS. ET PARMI LES MANIFESTANTS EGYPTIENS DEVANT L'AMBASSADE AMERICAINE, DES PROPOS VENIMEUX MONTRAIENT QUE LES FEUX DE LA FITNA PEUVENT FACILEMENT ETRE ALLUMES. LA MORT DE L'AMBASSADEUR ET DES FONCTIONNAIRES AMERICAINS EN LIBYE EST UNE INJUSTICE, ILS NE SONT PAS RESPONSABLES DE LA PROVOCATION CALCULEE - ET IL FAUT BIEN DIRE REUSSIE - D'UN ISRAELIEN EN MISSION POUR ISRAËL. ILS SONT AUSSI LES VICTIMES DE LA DISPERSION DES ARMES EN LIBYE ET AU SAHEL CONSECUTIVEMENT A L'INTERVENTION DE L'OTAN. MAIS DANS CETTE AFFAIRE, CE QUI EST LE PLUS GRAVE EST NOTRE PROPENSION A TOMBER DANS LES PIEGES LES PLUS GROSSIERS DU FAIT DE NOTRE INCAPACITE A FAIRE PREVALOIR LA RAISON SUR L'EMOTION. ET SUR LA MANIPULATION DE L'EMOTION.