Ahmed Ouyahia mène tambour battant la campagne électorale du RND ignorant au cours de ses interventions l'émergence du front d'opposants internes dans le parti s'étant fixé pour tâche de le destituer de son poste de secrétaire général. Non sans toutefois répéter inlassablement que le RND «se porte bien» avec à l'évidence pour objectif de rassurer les militants et sympathisants du parti qu'inquiète la fronde qui a éclaté en son sein. Depuis qu'il est la cible d'une contestation interne, Ouyahia s'est gardé de répondre à ses détracteurs donnant ainsi à paraître que leur agitation ne l'affecte pas et n'aurait aucune incidence déstabilisatrice sur le parti. La sérénité qu'affiche avec ostentation le patron du RND sera toutefois soumise à rude épreuve au cas où le RND enregistrera le 29 novembre un recul électoral. Ses adversaires ne manqueront pas en effet de «surfer» sur l'éventuel mauvais score électoral du parti pour lui en attribuer la responsabilité et prétendre qu'il confirme les accusations que leur mouvement a formulées sur la gestion du parti par Ouyahia. Ouyahia et Belkhadem sont dans la même situation, c'est-à-dire assis sur un siège éjectable sur lequel il leur sera difficile de se maintenir au cas de «veste électorale» pour leur parti respectif. Ouyahia plus menacé que son homologue du FLN car les pronostics sont défavorables au RND dont l'effritement électoral s'est révélé à l'occasion du scrutin des élections législatives. En tout cas, les «redresseurs» au RND absents de la campagne électorale de leur formation sont revenus sur le devant de la scène sous la forme d'un appel au contenu férocement à charge contre Ouyahia, lancé samedi par l'ancien ministre de la Santé puis des Sports Yahia Guidoum aux militants du RND, dans lequel il a entre autres affirmé que «le RND n'est plus une force de proposition, ni de mobilisation à cause de l'absence d'un discours cohérent et crédible» et surtout ajouté que «contradictions, ambiguïté et confusion caractérisent le discours d'Ouyahia, ce qui a largement contribué à la perte de la confiance des citoyens». A l'évidence, cette charge au vitriol vise à contrer l'impact des efforts qu'Ouyahia déploie dans la campagne électorale qu'il anime pour dissiper les inquiétudes que le vivier électoral du RND nourrit et donner à paraître que la fronde dont il est la cible n'est qu'écume n'entamant en rien le potentiel attractif du parti. Pour rappel, Guidoum, l'auteur de l'appel incendiaire de samedi contre le «patron» du RND, a été il y a peu désigné par les anti-Ouyahia coordinateur de leur mouvement de «redressement» avec pour feuille de route d'organiser avec l'équipe qu'il préside la tenue d'une conférence nationale des cadres et militants du RND qui prononcerait la destitution de l'ex-Premier ministre du poste de secrétaire général. La tâche de l'ex-ministre et de son équipe en sera incontestablement facilitée si les résultats électoraux du 29 novembre confirment les prédictions des «redresseurs». Autant dire que cela va «tanguer» violemment au RND qui pourtant s'est distingué jusque-là des autres formations par l'esprit de consensus et de discipline qui soudaient la base militante à sa direction nationale sous le leadership d'Ahmed Ouyahia.