L'ambiance était sacrément chaleureuse mardi matin à l'école «Pasteur» filles (située près de la Sûreté de wilaya). Dans cet établissement scolaire, bâti durant l'époque coloniale, tous les membres de l'Association nationale pour l'insertion scolaire et professionnelle des trisomiques (ANIT), section Tlemcen, présidée par Mme Dali Youcef (pharmacienne), ont assisté pour inaugurer la première école pour les trisomiques de la wilaya. «C'est un grand moment pour nous, je remercie tous les membres du premier noyau de l'association qui a été créée le 13 avril 2012. Je remercie la direction de l'Education, l'ANIT d'Alger et M. Djelloul Megnounif qui nous a beaucoup aidés et mis à notre disposition des locaux à Chetouane pour le lancement de l'école préparatoire pour les enfants âgés de 2 à 6 ans qui sont encadrés par des spécialistes en orthophonie, psychomotricité, hygiène de vie, éveil. Nous avons envie de dire à des familles qui ne nous connaissent pas de ne pas avoir peur, qu'il y a vraiment des possibilités d'évolution des enfants trisomiques», martèle Mme Dali Youcef, au cours de son intervention devant des parents de trisomiques, membres de l'association, médecins et des représentants de l'Action sociale, police, CFPA et de l'académie. Et d'ajouter: «Cette école nous sera très utile pour la scolarisation de trisomiques à partir de 6 ans en milieu scolaire ordinaire. «Pour sa part, le Dr Hassar Mohamed (médecin généraliste) et membre de cette association, a souligné que: «La prise en charge des trisomiques 21 doit toujours être conduite dans l'objectif de permettre une meilleure insertion sociale, scolaire et professionnelle. Nous ferons tout pour une meilleure prise en charge des problèmes médicaux et notamment au traitement des malformations cardiaques et des infections pour augmenter l'espérance de vie. Un suivi psychologique adéquat ou un accompagnement particulier peut être proposé à des périodes de changement ou devant des manifestations dépressives ou des modifications de comportement mais aussi dans les situations d'insertion sociale, scolaire et professionnelle». Ainsi, tout est mis en oeuvre pour que les trisomiques puissent acquérir de l'autonomie et communiquer avec autrui. Lors de notre visite de cette nouvelle école de trisomiques «Pasteur», nous avons rencontré M. Omar Brixi, qui a mené un grand combat pour le bonheur de son fils trisomique Hichem. En effet, depuis que Hichem est né, il y a 10 ans de cela, son père Omar Brixi se bat pour améliorer son quotidien et rendre sa vie la plus heureuse possible. Inscrit depuis l'âge de 8 ans dans un centre d'handicapés lourds, Hichem se trouve confronté à un problème de taille et n'arrive pas à avancer. «J'ai fait le parcours du combattant pour l'inscrire dans un établissement, hélas, c'était impossible. Aucun directeur n'admet un enfant trisomique dans son école. Personne n'était conscient du problème. Moi je savais que mon fils était intelligeant», explique son père Omar. Mais depuis l'ouverture d'une classe pour les enfants trisomiques à l'école de filles «Pasteur», ce mois de janvier, son rêve de voir son enfant scolarisé s'est concrétisé. Hichem est entouré de deux psychologues (encadreurs), et surtout, étant parmi 11 autres enfants trisomiques «de son niveau, il bénéficiait du meilleur équilibre possible. Tout est mis en oeuvre pour qu'ils puissent acquérir de l'autonomie et communiquer avec autrui. Je suis sûr que le travail accompli depuis la rentrée de janvier dans l'enceinte de l'école porte ses fruits d'ici 3 ans. C'est surtout grâce à Mme Dali, que je remercie beaucoup et qui s'est battue jusqu'au bout, avec toute son énergie, pour trouver une classe aux enfants trisomiques de Tlemcen. Elle a prouvé que ces enfants ont le droit d'exister», ajoute-t-il. L'école «Pasteur» filles, qui est bien connue pour la qualité de son enseignement, est le seul établissement de la wilaya de Tlemcen à avoir mis en place un tel dispositif, qui accueille à ce jour onze élèves trisomiques. La trisomie 21, fortement handicapante pour le porteur, est l'une des maladies génétiques les plus répandues, touchant en moyenne une naissance sur environ 800 (tous types de grossesse confondus). A noter que 30 écoles sont ouvertes pour les trisomiques en Algérie (424 enfants scolarisés).