«Nous avons des contrats importants en vue mais ce sont surtout les perspectives qui sont prometteuses,» nous a déclaré hier, le ministre de l'Energie et des Mines, après sa nomination en tant que vis-à-vis du Britannique, Lord Richard Risby. C'est avant-hier, en début de soirée, que le ministre de l'Energie et des Mines a fait un saut d'à peine quelques minutes, à l'ambassade de Grande-Bretagne à Alger pour prendre part à un cocktail offert en l'honneur de la visite de Lord Richard Risby, le représentant du Premier ministre britannique, chargé du partenariat économique avec l'Algérie. La nomination, il y deux ans, du ministre de l'Industrie comme vis-à-vis de Jean-Pierre Raffarin, «le facilitateur» français pour un partenariat économique et commercial avec l'Algérie, a laissé dire des observateurs que ce n'est pas normal que l'Algérie lui met en face «un officiel», de surcroît un membre du gouvernement, alors que la France charge, pour la même mission, un représentant du Sénat. La nomination de Youcef Yousfi comme vis-à-vis de Lord Risby a provoqué la même réaction. «Le gouvernement aurait dû leur désigner, à tous les deux, des représentants du Parlement comme ils le sont eux mêmes ou, à la rigueur, un ancien chef de gouvernement, il y en a tellement qui s'ennuient et pourtant ont des idées,», nous disait hier un responsable d'une institution économique. Le ministre de l'Energie et des Mines nous a répondu hier à ce propos, que «le représentant britannique vient voir le gouvernement, c'est pour ça qu'on lui a désigné un ministre.» Et Youcef Yousfi n'est pas un ministre quelconque. Il a à charge la gestion du secteur le plus important pour le pays. «J'ai ma part de travail avec Lord Risby, on aura des contrats importants mais ce sont surtout les perspectives qui sont prometteuses avec le Royaume-Uni,» nous a-t-il indiqué. L'ambassadeur britannique à Alger nous affirmé, pour sa part, que «la nomination de Lord Risby pour l'Algérie montre que c'est un nouveau mécanisme qui se met en place pour faire de l'Algérie un partenaire de choix.» Martyn Roper pense que «le ministre Youcef Yousfi peut permettre à ce mécanisme de bien fonctionner parce qu'il est hautement respecté, il est d'un très haut niveau, d'une grande compétence et il parle anglais, il peut, à tout moment, s'entretenir directement avec Lord Risby sans avoir besoin d'une tierce personne.» Pour l'ambassadeur, la nomination du ministre de l'Energie et des Mines pour le partenariat avec le Royaume-Uni «est un signe très positif dans cette nouvelle relation qui se met en place entre les deux pays en vue, de booster les échanges politiques, économiques et commerciaux.» Le diplomate en poste à Alger qui refuse de voir en la nomination de Lord Risby, une imitation de Paris, fait savoir que ce système d'échanges vient d'être enclenché par le Premier ministre britannique avec 8 pays qui ont de grands potentiels dont l'Algérie. «Les exportations du Royaume-Unis vers l'Algérie sont de 500 millions de dollars, c'est très faible par rapport au potentiel existant, les deux pays doivent s'entendre pour bâtir un partenariat gagnant-gagnant, dans divers secteurs économiques,» souligne Roper. Il est convaincu que «dans le secteur de la Santé, par exemple, le Royaume-Uni peut faire énormément de choses en Algérie, en matière de services, de construction d'hôpitaux et de management stratégique, c'est donc un service complet que nous pouvons offrir.» «L'ALGERIE EST UN PAYS FASCINANT» D'autant ajoute-il que «le système de Santé britannique est ressemblant à celui algérien du point de vue de la gratuité des soins.» Lord Richard Risby a bien voulu répondre à nos questions en marge de la réception, organisée lundi soir, en son honneur par l'ambassadeur britannique à Alger. Les critères qui ont prévalu à son choix par le Premier ministre britannique, comme interlocuteur de l'Algérie, Lord Risby les a résumés par une seule phrase «j'ai trouvé que l'Algérie est un pays fascinant, extraordinaire.» Ce sentiment, il l'a eu, nous a-t-il dit «lorsqu'en janvier dernier, je suis venu pour la première fois à Alger, j'ai dit aussi à l'ambassadeur que je trouve que l'Algérie a quelque chose d'unique, d'extraordinaire et a une histoire remarquable.» Risby affirme que «je n'exagère pas en disant ça, c'est pour cela que je voulais vraiment revenir.» Il dira que «j'ai été très impressionné par l'accueil qui m'a été réservé par les responsables algériens que j'ai rencontrés et de l'intérêt qui nous a été démontré pour entamer ce processus de partenariat.» Il explique que «la décision du Premier ministre britannique de nommer des facilitateurs a été conclue avec 8 pays qui ont certes des potentiels économiques mais avec qui nous n'avons pas de relations historiques.» Pour Lord Risby «l'Algérie est un pays stable, qui a déployé beaucoup d'efforts pour améliorer son système éducatif, c'est un pays très intéressant pour les échanges.» Il affirme que «le Premier ministre a demandé à ce que ça soit un vrai partenariat, un partenariat de choix.» Il est question à cet effet, selon de lui, «de renforcer, bien sûr, nos relations commerciales mais de construire un partenariat qui touche à tous les domaines.» «NOUS AVANÇONS VERS DES ACCORDS» Il rappelle que Londres a reçu «plusieurs ministres algériens, ces visites ont été vraiment réussies.» Il note en outre, que l'inauguration à Londres «il y a deux semaines de cela, par le ministre Medelci d'un très beau building de l'ambassade d'Algérie, est un symbole de renforcement des relations entre nos deux pays.» Il fera part de discussions sur les visas qui ont eu lieu la semaine dernière à Londres. «Des progrès ont été réalisés pour que les deux pays puissent travailler ensemble facilement,» rassure-t-il. Et si l'Algérie est en attente d'investissements étrangers, Lord Risby pense que «nous avons beaucoup à lui en offrir en comparaison avec d'autres pays européens.» Il indiquera que «les secteurs clés pour ce partenariat ont été identifiés, entre autres le pharmaceutique, la santé, la biotechnologie, le commerce du détail, ceci en plus des relations excellentes que nous avons dans le domaine de l'Energie.» Le représentant du Premier ministre britannique ne manquera pas de préciser que «le gouvernement algérien s'est engagé à lever les blocages et les difficultés bureaucratiques qui risqueraient d'entraver les projets que nous conclurons ensemble.» La règle du 51/49 ne semble pas le déranger outre mesure. «Ce n'est pas l'obstacle qui bloque les investissements puisque nous avons de très bons projets ensemble, j'ai rencontré aussi des responsables de groupes britanniques qui activent en Algérie et qui m'ont fait savoir qu'ils sont très contents de travailler avec les Algériens.» Pour lui, «les obstacles ou les blocages ne sont pas spécifiques, au cas où il y en aura, ils seront levés.» Au passage, il dira du mémorandum qu'il a paraphé hier, avec les responsables du secteur de la Santé, que « les projets de construction d'hôpitaux sont très bien avancés.» Il fera aussi savoir que «nous avançons vers des accords avec d'autres secteurs.» «Je suis ravi, dira-t-il, d'avoir comme vis-à-vis Youcef Yousfi parce que c'est un ministre qui est très estimé, il a une bonne réputation et il est de haut niveau.» Lord Risby annoncera son retour «pour la 3e fois en Algérie» pour le mois de janvier prochain. «Mais j'irais à Oran et dans d'autres villes,» assure-t-il.