La circulaire du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, enjoignant aux banques la facilitation de l'ouverture des comptes bancaires et l'allégement des procédures d'octroi des crédits à la PME est une excellente mesure mais elle ne suffira pas à relancer l'économie nationale. C'est, en substance, ce que le délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), Abderrazak Trabelsi, a soutenu, hier, sur les ondes de la radio chaîne 3 en expliquant que les banques constituent une partie de l'ensemble des composantes de l'environnement économique qu'il convient d'assainir. "La réduction des délais n'est pas suffisante, il faut développer de nouveaux instruments, consolider le leasing et redynamiser le capital investissement et les différents fonds d'investissement", a-t-il notamment indiqué. Détaillant le contenu de la mesure prise par Abdelmalek Sellal, le représentant de l'ABEF a expliqué qu'à partir de janvier 2013, le client pourra prétendre ouvrir un compte bancaire sur simple présentation d'une pièce d'identité en cours de validité et d'un document établissant le lieu de résidence. Ce qui, en définitive, est juste un retour à la normale puisque l'ouverture d'un compte est un droit consacré par la loi sur la monnaie et le crédit, y compris pour des particuliers ne disposant pas de revenus réguliers. Droit que, le responsable le reconnaît, certaines banques violaient en refusant d'accéder aux demandes de personnes ne pouvant justifier d'un bulletin de salaire. Deuxième domaine d'application de la circulaire : la "débureaucratisation" des relations entre la banque et le client à travers l'allégement des procédures d'octroi des crédits puisque la vérification et l'authentification des documents seront désormais à la charge de la banque et des institutions qui l'entourent. En outre, cette même banque est appelée à développer l'information sur les conditions d'octroi des crédits et à standardiser les procédures de fonctionnement avec l'objectif de réduire les délais qui demeurent le principal écueil dénoncé par les investisseurs. "Cette mesure soulage les banques qui souhaitent pouvoir procéder aux vérifications dans des conditions de sécurité plus fiables pour pouvoir exercer leur métier conformément à la réglementation en vigueur", a assuré Abderrazak Trabelsi en précisant que la notion de délai varie selon la "taille des crédits et l'envergure des entreprises". Toutefois, pour relancer l'économie algérienne, il est nécessaire de renforcer un certain nombre de mécanismes déjà en place et de développer de nouveaux instruments, selon le même intervenant qui estime qu'il faut encourager le leasing - qui avoisine les 60 milliards de dinars - et redynamiser le capital investissement, deux outils adaptés aux entreprises algériennes, notamment les petites (98% du tissu économique privé). Comme il est plus que nécessaire de lever le délit de gestion "dans les meilleures conditions et les meilleurs délais" pour permettre à la banque de jouer son rôle et de faire son métier. "On ne peut attendre une plus grande implication des banques dans l'activité de risque lorsque le risque, qui est le métier de la banque, est pénalisé", a-t-il encore affirmé. UNE MEILLEURE REPARTITION DES CREDITS Au chapitre des investissements, le responsable de l'ABEF a estimé que l'investissement productif demeure "un enjeu majeur" et appelé à une meilleure répartition des crédits alloués. "Il faut mettre en place des mécanismes utiles pour une meilleure distribution des crédits dans l'économie"", a-t-il estimé en jugeant qu'ils n'étaient pas suffisamment concentrés sur l'économie productive ni judicieusement orientés sur les petites entreprises qui ont plus de mal à accéder aux créances. Interrogé sur le niveau des crédits non performants, Abderrazak Trabelsi a estimé qu'à 04%, ils n'étaient pas particulièrement importants même s'ils demeuraient préoccupants : "C'est un sujet intéressant qui, justement, va être mesuré en débureaucratisant les relations entre les banques et leurs clients." La rentabilité ou l'incompétence ne sont pas toujours derrière l'échec de ces entreprises mais "le non respect du processus d'investissement engagé en raison d'un environnement très bureaucratique". D'où l'urgence de débureaucratiser les relations entre l'entreprise et l'ensemble des institutions composant l'environnement économique afin, a-t-il dit, d'avoir de meilleures opportunités d'investissement pour des banques algériennes qui se trouvent en surliquidités. En 2011, les investissements se sont élevés à 5.000 milliards de dinars, dont 1.900 milliards d'investissements de l'Etat et 1.300 milliards de Sonatrach.