Au vu de l'influence que le Salon international du livre d'Alger enregistre 1,2 million de visiteurs en 2011, et plus annoncés pour le 17ème qui vient de fermer ses portes l'édition est assurément une filière qui progresse. Retour sur une activité où les marges de progrès sont encore très grandes. L'édition, va plutôt bien. C'est ce que pensent bon nombre de professionnels des métiers du livre. Ils sont actuellement plus de 400 maisons d'édition dont 150 "vrais" éditeurs qui se retrouvent à la tête de véritables petites entreprises. Le plus grand nombre des maisons d'édition est à Alger où l'on compte près d'une centaine. Le reste, soit moins de 50 est réparti dans les grandes métropoles comme Oran, Constantine, Annaba et dans les villes comme Bejaia, Ghardaïa, Tizi Ouzou, et Sétif. Celles qui émergent du lot se sont fortement professionnalisées par le recrutement de personnels formés et spécialisés, le lancement de collections diverses et par la qualité de l'impression. Casbah Editions, Chiheb, L'ANEP, l'ENAG, Barzakh Editions, Dalimen, Apic Editions, et bien d'autres entreprises connaissent un développement permanent et deviennent incontournables dans leurs domaines comme Casbah en histoire et Barzakh en littérature. Toutes ces entreprises sont adossées à une chaîne de professionnels de tous les métiers du livre: auteurs, traducteurs, infographes, imprimeurs, diffuseurs, etc. Tous ne partagent le même enthousiasme mais ils sont conscients de la dynamique que l'édition porte. Les plus tièdes considèrent que l'édition est portée par l'optimisme des gens du livre qui font que les catalogues des maisons d'édition s'étoffent d'année en année et par les commandes publiques qui permet d'éditer près d'un millier de titres par an. Pour avoir une idée de ce soutien, il n'y a qu'à noter que 423 titres oint été édités, au cours de l'année écoulée, dans le cadre de la manifestation "Tlemcen capitale de la culture islamique et près du double lors de l'Année de l'Algérie en France en 2003, et ce sans compter les ouvrages qui sont soutenus en dehors des manifestations exceptionnelles. UN LIVRE POUR 6300 ALGERIENS SEULEMENT ! Le nombre d'ouvrages publiés apparaît comme dérisoire quand il est comparé à la population algérienne. Au cours de l'année 2011, 5722 titres ont été publiés, soit tout juste un livre pour 6300 algériens. Il est cependant en nette augmentation. De 1963 à 2012, soit durant les cinquante ans d'indépendance, 57580 titres ont été publiés: 2672 de 63 à 70 et 26950 au cours de la dernière décennie, soit dix fois plus. La bibliothèque nationale, qui gère le dépôt légal évalue à 57580 le nombre de titres auxquels a été attribué un ISBN. Les deux tiers des ouvrages sont en langue arabe et le quart est en français. L'édition en langue amazighe reste encore très faible. Contrairement aux idées reçues, les livres de religion et de cuisine ne représentent que 15 à 20% des ouvrages édités. Les sciences sociales et les sciences appliquées trustent près de la moitié des livres édités tandis que la littérature peine à près de 15%. Les métiers du livre ont une marge de progrès assez grande. Même si les différents segments de la filière ne se développent pas au même rythme. La diffusion qui est en bout de chaîne est celle qui souffre le plus et c'est pourtant celle qui permet au livre d'arriver au lecteur. LES CHIFFRES CONTRE LES IDEES REÇUES Le démantèlement du secteur public qui jusqu'à la fin des années 80 exerçait un quasi monopole sur l'édition a sacrifié le segment de la diffusion distribution qui faisait qu'au moins dans chaque ville, même petite, il existait une librairie de la SNED (Société nationale d'édition et de diffusion) et dans les villes universitaires des librairies et des point de vente de l'Office des presses universitaires. Si les secondes continuent de vivoter, les premières ont été reprises par l'Entreprise nationale du livre (ENAL) puis fermées petit à petit. A l'heure actuelle, le nombre de librairies est estimé à 300 presque toutes dans les grandes villes du nord du pays. C'est là une des raisons qui font que le SILA fait le plein chaque année. Selon certaines sources, les éditeurs réalisent plus du quart de leur chiffre d'affaires annuel durant cette manifestation. Le plus couru des éditeurs du SILA, Hachette frise les 50 millions de Da au cours du Salon. Il est vrai que le livre parascolaire attire de très nombreux parents soucieux de doper les ressources intellectuelles de leurs enfants. De même, les éditeurs de livres religieux font le plein durant les dix jours du salon. Mais la lecture de loisir, ouvrages pratiques et littérature attire une foule de plus en plus nombreuse. Nous en tenons pour preuve l'impressionnant nombre de lecteurs qui se sont bousculés aux séances de signature.