Les grandes artères périphériques, au quartier de Medina Djedida, respirent désormais à pleins poumons. Le boulevard de l'Indépendance, là où se trouve la Place du même nom, connu également sous le nom de « Tahtaha » ainsi que la rue Ghaouti Abdelkader, qui relie la Place du 11 Décembre 1960 (ex-Place Roux) au boulevard Mascara, en passant par la Cité Dar El hayet, connaissent depuis mercredi une métamorphose spectaculaire, notamment en matière de fluidité de la circulation automobile. Longtemps asphyxiés par une activité commerciale informelle, tous azimuts, qui s'est accaparée les trottoirs, la chaussée, et même les entrées des immeubles, ces artères ont désormais retrouvé leur pleine fonction d'origine, au grand bonheur des automobilistes, mais aussi des riverains, à l'instar, de ceux habitant la Cité Dar El Hayet. Au lendemain de l'opération d'éradication du commerce informel, lancé mercredi par les pouvoirs publics, l'ambiance était au soulagement. Toutefois, les forces de l'ordre restent mobilisées sur place pour veiller à ce que cette sérénité retrouvée perdure. « Un soulagement venu, après au moins, deux décades d'anarchie, d'insalubrité et de nuisances de toutes sortes, » témoignent, notamment, les habitants de la Cité Dar El Hayat. Une période difficile, dont les séquelles sont encore vivaces dans les esprits, tel que l'atteste, l'une des figures les plus emblématiques de cette cité, « ammi Abed », un retraité de la Sécurité Sociale qui s'engage au quotidien, et à titre bénévole, aussi bien par la bonne parole, que par l'acte, dans l'entretien et le nettoyage de la Cité. Ammi Abed est également connu pour être l'auteur de phrases devenues cultes parmi les jeunes qui se les partagent sans modération sur les réseaux sociaux. Son champ d'expression, les murs ; ses outils, un simple pinceau et de la peinture. Ses armes, un verbe tranchant et un ton à la fois ironique et poétique. Beaucoup le qualifient comme un « poète urbain », une sorte d'artiste hip-hop, en dépit de son âge de grand père. Parmi les phrases qui témoignent encore de la pertinence de ce personnage fascinant : « La propreté de mon pays réussit quand je suis puni ». Ou encore : « Dar El Hayet ou Braderie La Fayette ? Cher Mr Skette ». Ou enfin : « Silence ! On tourne Little Big Man. » Des phrases qui marquent les esprits par leur simplicité et leur justesse mais aussi les cœurs, car elles expriment avec pudeur et dignité la « douleur » d'un homme qui souffre comme beaucoup de ses concitoyens de l'anarchie qui s'est emparée de son quartier. Mais tout cela, c'est de l'histoire ancienne, maintenant que les choses semblent avoir repris leur cours naturel. Pour beaucoup de riverains des sites ciblés, par l'opération d'éradication du commerce informel, cette action marque carrément la renaissance de leur quartier. D'autres, en revanche, continuent d'espérer comme les habitants des petites artères situées à l'intérieur de Medina Djedida. Ces dernières sont toujours squattées par les marchands à l'étalage, qui continuent de vendre leurs produits à la criée sept jours sur sept. Pour rappel, l'opération d'éradication du commerce informel aux alentours du quartier de Medina Djedida annoncée il y plusieurs mois, s'est finalement déroulée mercredi passé, en présence des autorités locales et à leur tête le chef daïra d'Oran. Des centaines d'éléments appartenant aux Unités Républicaines de Sécurité URS et à la Brigade anti-émeute, commandés par le Chef de Sureté de wilaya en personne, ont investi les ruelles du marché dès trois heures du matin, selon certains riverains. Mission principale : libérer les trottoirs de toute forme de squat, en chassant les vendeurs à l'étalage et les extensions illicites de certains magasins. Des agents de la commune d'Oran ont également procédé au démantèlement des auvents et autres marquises qui se sont greffés sur les façades des immeubles. En dépit d'une tension qui a fait craindre le pire en début de l'opération, les choses se sont finalement très bien déroulées, sans qu'il y ait le moindre incident. Aux environs de 11 heures, le boulevard de l'indépendance (Tahtaha), le Boulevard Zabana, le Boulevard Mascara, les alentours de la Cité Dar El Hayat et la rue Ghaouti Mohamed reliant la Place du 11 Décembre 1960 (ex-Place Roux) au Boulevard Mascara paraissaient particulièrement vastes. Le trafic automobile y était particulièrement fluide. Une fluidité qu'on n' a pas vu depuis des décennies.