Les travailleurs d'Algérie Poste de la wilaya de Constantine, ont déclenché, hier matin, une grève ouverte, «jusqu'à satisfaction de nos revendications socioprofessionnelles», nous ont déclaré hier des grévistes rencontrés au niveau de la poste centrale. Contacté hier à son bureau, implanté au sein de cette structure, M. Bahi Abdelouahab, secrétaire régional du syndicat d'Algérie Poste de Constantine, nous a informés tout d'abord, que les travailleurs en sont arrivés à cette dernière solution parce que le retard «cumulé dans la satisfaction de la plateforme de revendications, qui a été présenté une première fois au mois de juillet 2012, a engendré un mécontentement de l'ensemble des travailleurs». Dans la plateforme de revendications adressée à leur directeur général, dont nous détenons une copie, les travailleurs d'Algérie Poste indiquent que la convention collective n'a jamais été appliquée depuis la création de l'entreprise. Le document place en tête d'une liste de 9 points de revendications l'indemnité d'intéressement 2011 qui n'a pas été versée aux travailleurs. Viennent ensuite 8 autres points d'ordre salarial et socioprofessionnels. Un groupe d'agents grévistes rencontrés, hier, à la grande poste de Constantine, surtout ceux venant d'El Khroub, a mis un accent particulier sur l'absence criarde des conditions de sécurité dans lesquelles travaillent les bureaux de Poste. «80 % des bureaux de poste de la wilaya ne sont pas dotés de clôtures, et sont dépourvus de toute mesure de sécurité alors qu'ils manipulent journellement des milliards en espèces», nous ont-ils expliqué, avant de rappeler le cas du receveur du bureau de poste d'El Khroub Nord, assassiné il y a deux ans de cela par des cambriolaurs. «Et l'actuel receveur a failli y passer lui aussi dernièrement», a ajouté un membre de ce groupe de postiers, qui se sont attachés ensuite à décrire les conditions déplorables dans lesquelles ils effectuent leur «travail harassant, sous la pression insoutenable d'un public indifférent à leurs difficultés». Revenant vers midi pour avoir des informations sur le déroulement de ce débrayage soudain qui a surpris et mis en colère beaucoup d'usagers, plus particulièrement ceux qui avaient besoin de retirer leur salaire en cette fin de mois, ou encore ceux qui ont besoin d'argent pour passer les fêtes de fin d'année, M. Bahi nous a assuré que le taux de participation dans les 63 bureaux de poste de la wilaya, et les 6 centres régionaux qui englobent un chiffre de 13OO travailleurs, qui a été enregistré à la mi-journée, était de 90 %. Il nous informera dans la foulée que la directeur général d'Algérie Poste a délégué un un directeur central en mission à Khenchela, pour se déplacer dans la ville des ponts, prendre contact avec les représentants des grévistes et le représenter dans les discussions qu'il engagera avec eux au cours d'une réunion prévue cet après-midi à la direction régionale d'Algérie Poste de Bellevue. «Nous allons discuter de tous les problèmes soulevés par les grévistes et la direction générale cherche, bien sûr, à stopper le débrayage qui, selon toute évidence ne porte pas uniquement préjudice au citoyen mais aussi à l'entreprise», a commenté le SG du syndicat régional d'Algérie Poste M. Bahi. Et ce dernier d'ajouter «sans parler de la situation catastrophique dans laquelle se trouve notre entreprise (manque d'effectifs, ameublement désastreux, etc), commença-t-il, de certains services qui auraient dû arrêter bien avant, il est évident que l'absence de répondant de notre direction générale est pour beaucoup dans le déclenchement de cette grève. Aussi, nous souhaitons que notre DG prête une oreille attentive aux problèmes des travailleurs, qu'il nous envoie des agents qui écoutent et lui fassent parvenir le message sans que celui-ci soit édulcoré. Nous avons toujours cherché à évité la grève. Mais des secteurs cherchent manifestement à casser Algérie Poste parce que, disons-le, s'il y a une volonté sincère de dialogue avec notre syndicat d'entreprise, on ne serait pas arrivés là», a-t-il estimé, ajoutant que les décisions prises par le directeur général avec le syndicat national n'ont jamais été appliquées à la base.