L'ancien ministre de la Santé, Abdelhamid Aberkane, qui assistait hier à une journée d'études organisée par le GRAS de l'université autour du système de soins en Algérie a déclaré, en guise de réponse à une question sur l'actuelle carte sanitaire du pays, que "le grand défi actuel est l'équité dans la couverture sanitaire et la capacité du système de santé englobant toutes les interventions nécessaires permettant que le cadre de travail et les conditions de fixation des professionnels de la santé sur toute l'étendue du territoire, dont le Sud et les zones enclavées du Nord". M. Aberkane a précisé, à cet effet, que le système de soins actuel ne permet nullement une offre équitable pour l'accès aux soins, en dépit du fait que les villes du nord du pays disposent d'un surplus d'infrastructures, sans que la qualité de soins soit à la hauteur. Pour l'ex-ministre, la question centrale demeure l'évaluation qui n'est pas encore rentrée dans les mœurs et que cette évaluation devrait être suivie d'effets. En introduction à cette rencontre, Mohamed Mebtoul, professeur en sociologie et directeur de l'Unité de recherche en sciences sociales et de la santé, a mis l'accent sur le travail accompli par les équipes de recherches et qui ont conclu à la nécessité de lier étroitement l'analyse et l'action, qui concerne non seulement les chercheurs, mais également les centres de décisions afin d'améliorer la prise en charge sanitaire des citoyens, sachant que le système national de santé est basé sur la prévention. Pour les chercheurs, le système de santé n'est pas seulement technique, mais constitue une dimension sociopolitique. Prenant le relais, l'ex-ministre de la santé, Abdelhamid Aberkane, est intervenu également en tant que praticien pour construire un socle pour le débat. D'emblée, il a considéré que "l'évaluation en tant qu'instrument de développement n'a pas été conséquente et de ce fait, il devient impossible de progresser et les quelques tentatives n'ont été que fragmentaires et ceci dénote, une fois de plus, l'absence d'une culture d'évaluation. En tant que fondamentaux de développement humain, la demande en soins de qualité constitue l'une des pierres angulaires sur la santé, au même titre que l'éducation et l'emploi, un triptyque indissociable en tant que revendication citoyenne. M. Aberkane a illustré son argumentaire par le fait que le ministère de tutelle a changé maintes fois d'appellation qui démontre que la méthode de gestion de la santé dans le pays était approximative et, par conséquent, l'orientation du débat et des perspectives d'action à différents niveaux. Par ailleurs, le conférencier a abordé la question du déficit informationnel entre les différents niveaux en donnant l'exemple du drame de Oued El Abtal, cette localité de la wilaya de Mascara, qui a vécu un drame du décès de 6 nouveaux-nés suite à un acte délibéré d'un paramédical qui a injecté un produit toxique et les preuves matérielles du crime n'ont été possibles qu'avec le recours à des données qui ont permis d'appréhender l'auteur. Poursuivant son diagnostic, M. Aberkane a estimé que les différentes revalorisations salariales et les motivations financières n'ont pas eu l'effet escompté en matière d'amélioration de la qualité des soins. En clair, selon lui, cet objectif ne peut être réalisé que si un débat franc est engagé pour déceler objectivement les différentes carences dont souffre la santé. Notons, enfin, que durant la rencontre, d'autres interventions, intéressantes les unes que les autres, ont servi de base à un riche débat général.