En moins de trois semaines, la force militaire française déployée au Mali dans le cadre de l'opération «Serval» est parvenue à chasser les groupes armés terroristes de pratiquement l'ensemble des villes et localités qu'ils contrôlaient au Nord-Mali. Les pertes subies par ces groupes armés sont affirme-t-on lourdes. Entre la bataille de Konna et les bombardements qui ont ciblé les villes qu'ils occupaient, ils auraient perdu au moins deux à trois cents combattants et même quelques chefs de guerre. Ce à quoi s'ajoute pour eux la destruction d'une partie appréciable de l'armement lourd et du parc véhicule dont ils disposent. Pour autant, il ne faut pas s'empresser d'affirmer que le moment du «dernier quart d'heure» a sonné pour ces groupes armés terroristes, car le gros de leurs éléments est maintenant dispersé dans l'immensité du Nord-Mali et moins vulnérable aux raids de bombardement de l'aviation française. Il ne faut pas être grand stratège militaire pour se rendre compte qu'ils ont décroché pour éviter l'anéantissement mais qu'ils reviendront à la charge en un point ou en un autre du Nord-Mali où ils pourront s'en prendre à leurs adversaires sans risque d'être préalablement repérés. C'est dire que la véritable reconquête du Nord-Mali n'est pas un objectif qui va être réalisé en quelques semaines. Pas même en quelques mois. De cela, le président François Hollande qui a ordonné l'opération «Serval» en a pris conscience. D'où le déploiement tous azimuts de la diplomatie française pour assurer à la force d'intervention française les soutiens internationaux militaires et logistiques indispensables pour éviter à la France de se retrouver piégée seule dans une guerre d'usure appelée à durer longtemps. Le forcing diplomatique français n'est pas payant à la troisième semaine de l'intervention. Paris a reçu des satisfecit plus ou moins chaleureux pour sa décision de répondre à l'appel au secours des autorités maliennes. Mais pas grand-chose de leur part en termes d'engagement pratique si ce n'est la mise à disposition de l'armée française de quelques avions de transport de troupes et sanitaire. Ses alliés africains font ce qu'ils peuvent et qui n'est pas beaucoup pour accélérer le déploiement au Mali des contingents militaires qu'ils ont décidé d'intégrer dans la force d'intervention appelée à opérer sous le patronage de la CEDEAO. Quand elles ont lancé l'opération «Serval» les autorités françaises ont déclaré qu'elle «durera ce qu'elle durera», mais avec l'espoir que la dynamique de leur intervention ferait que les militaires français ne seront pas contraints de rester longtemps au Mali. Mais à qui passeront-ils le relais sans risque de voir remis en cause le résultat enregistré par l'opération «Serval» ? A l'armée malienne qui n'a de force combattante que le nom et qui plus est n'est préoccupée qu'à tirer vengeance de populations du Nord-Mali qu'elle accuse en raccourci d'avoir fait cause commune avec les groupes armés terroristes ? A la force africaine de la CEDEAO dont l'efficacité opérationnelle est sujette à caution pour l'ensemble des experts militaires et à laquelle il sera difficile de gagner la sympathie populaire au Nord-Mali faute de connaître la véritable nature du conflit qui oppose dans cette région ses habitants au pouvoir central malien? Tout juste installé à l'Elysée, François Hollande a sorti la France du bourbier afghan, mais pour quelques mois plus tard l'engager dans une opération militaire au Mali qui même motivée par des mobiles qui ne sont pas d'ordre néocolonialiste n'a pas provoqué l'élan de solidarité international espéré par lui et va conduire le pays à l'enlisement dans les sables du Sahel.