Question à un douro dévalué : quelle différence y a-t-il entre un pot-de-vin, une kahwa, un pourboire, un bakchich, un dessous-de-table, un sous-le-manteau, ou encore un « graissage de patte » en version soft ? Parce que certains ont pris le vilain pli de picorer dans la main des autres, l'on comprend peut-être mieux pourquoi quarante-deux nouvelles prisons sont en construction en Algérie, avec cette peur au ventre de les voir très vite « bondées », tant la corruption est omniprésente dans un pays où la race des homo-bouftanticus est en voie de prolifération constante. Maladie «honteuse» des temps opulents, la corruption serait comme ce médecin véreux qui administre des médicaments contrefaits à des patients qui font semblant de tomber malade. A l'ère menaçante de l'homo-bouftanticus, le pain ou la kahwa, en tant que « leviers » naturels de graissage des mécanismes enrayés, sont-ils devenus le chemin le plus court vers la bourse, pour délier ses cordons mal serrés et s'en servir à volonté, sans se sentir forcé de laisser traîner ses mains baladeuses parmi la faune léonine des chipeurs par vocation ? Preuve affligeante de l'intrusion de l'argent sale jusqu'au dernier interstice de l'édifice de l'Etat, cette énième «sortie » de la passionaria du Parti des Travailleurs, selon laquelle des sièges d'élus à Alger, la «haute juchée» se monnayaient au « marché des dupes mal élus» contre la modique somme de huit millions de dinars. Rien que ça ! Poussant le bouchon jusqu'à faire imploser la bouteille, Hanoune s'est même laissée aller à dire qu'une centaine de «députés affairistes» siégent dans l'actuelle APN». Premier casus belli du bipède face à son congénère : le loup de haute montagne, le pain, par une curieuse mutation stomacale, est devenu, à l'ère du tout-mangeable, la destination « naturelle » de l'homme-tombereau. Jusqu'au jour où naquit l'homme-quignon qui, par le miracle de la rétro-révolution des «khobzistes», fera, du vaccin sous-lingual, son miroir de poche grossissant. Présent contre son gré à tous les râteliers et premier argument-massue pour réduire au silence les bouches... trop pleines, il est l'invité désobligé de tous les festivals des croquemitaines costumés. Première raison de vivre du bipède «panifié», l'ancêtre du flouze n'a pas le même arrière-goût pour toutes les bedaines brettelées. Selon qu'on soit un «oenologue» de pain blanc ou un goûteur de pain perdu, tout le monde ne mange pas le même pain par le même bout. Selon qu'on émarge au budget (à fonds perdus !) de l'Etat-mamelle ou dans la gamelle sans fonds de l'infra-peuple, le pain n'a pas la même saveur pour celui qui le mange sous la lumière crue du jour, et celui qui le picore dans les nids douillets, à la nuit tombée. Qu'il soit «imbibé» de sueur trop chaude ou «relevé» à l'huile de coude, le pain n'a pas la même couleur pour celui qui le mange en roupillant, en «fourrageant» dans l'arrière-cuisine des repus, en essuyant les auges des rassasiés à vie, ou même en ouvrant simplement sa bouche béante, pointée vers le ciel, en ramassant les miettes tombées du haut du bec acéré des rapaces. Aussi vrai que se désengluer du pétrin gigantesque de toutes nos incuries n'est pour demain la veille, Judas existerait qu'il serait aujourd'hui ministre d'Etat !